Ego de mâles

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Je me retrouve seule sur ma ligne de buts, avec les sept joueurs de champs, mon mec compris en face, deux mètres en retrait de la ligne des 16 mètres. Aaron, lui, est resté derrière la ligne de jeu, à droite des buts. Silencieux lors de mon début d'entrainements, je suis surprise de l'entendre me conseiller.

- Maintenant, tu connais les trois premiers et leur manière de tirer ; mais la prochaine fois, ils tireront plus fort.

Je me retourne et lui souris.

- J'espère bien, sinon je vais m'endormir, réponds-je crânement.

Il me renvoie un sourire.

- Clément n'est pas très précis et ses frappes ne sont pas trop fortes et souvent à mi-hauteur, tout comme Evan. Ce sont des défenseurs, poursuit-il.

- Mais garde l'œil ouvert ajoute-t-il en rigolant. Amir a le même niveau que Tiago, et il place bien les ballons au ras des poteaux et dans les angles. Victor a une frappe puissante, pas d'effet mais ce sont de vrais boulets de canon. Pour Aaron...

- Je sais comment il tire. Ne t'inquiète pas, rétorqué-je.

En réalisant le double sens que pouvait avoir « je sais comment il tire », surtout avec les mecs et leur libido débordante, j'ajoute rapidement :

- Forte, brossée et dans les angles.

Me rappelant ses matchs auxquels j'assistais comme spectatrice dans les tribunes. C'était lui qui se chargeait de tirer les coups francs. L'effet qu'il donnait à la balle permettait de contourner le mur de joueurs devant lui et d'arriver très près des poteaux. Peu de gardiens de buts étaient arrivés à arrêter ses tirs. Même Aaron avec son 1m85 se trouvait souvent impuissant à sauver ses buts lors des entrainements.

- Je vois que tu le connais bien, dit-il d'une voix amusée.

- Pour Eliott, ne t'embête pas, j'irai chercher la balle, poursuit-il dans un rire.

Je ne peux m'empêcher de sourire à sa blague, même si elle n'est pas sympa vis-à-vis d'Elliot.

Après tout, nul n'est parfait et Eliott a d'autres qualités, hors du monde du foot.

Clément réclame le ballon à Evan qui lui passe aussitôt. Il me fait un signe de tête pour savoir si je suis prête. Je hoche la tête et me campe deux mètres devant ma ligne, jambes écartées et pliées, en sautillant.

Je fais le vide, me concentrant sur le ballon. Clément recule de quelques mètres et s'élance. Le ballon arrive vite avec une trajectoire tendue et à mi-hauteur sur ma gauche.

Je me détends la main gauche tendue, le regard sur le ballon. Les tirs à mi-hauteur sont du pain béni, plus faciles à stopper et mettent en valeur les plongeons des goals.

Je garde la main ferme malgré l'impact du ballon et le repousse de ma ligne de buts. A peine au sol, que d'un coup de rein, je me relève et me jette sur lui quand il rebondit. A plat ventre dessus, je le bloque définitivement entre les bras.

Je ressens comme une décharge électrique remontant tout le long de mon dos. Elle n'est nullement douloureuse, bien au contraire, mais bien plaisante. L'effet de l'adrénaline, je pense.

Et c'est de nouveau des applaudissements nourris de l'ensemble des joueurs et des cris de joie de mon amie sur le bord de touche. Je rougis.

- Bel arrêt, Vanessa !

J'entends ces paroles d'Aaron qui me touchent vraiment. Une reconnaissance de gardien à gardien, et surtout de la part d'un bon goal, fait un bien fou et me rebooste.

A peine, je leur renvoie la balle qu'Amir s'en empare d'autorité. Victor et Nathan se mettent en retrait, attendant leur tour. Les autres, moins forts dans les tirs aux buts, s'écartent plus franchement. Cela va être plus intense et plus sérieux encore dans les prochaines frappes.

Il est gaucher et après une course plus longue, il tape de l'extérieur du pied, cette fois-ci sur ma droite. La balle file avec un effet incroyable au ras du sol. J'effectue deux pas chassés rapides et je plonge le bras et la main tendue. Je sens le ballon toucher mes doigts en même temps que ma hanche et mon torse heurtent le sol. Emportée par mon élan, je roule sur le côté. Désorientée, j'essaye de voir où se trouve le ballon.

Même si je ressens une douleur sur le côté droit, je me relève en cherchant la balle. Mes yeux balayent, avec anxiété, le fond des filets jusqu'aux poteaux. Puis plus à droite encore, et une vague de soulagement m'envahit ; elle se trouve sous la semelle d'Aaron, à l'extérieur des buts.  J'ai dévié le ballon hors de mes cages.

Il me dit en souriant et en levant le pouce :

- Super, Vanessa !

Un sourire s'affiche sur mon visage pour le remercier de ses paroles, qui font de l'effet pour ma motivation.

Hurlements toujours aussi intenses de Leila et applaudissements de Nélya. En revanche, ils sont plus rares et moins sonores du côté des autres joueurs, exception d'Aaron. 

Je crois que l'égo des mâles en a pris un coup. 

Le visage est plutôt crispé pour Amir et Clément. Le visage d'Elliot est plus narquois, il jubile de voir les échecs de ceux qui se moquaient de lui.

J'observe Nathan, et je ressens un pincement qui me fait plus mal que le choc reçu au niveau des côtes. Mon petit ami n'a témoigné aucun encouragement ; son visage semble être figé et froid. 

LA GOALOù les histoires vivent. Découvrez maintenant