Chapitre 8

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Bon. J'ai craqué. Voilà un nouveau chapitre. Dorénavant, je publierai dès que j'ai fini un chap.

Voilà, j'espère que ça vous plaira :).

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Le repas du soir se fait dans un silence pesant et morne. Severus fuit Harry, à la plus grande tristesse de ce-dernier. Les deux sorciers vont se coucher sans échanger un mot, et s'endorment, les souvenirs de l'après-midi cognant sans cessent dans leurs cerveaux égarés.

Harry se réveille aux alentours de 6 heures du matin. Il gémit, ayant espéré un peu plus de repos et surtout, plus de temps pour éviter ce Severus fuyant. En enfouissant sa tête dans les couvertures, il jette un regard discret au lit en face du sien, s'attendant à voir un enfant endormi et paisible. Seulement, il n'y a rien. La couette a été tire sur le côté, dévoilant un lit dépourvu de tout dormeur. Harry fronce les sourcils et tâtonne sur sa table de chevet, à la recherche de ses lunettes. Quand sa vision se précise, Harry s'aperçoit que ce qu'il prenait pour la clarté du jour est en réalité la lumière qui filtre sous la porte de leur Labinet. Le Survivant songe un instant à rejoindre Severus, avant de se dire qu'il ferait mieux de lui laisser un temps à lui. Après tout, peut-être n'a-t-il pas la force de l'affronter ce matin. Avec un soupir, il s'extirpe de ses draps et va s'habiller. Une petite promenade matinale lui fera le plus grand bien.

14 mai 1997

Ses pas claquent sur le sol de pierre. D'une démarche assurée, Severus se rend dans sa salle de classe. Il ouvre la porte avec grâce et traverse la pièce pour rejoindre son bureau. Ses cornichons d'élèves n'arrivent pas avant deux heures et il aimerait profiter de ce laps de temps pour corriger quelques copies. Il prend une pile de parchemins et se met au travail. Cependant, comme depuis trop souvent ces temps-ci, ses pensées divaguent vers Potter.

Il ne cesse de repasser dans sa tête ce jour où Potter a pointé son nez dans la Grande Salle. Bien sûr, il avait déjà entendu parler de lui bien avant qu'il ne se montre à Poudlard. Seulement, quand il avait vu sa cicatrice, qui ressemblait tant au tatouage du Harry de son enfance, une évidence s'était imposée à lui. Et ses yeux, Merlin, quand il s'étaient posés sur lui, Severus avait bien cru défaillir.

Au départ, Severus avait cherché avec désespoir un signe, même infime, que c'était bien le Harry qu'il connaissait. Seulement, il avait bien vu que Potter n'y comprenait rien. Il s'était alors mis à le haïr. Il n'avait pas le droit. Il n'avait pas le droit de se pointer avec sa frimousse innocente et ses putains d'yeux verts qui remuaient tant de souvenirs douloureux en Severus. Il n'avait pas le droit de ne pas se rappeler de tout ces moments passés ensemble. Il n'avait pas le droit. Il avait promis. Mais il avait oublié. Non, il n'avait jamais connu. Et Severus ne le supportait pas.

Severus soupire. Il n'est pas dupe, l'absence du Grand Harry Potter ne s'explique en réalité, que par un voyage dans le temps manigancé par ce vieux fou d'Albus. Il l'a compris au mot de passe utilisé par le vieux glucosé. Il ne doit pas penser à tout ce que cela impliquait. Il ne doit pas penser à tout ce que le morveux va découvrir. Non. Il y pensera la semaine prochaine. Comme chaque année. Ce seul et unique jour où il s'autorise à plonger dans le passé. Parce que la peine et trop forte, les regrets trop douloureux.

Severus se gifle mentalement. Ce n'est vraiment pas le moment de remuer tous ces sentiments houleux. Il a un cours à tenir dans maintenant une heure. Il reprend un visage impassible, et se plonge dans la corrections de copies des petits morveux à qui il enseigne. Mettre quelques Troll à ces cornichons lui fera le plus grand bien.

