⚜ Chapitre 5 - Regard à l'ouïe ⚜

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Des regards qui se fixent depuis plusieurs secondes entre les deux empereurs et, après une éternité, France reprend conscience du moment et fonce devant lui en poussant même l'épaule du russe comme s'il ne l'avait jamais vu ici. Russian Empire se retourne alors vers son allié, se demandant où il allait. Il se dirigeait vers le dehors du grand bâtiment pour suivre le dirigeant français, ce dernier marchait tête basse sans exprimer aucune tristesse, aucune colère, rien d'humain. Le tsar tentait bien de lui donner des explications, de le raisonner mais France ne semblait pas entendre, il allait simplement, silencieusement vers la cour, sous le ciel grisâtre, et le russe ne faisait que le suivre mais fut vite agacé de se faire ignorer : il prit le bras du français pour le tourner vers lui et essaya une dernière fois :

"France, ne réagis pas comme un enfant. On peut parler de cet... incident, calmement comme le voudrait notre entente

- Notre entente ? Russie, quelle entente ?  Elle ne vaut rien, et n'a jamais rien valu pour toi

- Oh, aurais-je été trop fermé ? Je sais que je ne suis pas le plus facile en affaire, mais ta personnalité et tes idées folles n'aident pas à la démarche

- Russie...

- Oui-"


Et, avant même de pouvoir finir son unique mot, le slave se fait coupé par une force inattendue venue du petit français qui l'avait poussé à l'aide de ses deux mains. Russian Empire manque de tomber mais se rattrape et à peine revenu du faible choc France tente de le frapper du poing au visage, seulement le russe réussit à éviter le coup, en profitant pour prendre les poignets du français à l'aide de ses mains, ce dernier utilisait toutes ses forces pour se débattre.

"Détruis-moi ! Tu n'as que ça à faire pour vivre comme tu le souhaites avec eux !"

Dît le français avant de cogner violemment son crâne à celui du russe devant lui. Un écho douloureux raisonnait dans leurs têtes, leurs mains se sont lâchées et Russian Empire avait du mal à tenir encore debout, il grince des dents et regarde France qui, lui, tenait son visage entre ses paumes et à travers ces dernières on pouvait voir son sourire qui n'avait pas lieu d'être. Oui, il se mettait doucement à rire. Le grand slave n'aime pas ça, il commence à douter de plus en plus de la santé de l'homme devant lui, se persuadant que, à ce moment précis, le révolutionnaire n'était plus capable d'aligner une phrase.

Il contemple le spectacle quelques longues secondes avant de s'avancer vers lui, revenu de son mal de tête, pour lui prendre le menton entre ses deux doigts et force le petit français à le fixer une nouvelle fois. Toujours accompagné d'un regard impassible, il prend un ton autoritaire :

"Je ne me plierais pas à ce que ta folie te dicte. Cette petite voix, tu vas la tuer. Me suis-je bien fais comprendre ? Tu la tues, ou je me chargerai de le faire sans utiliser de doux moyens."


France regagne un air sérieux pendant au moins un bref temps mais reprend vite un petit, très petit rire sarcastique. Mais ça, ce n'était plus étonnant, non. Ce qui étonnait le russe dans la réaction du fou en face de lui c'était la lueur dans le fond de ses yeux, la minuscule larme qui se formait au coin de son œil gauche tressaillant.

À cet instant, les deux pays sentaient leurs battements mille fois plus intenses au fond de leur poitrine, chacun était plongé, concentré dans le regard de l'autre, espérant tous deux que l'autre tenterait l'impossible. Et le temps passe, le ciel se grise un peu plus chaque seconde, le temps repasse, les premières gouttes tombent...

Toujours rien, Russian Empire lâche prise sur France et les empereur s'éloigne peu à peu, la pluie se faisait plus conséquente et le plus grand jeta un œil aux Grandes portes : ses quelques gardes étaient là, l'attendaient de pieds fermes pour attendre un ordre quelconque. Un tel trajet ne pouvait pas se faire deux fois sans repos. Le grand tsar se retourne vers le petit dirigeant et tente de lui donner un sourire chaleureux pour demander à passer quelques nuits ici.

Évidemment, ce dernier accepte et l'autre homme fait signe à ses gens de venir pour débuter une installation provisoire dans la résidence parisienne. France ne savait pas encore s'il allait regretter cette invitation, sachant qu'il serait du coup temps de discuter politique et gestion et, bien qu'il était un génie dans ces domaines, il appréhendait les réponses du russe.



Tue-la

Non...

Réveille-le et montre lui sa dépouille

Jamais...

Prend-le de force, il ne restera jamais de gré

"Stop ! Assez ! Disparais, c'en est trop ! Sors d'ici, sors de moi !"

C'est au beau milieu de cette nuit que le révolutionnaire se réveille en sueur dans ses draps. Il regarde à sa gauche pour voir sa maîtresse  qui dormait mais qui bouge maintenant, réveillée sûrement par l'agitation de France. La jeune polonaise lui demande en trois mots s'il se sent bien, ce à quoi l'empereur restera muet. Il recentre son regard sur le mur de pierre en face de l'immense lit décoré, mis à part quelques respirations angoissantes la chambre est silencieuse.

Une inspiration, un soupire, une autre inspiration... l'empereur retire toujours silencieusement ses couvertures lourdes de soi, pose un pied à terre, puis l'autre, et ne prend même pas la peine de se chausser avant de marcher sur le sol glacé. Il rejoint la porte et la femme encore au lit lui demande une nouvelle fois "Que fais-tu ?". Toujours aucune réponse, la charmante Marie savait bien que l'empereur n'avait pas la tête droite en ces temps-ci alors elle ne le prit pas plus mal que ça. Elle pris quand même la peine de se lever et de suivre dans le froid nocturne son amant, se faisant un minimum discrète.

France, de son côté, continuait sa marche en laissant la femme polonaise le suivre. Il se dirigeait, encore dans sa tenue de lit dont il avait enlevé le haut, vers l'autre moitié du domaine, accessible par deux couloirs consécutifs. La nuit est sans bruit, tout ce qui raisonne à cet étage sont les pas d'un homme moitié nu, errant dans l'obscurité avec un air effrayamment déterminé et, derrière lui, une femme plus qu'inquiète.

Terreur nocturne ? Visite démoniaque ?

Envie de crime ?

Au cœur de l'EmpereurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant