𝟙✨

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Il marche, entre ces longs murs froids qui l'ont toujours en quelque sorte effrayé. Il bouscule, il écrase, il avance, aveugle. Aveugle ? Il ne l'est pas vraiment. C'est simplement que parfois, c'est mieux de ne rien voir, que d'être témoin de tout. Alors comme ces gens qui le collent, le compressent, il ferme les yeux et il ne s'arrête pas. Pas même devant les misérables au sol, parce qu'ici, c'est comme ça. Ceux dans le besoin n'ont qu'à se relever. Lui il l'avait fait, alors pourquoi pas les autres ? Lui, il a su se servir de ce qui l'entourait, s'appuyer dessus et se remettre sur pied, maintenant, il n'attendait qu'une chose, déployer ses ailes.

Et aujourd'hui, c'est bien ce qu'il comptait faire, s'envoler dans ce nouveau job qui lui promettait bien de belles choses. Des billets par exemple, beaucoup de billets. Dans sa tête, il n'y avait rien de plus beau que ça. C'est vrai, quand on grandit sur un trottoir, l'argent fait scintiller les pupilles. Personne n'est un meilleure amie que la monnaie, ça, il en était sûre. Sûr et certain. C'était un peu comme un amour passionnel, il pourrait rester seul à jamais, tant qu'il roule sur l'or. Vous savez, ce qu'on dit, si on a ce qu'il faut dans les poches, on a tout dans les mains. Et il le savait mieux que personne.

Puis, ce n'est pas comme si il pouvait être réellement seul. Il était beau garçon. Du haut de ses vingt-cinq ans, il enchaînait les conquêtes, les coups d'espoir qui souvent devenaient coup d'un soir. On pouvait le dire, malgré ses mocassins, il n'avait pas vraiment trouvé chaussure à son pied. Mais jamais il ne perdrai espoir, croyant aux âmes sœur, il y a forcément quelque part, dans ce monde pourri jusqu'à la moelle, quelqu'un qui serait aussi splendide et puissant qu'un billet de Cinq-Cents. Quelqu'un qui lui conviendrait parfaitement.

Il descendit de vieilles marches, qui, supposait-il, devaient être blanche mais qui, à force de passage, étaient à présent noir. Le voilà devant les rails, dans cet endroit fermé, où l'ont sentait la transpiration, la chaleur et la saleté. Pourquoi prenait-il le métro alors que sa splendide Audi R8 noir l'attendais dans le garage de sa résidence, me direz-vous ? Parce qu'il aime tout un tas de choses là dedans, comme voir les stations défiler, les baisers sincère sur le quai, ce sentiment d'au revoir. Et il y a moins de bouchon qu'en voiture.

Il resta debout, a attendre le wagon et c'est là qu'il le vit. De l'autre côté, sur l'autre quai. Et tout d'un coup, c'est comme si tout prenait vie, chaque détails qu'il n'avait pas compris dans cet endroit, lui parut soudainement clair. Le temps ralenti, et au cœur accélère. Il avance insouciant, des écouteurs dans les oreilles, le garçon d'en face. Ses cheveux noirs flottent dans l'air, il cligne des yeux, et ses longs cils effectuent un mouvement souple. Ses yeux sont gris, comme mes jour préféré pense a-t-il, lorsque la pluie ne cesse de frapper contre les vitres, quand les cieux pleurent pour accompagner la mélancolie des temps perdu à fixer le vide.

Il ne devait pas être âgé de plus de dix-sept ans, à en juger par son beau visage, seulement ses cernes le trahissent, il manque de sommeil. Il dort mal.

Fait-il des cauchemars ? Est-il insomniaque ? Peut-être, est-il triste. Quelqu'un se moque de lui ? Il n'y a pas de raison, il ressemble à un ange. Non, il est un ange. Il ne peut pas être humain.

Vu d'ici, il dirait que le gamin mesure dans les un mètre soixante.

C'est mignon.

Son regard descendit sur le corps du petit, il portait un long sweat, trop grand, qui ne laissait pas deviner ses formes juvéniles et bon sang, qu'est-ce qu'il avait envie d'en voir plus. C'est comme si, plus rien n'existait, ils étaient seuls, seuls au monde, seuls à deux. L'adolescent passa une main délicate dans ses cheveux et c'est là que le future riche remarqua ses lèvres, un peu trop roses et tentatrices à son goût, portait-il du glosse ? Il se permit d'imaginer quelques secondes ses doigts les caressant. Et là, ça lui sauta à la figure, comme quelque chose de bouillant, d'enragé. Le garçon d'en face était bien plus sublime que tout l'or du monde. Ça lui en coupa le souffle. Il le voulait, il voulait tellement, il voulait et il l'aurait où il en mourrait.

Le lycéen comprenant qu'il était observé, releva la tête et croisa un regard attractif, il se sentit défaillir, pourquoi cet homme le regardait si intensément ? Il rougit, déstabilisé. Voilà quelque chose qui fit sourire l'autre. Puis, un bruit strident emplit les lieux. C'était fini, le métro passa devant le séraphin, faisant voler le manteau en laine du plus âgé.

Il voulait attendre, attendre que le wagon s'en aille, attendre de voir si il était toujours là. Alors c'est ce qu'il fit, avec cet espoir insensé qu'il soit resté. Mais lorsque ce qui obstruait sa vue parti, plus personne n'était là. Il avait fuit, un peu comme ces d'illusions, ces rêves qu'on oublie au petit matin. Peut-être que ce n'était que le fruit de son imagination. Eren Jaeger ne croyait pas en ce qu'il venait de voir. Un homme plus beau qu'un billet, et puis quoi encore?

𝙪𝙣𝙙𝙚𝙧𝙜𝙧𝙤𝙪𝙣𝙙ᵉʳᵉʳⁱOù les histoires vivent. Découvrez maintenant