1. Tout est ou

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Dans le hall matelassé d'une cellule psychiatrique on lui aurait tenu l'épaule. Ici, quelqu'un l'a dénoncé à voix basse. Cet homme a dit la chose suivante :

- Devant un magasin de télévisions. Il se tape la tête contre la vitre.

Les écrans noirs, la matière noire derrière sa tête cognée, et lui il continue de dire, de dire, de dire des sons branlants, de dire de la salive. Les seuls mots qu'il connaît : tout est ou... 

Partout, à cause de la réverbération : la foule est à voix basse. On baisse des rideaux de fer. Personne n'ose approcher ce garçon mais, bientôt, c'est tellement prévisible, deux officiers noirs viendront l'emporter en lui mettant des poings sous les aisselles. Il répète tout est ou...

- Tout est ou quoi ?

Ce n'est pas moi qui parle, c'est quelqu'un. Bajir s'est extrait du ciment et il s'est approché. Il a pu traverser la nuée de la foule et le banc de brouillard. Voilà, l'épaule finalement. Ils sont deux. Et il est probable que la foule les regarde s'éloigner ainsi. 

BajirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant