Préparation de la fuite.

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C'est le fidèle et aimant Fersen qui sera, sous la direction de Marie-Antoinette, la cheville ouvrière des préparatifs du départ. Les difficultés à surmonter sont immenses. S'infiltrant de nuit aux Tuileries, Fersen organise avec la reine tous les détails de la fuite, en évitant soigneusement d'éveiller les soupçons d'espions de la Révolution qui peuple le palais, tels des serviteurs ou des valets. Il a été prévu à l'origine deux carrosses plutôt léger, l'un avec le roi et et le comte de Provence, l'autre avec la reine et les enfants. Mais le roi refuse tout net cette séparation. Il faut donc faire construire un carrosse plus important, capable de contenir six à huit personnes et ce, en toute discrétion. Fersen le fait mettre en chantier, au nom d'une baronne russe de ses amies, Madame de Korff, au motif qu'elle rentre chez elle à Moscou avec toute sa famille. En outre, toujours en vertu de cette fameuse étiquette, il n'est pas question de se défaire de quelques affaires indispensables. Il faudra donc un toit capable de supporter de lourdes malles, de la vaisselle d'argent, une réserve pour des bouteilles et même un réchaud pour les collations ! Bijoux, lettres, argent liquide, billet a ordre et autres menus effets ont déjà été envoyés depuis longtemps en Belgique par des malles-poste spécialement affrétées.

Un tel carrosse ne peut être tiré par deux chevaux: il en faut huit au minimum. Ce détail ne pourra que soulever des interrogations dans les relais où il faudra s'arrêter pour changer les montures ! Disons le tout net, la famille royale ne met pas beaucoup de chance de son côté ! Et l'escapade, naturellement coûte fort cher. Là encore, c'est le fidèle Fersen qui va tenter de soulever les fonds nécessaires à une pareille entreprise. Il sollicite les cours étrangeres, mais elles font la sourde oreille. Dès lors, Fersen se voir obligé de faire des emprunts à quelques riches, sans en dévoiler la raison, emprunts qu'il garantit lui même. Avec cet argent, il fait construire le carrosse, mais aussi tailler des vêtements de "bourgeois " qu'il introduira en catimini au palais mais fait aussi établir de faux passeports. Ce plan d'évasion est mis au point, jour après jour, lors de long conciliabules nocturnes avec la reine.

Il faut aussi une troupe capable de protéger la famille royale, au cas où sa fuite serait découverte. On trouve l'homme pour la commander, un fidèle permis les fidèles, le général Bouillé. Mais cette troupe risque d'être voyante, surtout si elle se déplace sans raison apparente. Fersen pense donc faire masser à la frontière de l'Est un détachement autrichien, celui de Bouillé étant alors censé se porter dans cette direction pour prévenir une attaque ennemie ! Au bout de six mois, le plan de Fersen et de la reine est prêt, le départ peux avoir lieu. Et il n'est que temps ! Le moindre soupçons, la moindre indelicatesse, le plus petit indice peuvent faire capoter l'entreprise !

Marie-Antoinette.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant