22- Feu d'artifice

4.1K 155 49
                                    

-Lidia, tu m'écoutes ? me réveille soudainement une voix chaleureuse et forte, résonnant dans la grande pièce.

-Oui pardon, excuse-moi, balbutiée-je en reprenant mes esprits.

En cette nouvelle matinée de juillet, annonçant très bientôt les vacances scolaires, nous avons décidé avec Regina —après de longues semaines— de nous revoir pour organiser notre départ. La jolie brune est assise à côté de moi sur le canapé, ordinateur portable sur les genoux. Cette dernière a sur le bout du nez ses lunettes aux formes rectangulaires qu'elle ne porte que très rarement. Lorsque je suis arrivée dans sa demeure, la brune avait l'air préoccupée, voire soucieuse. Est-ce peut-être le fait que l'on se revoit ? Sincèrement, je ne pense pas, il lui en faut beaucoup plus pour être troublé. Après m'avoir dégelé de son timbre chaud, c'est à l'aide d'un petit coup de coude dans le bras qu'elle m'indique de regarder l'écran.

-Donc je résume : chalet situé dans les montagnes loin de la circulation, une cuisine aménagée, un salon et une piscine couverte dans le jardin. Pour l'étage nous avons deux salles de bains ainsi qu'une toilette et les trois chambres, dont une avec deux lits. Tout te paraît bon ? demande la jeune femme en tournant sa tête dans ma direction.

-C'est parfait, souris-je grandement.

-Bien. Je vais réserver notre séjour.

J'acquiesce simplement avant de me lever —en ajustant correctement ma robe— pendant que Regina s'occupe des dernières formalités.

-Je peux ? l'interrogée-je en pointant la cheminée.

-Bien sûr, répond-elle après m'avoir toisé un instant.

Je m'avance lentement jusqu'au mobilier de pierre incrustée dans un coin du salon, pour regarder de nouveau avec attention les nombreux cadres photo posés. Mes yeux se perdent sur un portrait d'un homme d'une quarantaine d'années. Celui-ci avait des cheveux châtains bouclés tombant sur son visage, de beaux yeux bruns perçants ainsi qu'un grain de beauté, similaire à celui de ma collègue, juste au-dessus de sa moustache parfaitement taillée. Je m'attarde encore un moment dessus avant de dire d'une petite voix :

-Il était comment ton père ?

La brune prend quelques secondes avant de fermer son ordinateur, le posant sur la table basse avec sa monture repliée.

-Le meilleur que je pouvais avoir, elle se lève en se mettant à mes côtés, prenant le cadre en question dans ses mains. Il était doux, aimant envers ma mère et moi. Il faisait tout pour que je sois heureuse en travaillant jour et nuit sur ses articles. Il m'encourageait dans ce que j'accomplissais, me rassurait quand j'avais peur de l'orage qui grondait la nuit, m'amenait discrètement sans ma mère pour aller dans les forêts et bien plus encore, raconte-t-elle en passant son pouce sur le visage de son père, munit d'un petit sourire aux lèvres.

-Tu ne pouvais pas y aller ?

-Non. Ma mère préférait que je révise mes cours et que j'apprenne à devenir une «vraie femme», comme elle disait.

-Tu étais quel genre de petite fille, toi ?

-Très studieuse, comme ma mère me l'obligeait. Mais sinon à part ça, un peu comme toutes les autres je pense : je jouais avec différents jeux d'enfants et passais la plupart de mon temps à lire. Et toi ? demanda-t-elle en reposant le cadre et en partant s'asseoir dans le canapé, une jambe pliée sur l'autre tendue.

-Un peu comme toi je dirais, dis-je en la rejoignant. À part peut-être que Lithan n'arrêtait pas de m'embêter lorsque j'étais tranquillement dans mon coin, mais ce n'est qu'un détail..., rigolé-je doucement, suivi par la brune.

L'amour à quelques larmes de toiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant