Chapitre 2: les Adieux

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Je reste impuissant face à cette annonce, si bien que c’est Césaria qui me ramène à la réalité. Tout le monde s’écarte autour de moi pour me laisser passer jusqu’à l’estrade, ce que je fais. Elle m’invite à gravir les marches pour la rejoindre mais je me sens mal, très mal. Chaque marche est une souffrance, mes jambes ne réagissent plus jusqu’au moment où une chose me vient à l’esprit : si je ne continue pas, les autres tributs verront que je suis faible et ils m’abattront donc très vite. Il faut que je sois fort pour paraitre redoutable. Cette pensée me suffit pour me reprendre et je rejoins Césaria.

-Passons maintenant au tribut femelle ! Déclare-t-elle.

Elle s’avance cette fois vers la boule des filles, tire le papier et annonce :

-Zohé Powell !

Je ne connais pas cette fille. Heureusement, j’aurai moins de difficulté à l’abattre si l’occasion se présente. Je la vois s’immobiliser et se mettre à pleurer toutes les larmes de son corps puis elle suit le même chemin que moi pour arriver jusqu’à l’estrade, elle a seize ans. J’ai de la peine pour elle, finalement. En la voyant comme cela, je ne suis pas sûr de pouvoir la tuer, ni même de tuer qui que ce soit. Césaria demande au public de nous applaudir, ce qu’il fait. Puis elle nous invite à nous serrer la main. En voyant Zohé de si près, je me rends compte qu’elle est magnifique, je n’ai pas d’autres mots pour la décrire. Après un dernier regard vers la foule, un groupe de pacificateur, les gardes qui surveillent les districts, nous escorte tous les deux à l’intérieur de l’hôtel de ville, chacun dans une salle différente. Marius le chef des pacificateurs m’explique alors :

-Les personnes de ta famille et tes amis viendront te voir pour te dire au revoir, ils auront une minute chacun !

Je trouve qu’une minute n’est pas suffisant pour dire au revoir, mais je suis quand même heureux car je pensais que j’irais directement prendre le train sans pouvoir faire mes adieux à quiconque.

Les première personne qui rentre sont ma mère et ma sœur qui dès qu’elles me voient, se jettent sur moi pour me prendre dans leurs bras.

-Tu as intérêt à gagner, commença ma sœur. Sinon je te jure que je te tue !

-Finnick… continua ma mère, j’espère que tu reviendras, mais je voudrais juste te dire que ta sœur et moi nous t’aimons et nous t’aimerons toujours, peu importe ce qui se passe et ce que tu fais une fois dans l’arène.

-Moi aussi je vous aime de tout mon cœur. Et toi, Cynthia, ma sœur, je peux te garantir que je reviendrais, et tu verras je serais plus fort que toi pour les exercices de survis.

Un pacificateur ouvre grand la porte, entre, et m’arrache ma famille en annonçant que le temps imparti est fini. Je fais un ultime câlin à ma sœur et à ma mère puis elles quittent la salle. Je suis très triste car je sais que je ne les reverrai sûrement jamais, je n’ai que quatorze ans, jamais un tribut de mon âge a gagné les Hunger Games.

Une nouvelle personne fait son apparition dans la salle, Célia. Je la vois s’approcher de moi avec les mains qui tremblent et les larmes aux yeux. Elle rapproche sa bouche de mon oreille et me glisse ces mots :

-Je t’aime.

Ces mots me suffisent, je la regarde droit dans les yeux et l’embrasse. Ce n’est pas mon premier baiser, mais celui-ci est de loin le meilleur. Je sens la chaleur de ses lèvres contre les miennes, c’est l’un des moments de ma vie que j’apprécie le plus. Mon cœur bat très fort dans ma poitrine, je pourrais presque l’entendre battre. Mais ce bonheur est de courte durée, le pacificateur rentre et me retire Célia des bras. Je fonds en larmes. Je la vois s’éloigner puis la porte se ferme. Je suis dévasté par ces deux premières visites.

Il me reste plus qu’une visite, celle de mon père. Il rentre, s’assoit à mes côtés sur le sofa. Il me dit alors le discours le plus surprenant auquel je pouvais m’attendre.

-Finnick, je crois sincèrement en toi, tu es rapide, lors du bain de sang cours le plus vite possible et essaye de trouver un trident, s’il y en a pas prends un épieu et dit toi que c’est comme un trident avec une seule lame.

-Mais…

-Ne me coupes pas, je n’ai pas fini. Quand tu seras aux entrainements avant l’entrée dans l’arène, ne fais pas beaucoup d’exercice de combat, tu es déjà très fort. En revanche, va faire des exercices de survie, et des exercices de reconnaissance de plantes comestibles, c’est le domaine où tu te débrouilles le moins bien.

Le pacificateur toque à la porte pour annoncer la fin du temps. Mon père me prend dans ses bras et sort. Par la suite, je suis escorté avec Zohé Powell jusqu’à une voiture qui nous attend à l’extérieur.

Pendant le voyage, nous ne nous adressons pas un seul mot bien que nous soyons à côté l’un de l’autre. Je remarque qu’elle a versé beaucoup de larmes car ses yeux sont gonflés et rouges. Mon regard se perd dans le paysage extérieur, je vois les bâtiments défiler et me dis que c’est probablement la dernière fois que je les vois. Je passe devant le restaurant  où nous allions régulièrement mes parents, ma sœur et moi. Le cuisinier est un expert pour préparer les fruits de mer.

La voiture s’immobilise, nous sommes arrivés. Je descends et une foule nous acclame, Zohé et moi. La gare, le dernier lieu de mon district que je verrai.

Tout le monde présent nous laisse passer pour rejoindre notre wagon qui nous mènera jusqu’au Capitole. Je m’apprête à monter quand je me retourne et aperçois ma famille et Célia au loin. Ils vont affreusement me manquer. Je monte pour de bon cette fois et la porte se referme.

-Adieu district quatre.

Hunger Games - Finnick OdairOù les histoires vivent. Découvrez maintenant