Noeud papillon

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Une poigne de fer se resserrant sur mon cou, des menottes aux poignets, une piqure dans l'épaule.

Le noir, absolu et terrifiant.


***


L'Angoisse me tira du sommeil comme un coup de poignard à la poitrine. Un carcan, une camisole. Impossible de bouger. En un instant, mon souffle s'accéléra et des larmes me montèrent aux yeux. Que s'était-il passé ? Où étais-je ? Pourquoi personne ne venait m'aider ?

Je tentais de crier. L'effort était trop grand, restée éveillée était déjà une véritable gageure.

Une douleur à l'épaule. Ah oui, on m'avait enlevée, endormie. Mais pourquoi ? Le fil des dernières heures me revint à l'esprit et la bile me monta dans la gorge.

Calme-toi, calme-toi. Rassemblant mes forces, je soulevai le bras à hauteur du regard : pas de blessure ni de douleur. Mais la drogue n'avait pas terminé son office et continuait de m'abrutir : l'esprit hagard, la bouche pâteuse, le corps lesté de plomb.

J'observais la cellule – car s'en était bien une : sobre, métallique, clinique. Une vraie chambre mortuaire. Face à moi, une large porte vitrée révélant un couloir et une autre cellule, vide. Pas un bruit, personne. Attendre que mon geôlier se fasse connaître n'était pas une option, et, la drogue se dissipant, je compris qu'il était temps de prendre les choses en main. Je crus parvenir à me mettre debout au prix de gros efforts quand tout à coup, mes jambes se dérobèrent.

Essoufflée, je m'adossai au lit de camp.

Que savais-je de ma situation ? Chandrani m'avait transportée ici, des hommes m'avaient menottée puis endormie. Du lieu, des personnes et de leurs motivations, je ne savais rien. L'homme sur la vidéo était au centre de tout ceci, mais il était un fantôme et ses accusations contre Benjamin Fitzgerald étaient sans fondement.

Soudain, je pris conscience d'être vêtue d'une chemise d'hôpital, d'avoir les cheveux humides et de sentir le savon. Je refermai mon poing sur le tissu rêche pour les empêcher de trembler. C'était simple, monstrueux : on m'avait déshabillé, lavé puis rhabillé.

Sidération.

Terreur.

Que m'avait-on fait d'autre ? Des mains d'inconnus sur mon corps, des tests, des piqures... Un long spasme me secoua et le contenu de mon estomac se rependit sur le sol. Je me trainais jusqu'à la porte et y abattit mon poing ; elle ne vibra même pas. Je hurlai de toutes mes forces. Cette cellule était mienne depuis moins d'une heure et déjà, je devenais folle.

« Ferme-là », ordonna une voix grave.

Un homme lourdement armé entra dans la cellule. Sans un mot, il me saisit le bras et me remit sur pieds.

« Avance. »

Il me poussait dans le dos de la pointe de son arme, ma progression chancelante l'impatientait. Dans une autre pièce et sous son regard, je dus enfiler de nouveaux habits. Des sous-vêtements de coton, une robe noire, une chemise blanche, une paire de collant opaque. Pas de chaussures. La robe d'hôpital fut le dernier rempart contre l'humiliation de la nudité.

Là encore, pas de temps de repos. Il me mena à travers des dédales de couloirs blancs et lisses, sans fenêtres ni portes et la tête me tournait. L'estomac à nouveau au bord des lèvres, j'étais incapable de mémoriser notre progression. Après un ascenseur nécessitant un code d'accès, le garde s'arrêta enfin. Là, il frappa à une porte avant de me laisser seule, sans mot ni ordre.

L'Institut FitzgeraldOù les histoires vivent. Découvrez maintenant