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— T'auras le fric quand ce sera fini, vu ?

— Fais pas le con j'en ai besoin, alors arrête. Jamais je ferai ton sale boulot Phil.

Il me fait un sourire sale en rangeant le pognon dans sa poche arrière.

— Demain, à l'heure où tu commences ton boulot, viens nous voir. On te dira quoi faire.

Je lui montre distinctement mon majeur en le regardant filer vers la grande rue. Quel abruti. Je le déteste, il ne respecte pas les femmes de base, alors si en plus elles ont le malheur de finir comme moi, il ne se prive pas pour leur cracher dessus quand ça lui chante.

— Connard...

Je rentre chez moi tard, après le service. Malgré le froid polaire qui règne dehors j'ai eut droit à quelques visiteurs. J'en ai marre de cette vie. Voilà où j'en suis réduite. Je cours après l'argent, et ça à n'importe quel prix.  Ma conscience s'est évadée. Demain je devrai me rendre à son adresse pour récupérer la liasse de billets. En espérant que le job soit rapide.

À peine étais-je rentrée dans mon petit appartement que je me rue vers la salle de bains. J'observe mon visage un instant.
Mon eye-liner a légèrement coulé, et mon rouge a lèvre s'est effacé. Je retire le tout et me change prestement.

C'est seulement au moment du réveil que je réalise à quel point j'ai une tête affreuse.
Mes longs cheveux noirs ne brillent pas, ils sont ternis et mes pieds sont déformés à force de marcher en talons aiguilles.

Je sors de chez moi très tôt, n'ayant pas de voiture je marche jusqu'à atteindre le quartier où réside le client.

— La vache !

La maison ressemble à un château. Tu parles, on est dans un quartier de bourges ici. Si je la joue bien, je peux repartir pleine aux as.
Je ne pensais pas que Phil connaissait des clients riches comme eux.

Je regrette de ne pas avoir mis une seconde couche de mascara ni mes talons phares qui mettent beaucoup trop bien en avant ma silhouette.
Je sonne donc, et réchauffe mes mains entre elles en les frottant rapidement. Ça caille !

Lorsque tout à coup, les grandes grilles blanches s'ouvrent dans un bruit métallique et strident. Je sursaute puis traverse le jardin en restant hésitante.
J'ai déjà eu droit à des clients relativement aisés mais à jamais ce point là. Quelle genre de famille bourgeoise se payent des putes ?

La porte en bois vernis s'ouvre aussitôt, je n'ai pas eu besoin de sonner. Un vieil homme en costume noir m'accueil et m'invite à traverser la maison.

L'intérieur n'est pas trop mal. Le père de tout ça doit être sacrément riche !

— Attendez ici.

Il s'éclipse et me laisse seule dans le grand salon au sol de marbre. Un lustre doré scintille au plafond et plusieurs objets trônent sur des gigantesque armoire en pierres et en bois.
Je m'approche de l'une d'elle pour mieux voir la déco de la pièce et écarquille les yeux en voyant un pendentif en or traîner le long de l'étagère.

Ni vu, ni connu...

Je tends la main et m'empare de l'objet, sans hésiter je le fourre dans mon soutien-gorge et ajuste le tout d'un geste mécanique.

— Bonjour.

Je me retourne brusquement en sursautant et découvre une femme venant de débarquer dans la pièce. Plutôt âgée, et ses traits du visage me paraissent visiblement tendus et agacés. Elle a les yeux bridés ce qui lui donne continuellement un air froid et méprisant.

Sa chevelure courte et proprement coiffés lui donne l'air d'une mamie, pourtant elle me semble jeune.

— Salut. dis-je

Elle me détaille de la tête aux pieds avant de s'approcher de moi d'un pas félin.

— Trêve de plaisanterie. commence t-elle. Si on vous a engagé, c'est pour une raison dont vous vous doutez.

Je fronce les sourcils.

—...Euh, oui.

-Mon fils, n'a que dix huit ans. Et son mariage aura lieu d'ici moins d'un mois. Il n'a aucune expérience dans ce domaine, et , enfin... Vous comprenez.

Je mets un temps à comprendre ses mots.
Un fils de dix-huit ans ? Puceau et déjà fiancé ?
Wah, c'est un peu tôt non ?

— Attendez vous voulez que je fasse la prof ? À votre gosse ? Pourquoi ne pas engager directement une psychologue ou j'en sais rien.

Je suis hallucinée par son offre.

— Non, ce n'est pas ce genre d'éducation que nous souhaitons... Je veux dire, vous avez de l'expérience et mon fils n'en a aucune. Ce mariage est bénéfique pour notre famille alors il ne doit pas décevoir sa future femme comprenez vous ?

Je suis tout simplement choquée. Ils veulent que j'apprenne à leur fils à « comment baiser une femme » ? C'est la première fois que j'entends un truc aussi stupide.
Phil, pourquoi je t'ai écouté ? Ces gens sont barges.

— Désolé, je fais pas ce genre de chose. Je baise et j'ai le fric c'est comme ça que je fonctionne.

Son visage se tend et elle serre son poing avant de me répondre.

— Nous vous payeront le double.

Je me stoppe dans mon élan vers la sortie et un sourire remplit d'intérêt se forme sur mon visage.

— Le double ? je répète faiblement

— Le triple. lance t-elle

Je me tourne vers elle avec un grand sourire et lui tends ma main. Je me hais d'aimer autant l'argent. Je me hais de vouloir toujours en faire trop. J'en ai marre de cette vie.

Mais je n'y peux rien. Je suis comme ça.

— Marché conclu.

~~~
HEY

merci d'avoir lu :)

Dirty MoneyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant