10 - Reniée

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"La chose la plus courageuse que j'ai faite, 

c'est continuer à vivre 

alors que je voulais mourir."


Narcissa ne s'était rendue au château Lestrange que deux fois. Pourtant, chaque fois qu'elle l'avait aperçu, elle ne cessait de le comparer à une coquille vide, sans âme ni sentiments. Le grand portail s'élevait plus haut que la bâtisse elle-même, imposante et intimidante, comme pour repousser le plus de visiteurs possible.

À prononcer le mot de passe donné par Bellatrix, la porte de fer s'ouvrit dans un grincement qui se répercuta à des kilomètres à la ronde. Plusieurs corbeaux s'envolèrent comme une seule âme sombre s'élevant dans les airs. Narcissa, malgré cette ambiance sinistre, passa l'ouverture du portail en silence et courut presque dans l'allée, ignorant les battements effrénés de son cœur et retenant du mieux son affolement.

Dans le creux de sa main se trouvait, froissée, la lettre traîtresse d'Andromeda.

Narcissa frappa à la grande porte un nombre incalculable de fois, murmurant en boucle pour elle-même le surnom de sa sœur, comme si cela pouvait la faire venir plus rapidement. Au bout de quelques minutes, des pas se firent entendre et la porte s'ouvrit, dévoilant un Rodolphus plutôt agacé. Lorsque ses yeux se posèrent sur sa belle sœur, son ton se radoucit.

– Bonjour, Narcissa.

– Où est Bellatrix ? Demanda cette dernière expressément, laissant couler les premières larmes de panique sur ses joues.

– Euh... elle est ici.

Il la laissa passer non sans la dévisager d'un regard inquiet. Narcissa l'ignora et entra en trombe dans le salon avant de hurler le prénom de sa sœur d'une voix brisée. Rodolphus ordonna à l'elfe de maison d'appeler sa femme qui descendit de longues minutes plus tard. Si elle arborait une mine relativement joviale, son sourire retomba aussitôt lorsqu'elle aperçut l'expression paniquée et terrifiée de sa sœur.

– Qu'est-ce qui se passe ?

– C'est... c'est Andromeda...

Un sanglot empêcha Narcissa de prononcer un mot de plus. Pour toute explication, elle tendit la lettre à présent froissée, mais toujours lisible à Bellatrix qui s'approcha et s'en empara, redoutant le pire. Elle commença à la lire, mais au fur et à mesure de sa lecture, son visage se tordit en une affreuse grimace, exprimant la colère et le dégoût à la fois. À la fin, elle jeta le parchemin au sol comme s'il était brûlant.

– Non, murmura-t-elle, les yeux exorbités et le teint livide. Pas ma propre sœur...

Elle répéta le mot « Non ! » une bonne dizaine de fois avant de jeter un vase contre le mur pour qu'il se brise en mille morceaux. Rodolphus grimaça.

– C'était le vase préféré de ma mère.

Devant le regard de Bellatrix aussi noir qu'une potion de Mort-Vivante, il ferma la bouche et se tut.

– Où se trouve le bois des Cyprès ? Demanda-t-elle hystériquement, en proie à une rage qui la dévorait de l'intérieur.

Entre deux crises de larmes, Narcissa articula :

– Pas loin d'ici. On y allait autrefois avec Corban et Lucius, mais...

– Emmène-moi là-bas. Ils doivent encore y être.

– Quoi ? Non, je...

Bellatrix s'approcha de sa jeune sœur, se faisant plus grande et menaçante que jamais. Narcissa recula, effrayée par le ton tranchant qu'employait son aînée.

– Tu sais transplaner, non?Et tu sais où l'endroit se situe. Alors, emmène-moi- s'-y.

Mais Narcissa avait peur. Cette peur qui s'infiltrait sous chaque pore de sa peau et la faisait trembler de tout son être. Cette peur qu'elle ressentait pour la première fois et qui la rendait si petite et fragile. Car Narcissa savait que si elle menait maintenant Bellatrix à Andromeda, elle serait capable de la tuer. À cette pensée, la gorge de la cadette se noua au point de rendre sa respiration difficile.

– Non, je...

Le souffle de la Mangemort s'accéléra, et son regard se fit plus noir que jamais.

– Tu es de son côté, c'est ça ? Toi aussi tu fréquentes les Sang-de-Bourbe ?

Narcissa aurait voulu hurler tout ce que son âme voulait crier. Elle voulait la frapper jusqu'à s'en briser les os, pour l'accuser d'une telle chose. Mais la peur la paralysait, et tout ce qu'elle réussit à faire fut de secouer frénétiquement la tête.

– Alors mène-moi à cette traîtresse ! Hurla Bellatrix. Mène-moi ou je serais obligée de croire le contraire !

– Bella, prononça doucement Rodolphus, jugeant qu'elle commençait à exagérer.

– Toi, la ferme !

– Mais tu ne vois pas qu'elle est terrifiée ! Explosa-t-il. Ne voies-tu pas qu'elle a peur de ce qui peut arriver si vous vous affrontez, Andromeda et toi ?

– Elle est terrifiée, ou elle cache quelque chose elle aussi !

– Par Merlin, Bella, tu deviens parano ! Narcissa est amoureuse d'un, ou de deux Sang-Pur, il faudrait avoir l'oeil crevé pour ne pas s'en apercevoir ! Andromeda a toujours paru louche, depuis le début ! Ta sœur a juste peur que tu...

– C'est bon, déclara d'une voix étrangement posée Narcissa. Je vais t'y conduire.

Les deux Lestrange se retournèrent, surpris. La cadette Black avait réussi à reprendre le contrôle de son esprit et évacuer cette peur paralysante. À présent, elle se tenait droite, les dernières larmes dévalant ses joues. Il semblait que, tout comme Bellatrix, la colère avait repris le dessus. Andromeda avait trahi les siens. Elle n'était qu'une honte pour les Black. Elle devait payer pour cela. Néanmoins, elle dit :

– Promets-moi juste de ne pas la tuer.

Bellatrix hocha la tête, tout soupçon envers sa petite sœur s'étant évanouie. Comment avait-elle été assez sotte pour penser une telle chose ? Elle mit de côté ses insultes dirigées pour elle-même et s'empara de la main de Narcissa. Elles transplantèrent ensemble dans un « crac ! » sonore.



𝕿𝖔𝖚𝖏𝖔𝖚𝖗𝖘 𝕻𝖚𝖗 (𝐿𝑖𝑣𝑟𝑒 𝟙) ✔Où les histoires vivent. Découvrez maintenant