⚜ Chapitre 10 - Le beau mensonge ⚜

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Á Saint-Pétersbourg le calme règne aussi bien que le froid le fait en ces temps, une sérénité que le tsar redoutait ; dans la mère patrie, le calme avant la tempête est courant.

Seul dans cette demeure pleine de vie qui ne l'intéresse pas, dans une chambre, Russian Empire retrouve un regard plus enfantin et mélancolique sur le dehors enneigé qu'il entrevoyait à travers les lourds rideaux. Étonnamment, le grand russe voyait, sur son reflet de la vitre, un sourire se dessiner sur son visage, il savait pourquoi ce sourire. Sentant son cœur résonner de plus en plus fort dans sa poitrine, Russian Empire entendra même un ricanement discret échapper ses lèvres en se rappelant de ce moment si intime qu'il eu avec lui, ce moment qui lui semblait si proche et lointain en même temps.

Tristement, toutes ses pensées et émotions ne rendront le tsar que moins rassuré : ce n'était - et n'importe qui le connaissant en serait bon témoin - pas dans ses habitudes, pendant un temps les sentiments étaient les grands absents dans ce cœur, dans ce cerveau. Cela lui évitait la torture du manque, de la jalousie, de la recherche d'attention, de regard mais évidemment lui évitait aussi de merveilleux ressentis, des millions de couleurs se sont vues offertes au russe quand ses lèvres ont eu ce premier contact avec celles de cet homme.

"Perturbant, n'est-il pas, Russland ?"


Russian Empire reprit tous ses sens et fut sorti de sa transe par une voix lui étant familière, entendue à travers le bois de la porte. Se dirigeant vers cette dernière pour l'ouvrir, il comprit vite qui était venu lui rendre visite : la porte s'ouvrant laisse voir Austria, venue dans une tenue un peu plus stricte et formelle que dans ses nombreuses visites. Le slave avait énormément de questions qui rodaient dans sa tête mais une seule réussira à sortir :

"Австрия ! (Avstriya !) Pourquoi es-tu venue ? (L'accent du russe se remarquait un peu plus qu'à son habitude)

-Nous avions déjà organisé cette visite, Russie. Tu aurais oublié ma lettre ?

- En ces moments mon temps et mon esprits sont pris, j'ai du être emporté par-

- Un filé de pensées bien trop long pour en parler là, maintenant. Que dirais-tu d'en discuter comme on l'a toujours fait, mon ami ?

- (Il soupire, soulagé) Bien, je vais demander à préparer une salle"


Finit-il en ajoutant un sourire un peu chaleureux pour bien accueillir son amie viennoise.

Quelle erreur.

Le tsar prit son temps pour discuter de santé avec Austria pendant que les deux camarades attendaient, assis seuls au beau milieu d'une grande salle dînatoire, que leur thé soit servi. L'autrichienne ne manquera pas de lui poser la question critique :

"Pourquoi ce sourire, Russland ?

- On ne peut plus être poli avec ses invités sans devoir se justifier ?

- Politesse ? Tu ne m'as jamais accueillie avec un si radieux visage, tu as toujours une tête de trois pieds de longs ! Je t'en prie, ne me mens pas, tu ne tiendras pas plus d'une moitié d'heure comme ça.

- Pourquoi faut-il que tu es toujours raison ?"


La grande femme ne pouvait empêcher la venue d'un rictus sur ses lèvres, un vrai regard empli de fierté. Elle était pour l'instant la seule sur Terre possédant le don de faire venir ce russe à bout. Enfin, c'est ce qu'on croit...

"Russie, J'ai été chercher Prussia, nous avons pu parler un peu plus qu'un simple pacte, ce français est dément, insensé ! Il la frappait dès qu'elle osait dire des mots qui, de près ou de loin, te concernaient. Ce ne sont que les faits, à toi de trier toutes ces choses du cerveau au cœur, tu es un grand garçon, hm ?

- Je ne souhaite en aucun cas rester avec ce dérangé

- Russie.

- Il est intéressant, il pourrait faire bon esclave après tout

- Russland !

- Да ? (Da ?)

- Assez, il voulait t'attaquer ! Tu as toi-même dit que lors de votre pacte il avait ce regard plein d'intérêts qui te dérangeait. Si tu continues en suivant sa voie, ce ne sera plus de l'ordre de la logique mais de quelque chose de bien moins sensé, tu le sais ?"


L'empire manqua de s'étouffer avec la boisson qu'on leur avait enfin fait parvenir, si horripilé par la transparence des propos d'Austria. Mais Ô pourquoi continuait-il de se mentir ? Évidemment, Russian Empire était loin d'être ignorant, il savait pertinemment que plus il restait avec le français, plus il se détruisait avec car, avec un mental si instable, le révolutionnaire se tuait à petit feu.

Un sentiment étrange grandit dans tout son corps, désagréable au possible, le russe sentait comme des coups de poignard dans sa poitrine alors qu'il jetait un regard au vide. L'autrichienne à ses côtés eu un air inquiet, elle posa sa main sur le bras du slave en le regardant droit dans les yeux et prépara ses lèvres pour parler.

Mais elle fut vite coupée.

On toque à la porte, le russe reprend ses esprits et hausse sa voix pour demander à l'inconnu d'ouvrir et le portail s'ouvre sur un homme, papiers à la main : un messager visiblement anxieux, il reste silencieux et sursaute quand il entend la voix grave du tsar lui demander dans leur langue :

"Parle, ne me fais pas attendre.

- Excusez-moi, les éclaireurs de l'ouest rapportent des troupes aux frontières, nous sommes en combat.

- Qui ?

À ce moment, Russian Empire avait un regard noir, terrifiant même l'homme devant lui, l'empire était plus que concentré sur les prochains propos du messager alors qu'il avait déjà les phrases écrites dans sa tête comme un parchemin.

Il se met debout sur ses bottes, les épaules droites comme il les a toujours et un profond mépris dans les yeux. Une imposante colère...

- Ils avaient des drapeaux

- Bleu, blanc, rouge. Donne mon ordre de diriger deux fois leurs hommes vers la bataille."


Alors que le nouvel arrivant était déjà reparti, la dame à côté de l'empire russe se lève, soupirant :

"Tu ne seras pas seul, mon ami".

Au cœur de l'EmpereurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant