⚜ Chapitre 7 - Terre calme ⚜

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Huit heures du matin, à Paris, l'empereur révolutionnaire finira son constat avec ses conseillers et autres de l'incident de la veille et ses conséquences. La matinée qui suivit cette nuit mouvementée avait hérité de sa pluie et de ses mauvaises nouvelles, en effet c'est aussi durant cette matinée que les hommages aux français tristement perdus seront rendus.

Deux heures ou la ville est dans un silence bercé par le bruit des gouttes sur le sol et les coups de feu en canon, ciel gris, pertes, et l'empereur de France est tout aussi peu expressif que le tsar qui l'accompagne. Russian Empire, quant à lui, se sent de plus en plus coupable de devoir repartir à Moscou et de laisser probablement l'instabilité de France envahir à nouveau le pays.

France, ces dernières heures avec le russe, faisait mine de ne pas être affecté par ce départ mais ô qu'il ne pouvait pas supporter, encore moins après ces derniers rapprochements, de le voir s'éloigner. Plus que tout, rien, vraiment rien maintenant ne pouvait retenir le slave de rendre visite à Prussia qui, grâce à l'Autriche, était revenue au pouvoir.

Rien, on en est certain ?

La journée passe dans un silence horrible à soutenir pour France, tant horrible qu'au bout d'une demi journée à parler affaires et gestion avec Russian Empire et quelques autres autour d'une table dont il connaissait chaque creux et ornement, entourés par des fenêtres aux rideaux à motifs vus et revus mille fois par le français, ce dernier tourne enfin le regard vers son allié russe et observe désormais son visage ; toujours froid, vide de chaleur et figé, des yeux qui... se tournent subitement vers ceux du français.

C'est précisément à ce moment que France se lève de son siège, marchant sans hésiter dans ses pas vers la porte à l'autre bout de la pièce, contournant les personnes assises qui le regardaient avec un air plus qu'interrogatif. Russian Empire faisait de même, il était resté là assis à voir le révolutionnaire partir sans dire mot. Il soupire et pose sa main sur la table pour se remettre sur ses pieds :

"Je pars le voir, aucun de mes hommes ne bouge d'ici."


Ajoutera-t-il avant de partir à son tour.

Sorti de la salle, il ne lui fallut pas bien longtemps avant de trouver le français adossé au mur épais du couloir, la tête plongé dans ses mains. Il s'avance vers lui et tente de le forcer à montrer son visage mais l'autre homme résiste, le slave soupire alors encore mais ne retire pas ses mains de celles de France et lui demande :

"Qu'y a-t-il ? Si j'ai dit quelque chose qui t'est déplaisant tu peux bien faire comme tu sais faire : te lever et crier à l'indignité. Mais maintenant, qu'est-ce qu'il y a ?

- Hors de ma vue.

- Excuse-moi ? Tu ne m'impressionnes pas, France, tu ne fais que m'inquiéter avec ce comportement.

- Hors de ma tête ! Vas-t-en, pars !"


Le grand russe commençait à douter : est-ce que le français parlait bien à lui ? Non, on ne dirait pas, pourquoi ? Parce qu'il commençait à se décoller du mur pour se heurter à la poitrine du  tsar, toujours en cachant son visage. Mais le plus grand en a marre, il veut comprendre, il a envie de le comprendre.

Oh, mais, lui-même ne se comprend pas ; quand le français décide d'enfin retirer au moins une main, laissant entrevoir son visage tremblant et ses yeux brillants, Russian Empire se penche vers lui pour connecter leurs lèvres dans le silence le plus total en coupant sa respiration saccadée. France abandonne toute force dans ses bras, libère sa face et le russe récupère ses mains. De longues secondes passent encore dans un silence agréable, utopique même, France sent ses doigts gelés entourés par ceux chaleureux de son ami et ce contact, ce contact si inattendu mais si bon, tout simplement.

Leurs lèvres se séparent pour que le français, entre la panique et le sommeil, parle :

"Elle... est partie, Russie ! Russie, elle est partie

- De qui parles-tu ?

- Oh, oublie-ça, tu devras partir aussi de toute façon...

- Je reviendrais... ou tu viendras avec moi ?

- Non, Russie je ne peux pas-"


On ouvre la porte de la salle d'à côté soudainement, les deux pays se séparent et regarde de qui il s'agit : le bras droit de l'empereur français. Les trois hommes se regardent, concernés, et le nouveau venu retourne dans la pièce sans dire mot. France retourne son regard vers celui de Russian Empire l'air inquiet, mais ce dernier lui donne l'impossible : un sourire. Le petit français voit son cœur traverser sa poitrine à chaque battement alors que le russe retourne dans la salle où ils étaient il y a peu.

Enfin rassuré, mais pour si peu de temps, pauvre petit révolutionnaire dérangé !

Car oui, Russian Empire et ses soldats devaient retourner à Moscou, les saluts ne pouvaient être aussi passionnés que ce baiser, mais ce dernier allait peut-être garder France debout encore un moment jusqu'à la prochaine fois, jusqu'à ce jour, comme il l'imagine, où les deux grands pays fonderont une terre commune. Il n'était pas convaincu que ça arriverait mais essayait du moins de s'en persuader pour avoir un espoir auquel se rattacher, c'est important quand les prières ne suffisent pas à faire changer Dieu et que l'épaule sur laquelle on saigne est absente.


France, peu après le départ du russe, retourne s'occuper d'un nouveau problème plus récent et alarmant que le vol de la Dame de Prusse ; les révoltes espagnoles. L'Espagne avait repris la moitié de son territoire et, à Paris, on hésitait entre deux choix : continuer de calmer à coups de fusil les petites terres isolées en révolution ou redonner la couronne d'Espagne pour éviter plus de pertes du côté français, quitte à s'asseoir sur les ressources de l'ouest. Il y avait encore tant de choses à battre pour garder l'honneur de l'empereur.

Oh mais la France est forte, n'est-ce pas ?

Au cœur de l'EmpereurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant