La Chambre des Fumées

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À l'intérieur, pas grand chose.

Juste du brouillard. Épais, il aveugle complètement ta vision.

Tu tentes d'entrevoir la pièce mais tu ne vois vraiment rien.

Tu avances alors prudemment, pas à pas, en faisant attention à ne rien heurter sur ton passage.

Tu avances, tu avances, jusqu'à ce que tes mains rencontrent un mur. Tu le parcours et n'y trouves rien de particulier.

Tu en conclus rapidement que derrière cette porte qui te semblait pleine de dangers, il n'y a absolument rien.

Si ce n'est cette fumée colorée qui commence à apparaître au niveau de tes pieds.

Peu importe, tu fais demi-tour. Tu réussis à trouver la porte d'entrée et vas pour l'ouvrir.

Alors que tu t'apprêtes à attraper la poignée, tu recules brutalement lorsque tu poses le regard sur ta main.

Sous le choc, tu tombes à terre. Instinctivement, tu lèves les mains vers ton visage et t'affoles face à ce que tu vois : tes mains sont devenues complètement grises.

Tu regardes tes bras, tes épaules, ton ventre, tes jambes, tes pieds : tout s'est dénué de couleurs.

Dans ton esprit c'est la panique.

Que se passe-t-il ?
Qu'est-ce que c'est que cet endroit ?

Un bruit suspect te fais te retourner et tu aperçois dans la fumée une silhouette qui se forme et surgit devant toi. Tu es tétanisé à la vue de cette forme anthropoïde qui naît sous tes yeux.

Elle grandit de plus en plus et te dépasse maintenant de trois têtes. Tu essayes de trouver la force de reculer mais tu es paralysé par la peur.

Malgré l'épais brouillard qui persiste, la silhouette t'apparaît clairement.

Gigantesque. Monstrueuse. Rougeâtre. Effrayante.

Elle flotte devant toi, et finit par ouvrir les yeux.

Elle te regarde.

Longtemps.

Soudain, elle bondit sur toi. Sans réfléchir, ton corps se met en positon de défense, les bras devant toi, prêt à parer le choc, mais alors que la créature fonce sur toi, tu ne sens presque rien, juste une sensation brûlante dans ta poitrine.

Tu ne comprends pas. Tu étais sûr qu'elle était sur le point de te rentrer dedans. Elle aurait du te pousser, te faire tomber ou au moins te faire mal.

Tu regardes tout autour, cherchant la créature et la retrouve juste derrière toi. En mouvement, elle s'arrête et fond dans la fumée de la pièce : elle disparaît.

Mais tu n'as pas le temps qu'une pensée te traverse l'esprit, que dans l'air apparaissent maintenant plusieurs autres créatures similaires de couleurs différentes.

Une jaune, une bleue, une verte...

Des dizaines de formes humanoïdes s'élèvent alors et se dirigent vers toi.

Une par une, elles foncent vers toi et comme des fantômes, te traversent le corps et laissent chacune, sur ton cœur, une marque. Tu ressens tout : peine, joie, colère, peur, angoisse, et rire.

Tout va trop vite. Tout t'attaque. Tu respires à peine.
Tu n'arrives plus à bouger, ni même à ouvrir les yeux.
Ceux-ci sont emplis de larmes qui n'arrivent pas à s'arrêter de couler. Elles inondent ton visage.

Tu sens tous ces fantômes qui passent à travers toi en continu, sans répit.

Tu satures, c'est intenable.
Tu tombes au sol.

Alors que tu commences à partir, la porte, qui se trouve derrière toi, s'ouvre brusquement et un puissant souffle de vent dégage la fumée de la pièce. Les créatures reculent. Tu reprends tes esprits et regardes autour de toi.

Désormais tu arrives à distinguer la pièce : elle est entièrement faite de verre. Les murs, le plafond et le sol sont transparents.
Cela te permet de voir les pièces d'à côté.

Derrière toi tu reconnais la grande salle dont tu viens.

Devant, un couloir appartenant un ce qui semble être un musée ou une exposition d'art, décoré de nombreux tableaux et statues.

Au dessus, une bibliothèque.

En dessous, un hôpital.

À droite, tu aperçois un grand lac traversé par un pont. Il s'agit d'une clairière entourée d'arbres. Tu comprends qu'il est fort probable qu'il s'agisse de la pièce accessible grâce à l'une des portes de la grande salle.

À gauche, une autre pièce, sombre, éclairée par des flambeaux. Elle émane quelque chose de mystérieux.
Alors que tu l'observes intensément, tu crois apercevoir une silhouette dans la pénombre.

Pendant que tu découvres tout cela, les créatures de fumées se reforment et reviennent à la charge.
Tu t'en rends compte et cherches quelque chose qui pourrait t'aider à t'en débarrasser.

Au sol, tu trouves et récupères une fiole toute grise, sur laquelle se trouve une étiquette avec à l'avant un symbole de masque de théâtre, et à l'arrière un message :

« Utilise-moi. »

Tu retires instinctivement le bouchon qui la maintient fermée.

Comme par magie, la fiole se met alors à aspirer toute la fumée restante de la pièce, les créatures malveillantes avec.

Quand tout disparais tu refermes la fiole.

Tu es soulagé.

Tu gardes la fiole dans ta main et sors de la pièce par la porte qui était restée ouverte en te dépêchant.

Mon ombre est mon plus net refletOù les histoires vivent. Découvrez maintenant