Sang sur la neige

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L'homme faisait les cents pas dans son salon.

Cela faisait des jours qu'il n'arrivait plus à fermer l'œil.

Son visage s'était émacié, ses yeux creusés.

Il était sur le qui-vive. Chaque mouvement, chaque bruit le faisait sursauter, si bien qu'il avait interdit à sa jeune et talentueuse protégée de poursuivre ses arrivées intempestives dans son bureau.

Un coup d'œil à sa montre à gousset lui informa que ce n'était plus qu'une question de minutes. Oh, ce ne serait pas le clou du spectacle, non, et pas avant longtemps. Mais c'était une étape clé à son grand projet.

Ses doigts tremblaient, si bien qu'il les referma en poings serrés.

Il gravit deux à deux les marches de l'escalier suspendu, entra en trombe dans la salle des opérations et consulta les images renvoyées par une dizaines de caméras stratégiquement disposées.

Le château était endormi.

A son oreillette, la voix de sa protégée raisonna.

« Nous sommes prêts.

– Bonne chance. »

Il ne fallut qu'une poignée de secondes pour que des hommes armés jusqu'aux dents n'apparaissent comme par magie à l'écran.


***


Liesel avait passé une bonne soirée. Benjamin s'était excusé de ne pouvoir honorer leur rendez-vous hebdomadaire devant la caméra, mais la directrice en avait été soulagée. Elle n'avait de toute façon rien de particulier à lui faire remonter. Aucun incident n'avait ébranlé la quiétude des dernières semaines et elle préférait de toute façon passer la soirée sous sa couette, un bon livre à la main.

Elle s'était assoupie sans s'en apercevoir, le cœur et l'esprit en paix, la tête remplie du thriller japonais qu'elle tenait encore entre ses doigts.


Elle se réveilla en sursaut.

Complètement désorientée, arrachée à son rêve comme à une voiture en pleine course, il lui fallut quelques secondes pour saisir ce qui n'allait pas.

Son don. Hurlant dans ses veines.

Une présence immense, puissante, fantomatique, effrayante.

Pourtant impossible sous ce toit.

Elle sauta à bas de son lit, attrapa sa robe de chambre, se précipitait déjà vers le couloir quand sa porte de chambre s'ouvrit à la volée.

Elle hurla de frayeur.


***


« Kaleb, je ne suis pas sûre que...

– Que ce soit une bonne idée ? »

Le silence lui répondit.

« Eden. Il ne t'arrivera rien, je le jure. »

Son regard était grave, suppliant, attachant. Je n'avais pas d'autre choix que de lui faire confiance. Il se concentra, ses paupières se fermèrent. Il s'anima quelques secondes pour détendre son corps avant de se statufier, paumes vers le ciel, bras éloignés du corps. Il ne bougeait pas mais autour de lui, l'air semblait s'alourdir, se densifier. Et dans un léger bruissement, les globes lumineux s'élevèrent doucement au-dessus du sol. Je le regardai, stupéfaite. Les lumières commencèrent à virevolter, Kaleb ouvrit les yeux. Un large sourire s'épanouit sur son visage lorsqu'il aperçut ma surprise.

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