Chapitre 15: Le parking

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Kéresse a juste le temps de se fondre dans le décor du couloir que Manon Steel y déboule, apeurée. Elle la voit foncer droit devant elle jusqu'à atteindre les portes de l'ascenseur.

Elle a longuement observé le déroulement des événements. Aussi discrète que la poussière, elle a tout entendu. Par deux fois, elle a cru s'être faite repérer par Caliel et, par deux fois, elle a dû changer sa position, devenant aussi petite que possible.

Elle voit le visage terrorisé de la femme lorsque les portes se referment sur elle. L'ombre sait que sa proie restera encore longtemps sous la protection de Caliel et elle n'est pas encore assez forte pour réussir à le battre dans un corps à corps.

Qu'à cela ne tienne, un autre petit encas ne peut lui faire de mal. Elle arrive, de justesse, à se faufiler dans l'ascenseur avant que les portes ne se referment. Elle se mélange aux ombres déjà présentes.

- Bas les pattes ! Cette douceur est à moi, leur dit-elle.

Les ombres se dispersent dans l'air, non sans montrer leur mécontentement en faisant clignoter les lumières de l'ascenseur.

La femme lève les yeux vers le plafond en poussant un petit cri apeuré. Dès l'ouverture des portes, elle fonce dans le parking souterrain désert et mal éclairé du bâtiment. 

L'ombre la suit doucement, silencieusement. Elle attend le moment propice pour fondre sur sa proie. 

Au moment où Manon s'engouffre dans sa voiture, Kéresse commence à se matérialiser, prête à se jeter sur elle mais elle se stoppe net dans son élan. Le bruit d'une portière qui se referme résonne dans le parking. Des bruits de pas claquant sur le sol en béton se rapprochent dangereusement de la voiture.

- Madame ? Vous allez bien ? Demande une voix masculine. 

Manon, qui n'avait pas entendu l'homme s'approcher, sursauta et se cogna le haut de la tête contre le plafond de la voiture.

- Aïe ! Mais ça ne va pas la tête ? S'approcher, en silence, comme ça ? Dans un endroit aussi sombre? Vous m'avez fait une de ces peurs ! Cria-t-elle. 

Sortant maladroitement du véhicule, Manon se redresse face à l'inconnu qui tente de l'aider en lui prenant la main. 

- Mais lâchez moi ! 

- Je suis désolé, mademoiselle. Je ne voulais pas vous faire peur, dit-il en retirant doucement sa main. Je vous ai vu courir pour vous réfugier dans votre voiture. Je me suis dit que vous aviez peut-être besoin d'aide.

Manon dévisagea l'homme qui lui faisait face. Son visage, d'abord en colère, s'adoucit sous la beauté de ce mâle. Un beau brun aux yeux noisettes faisant au moins 1m80 et à la carrure athlétique. 

- Je suis désolée de vous avoir crié dessus. J'ai vraiment eu peur. En plus, il s'est passé quelque chose de bizarre dans l'ascenseur. 

- Pas de mal, mademoiselle. Pourrais-je savoir ce qui s'est passé? Je vais devoir l'emprunter et je n'ai pas envie de rester coincé dedans, rigola-t-il en lui faisant un petit clin d'œil.

- En fait, les lumières se sont mises à clignoter. Ce n'est sûrement rien de grave. Mais, puis-je savoir qui vous êtes ? C'est peut-être moi qui vais pouvoir vous aider ? Après tout, je travaille ici. 

- Bien sûr ! Je suis Mr. X. Je suis écrivain et j'ai rendez-vous dans cinq minutes pour la lecture d'un contrat d'édition. 

- Enchantée, dit-elle en lui tendant la main. Je suis Manon Steel, lectrice et correctrice pour les éditions Fatalités.

L'homme lui serra la main et l'attira doucement contre lui.

- Lectrice et correctrice, intéressant. Nous devrions rester en contact, j'aurais peut-être besoin de vos services dans le futur, murmura-t-il. On m'a dit qu'une de vos collègues avait été assassinée dans les locaux, reprit-il d'une voix neutre. 

- C'est exact. Simone Hardhell, répondit-elle sèchement tout en s'écartant de lui. 

- Une amie? 

- Absolument pas ! Je vais vous donner ma carte professionnelle. 

Manon se pencha vers sa voiture et chercha à tâtons son sac tombé par terre.

Kéresse observa l'homme sortir son téléphone portable de sa poche et photographier discrètement la plaque d'immatriculation de la voiture.

- La voila. Vous pouvez m'appeler à n'importe quel moment.

- N'importe quel moment? Vous n'êtes pas mariée? 

- Non, susurra-t-elle. Je suis totalement libre.

-Totalement libre ? Demanda-t-il d'une voix sensuelle et provocatrice.

-Vous pouvez m'appeler de jour comme de nuit, surtout comme de nuit. 

C'est en tortillant son cul qu'elle remonta dans sa voiture, claqua la portière, mis le contact et s'en alla.

Kéresse sagement cachée sur le siège arrière...

L'homme observa les feux arrières de la voiture qui, déjà, s'éloignait. Il sortit son portable, composa un numéro et le porta à son oreille. 

- C'est moi ! Je suis dans le parking. Je viens de croiser une charmante jeune femme assez anxieuse et qui est partie un peu trop précipitamment à mon goût. Coïncidence? Très bien ... J'arrive.

L'homme raccrocha en entrant dans l'ascenseur. Aucune lumière ne clignota durant la montée vers les bureaux des éditions Fatalités. 

Décidément, un nom bien annonciateur ...



Tout est possible quand on est mortOù les histoires vivent. Découvrez maintenant