14 mai 1967

Harry rentre de sa balade vers midi. Il a eu le temps de faire plusieurs fois le tour du Jardin Prince alors qu'il était perdu dans ses pensées. Quand Eileen le voit entrer, elle lui adresse un petit sourire compatissant, tandis qu'elle appelle Severus et Tobias pour manger. Tous les quatre s'attablent en silence. Le repas est entrecoupé par les nombreuses plaintes de Tobias. Cependant, personne ne semble s'en incommoder.

A la fin du repas, Severus remonte dans sa chambre, sûrement pour s'enfermer dans son laboratoire, tandis que Harry traîne dans la salle à manger.

« Tu devrais aller le rejoindre, tu sais.

- Hein ?

- Severus. Tu devrais aller le voir, clarifie Eileen.

- Ahh. Oui. Je suppose.

- Alors pourquoi tu ne le fait pas ?

- Je ne sais pas. Peut-être qu'il a besoin de temps. Ou peut-être que je n'ai pas le courage.

- De quoi as-tu peur ?

- Je...

- Ne le nies pas.

- Mais-D'accord. J'ai peur de le brusquer et qu'il me rejette. Il avait vraiment l'air mal hier...

- Que s'est-il passé au juste ?

- Je ne pense pas être en droit de vous le dire Eileen.

- Tu peux me tutoyer.

- Je ne suis pas sûr d'y arriver, c'est un réflexe.

- Pour ce qui est de mon fils, je te conseille vraiment d'aller le voir. Il te pardonnera, ne t'en fais pas.

- Si vous le dîtes. »

Alors que Harry s'apprête à monter voir Severus, Eileen le retient par le poignet.

« Harry, je suis sérieuse. Severus a l'air de tenir à toi. Je... Prends soin de lui s'il te plaît. J'ai conscience de ne pas lui avoir fourni l'affection dont il avait besoin. Mais je regrette, j'aurai dû. Mais maintenant il est trop tard, je ne peux pas rattraper tout ce temps perdu. Donne lui tout cet amour que je ne peux lui donner. Même si ce n'est que deux mois, je suis persuadée que cela lui fera le plus grand bien. Il le mérite tellement...

- Il n'est jamais trop tard, Eileen, fait Harry en souriant. J'ai conscience que vou-tu as traversé des choses difficiles. Et même si ta manière d'agir n'a pas été la plus... habile. Je sais que c'était pour le protéger. Mais tu sais, Severus est quelqu'un d'intelligent, je suis sûr qu'il comprendra. Si ce n'est pas déjà fait. »

Harry se détache doucement de Eileen qui lui adresse un sourire de remerciement. Harry monte les escaliers jusqu'au deuxième étage, rasséréné par sa conversation avec la mère de Severus.

Comme Harry s'y attendait, la chambre est vide de toute trace de vie. Avec la plus grande des douceurs, il pousse la porte qui mène au laboratoire et s'y glisse sur la pointe des pieds. Severus est penché au dessus du plan de travail, appliqué dans la découpe d'un ingrédient. Harry observe quelques instants le visage détendu de l'enfant. Il a l'air si calme, si innocent. Harry affiche un sourire tendre alors qu'il s'avance avec discrétion derrière Severus. Il fait venir à lui une planche et se met lui aussi à préparer les racines d'asphodèle.

Severus lui lance un regard surprit. Cependant, il ne proteste pas et retourne à son occupation. Le reste de la potion se fait dans un calme admirable. Si les deux sorciers n'échangent pas un mot, leurs gestes se font synchronisés et précis. Alors que Harry finit de verser le liquide dans des fioles, Severus le regarde. Et un petit sourire orne son visage d'enfant. Un sourire qui veut tout dire.

Promesse Immortelle Où les histoires vivent. Découvrez maintenant