Just A Dream #1 [ TERMINÉE ]

Prologue

♫ All Too Well – Taylor Swift ♫

LIV

| Juin 2018

Si je devais décrire ce que je hais le plus dans le journalisme, ce seraient les réunions ennuyeuses du lundi matin. Pourtant, ce n'est pas le cas. Ce qu'il y a de pire pour moi dans mon métier, c'est de voir mon travail refuser une énième fois.

— « Chiffon ». C'est le terme qu'elle a utilisé pour décrire mon article, je me plains en posant ma tête contre le bar.

— En effet, elle n'y est pas allée de main morte sur les termes, déclare mon amie en jouant avec un petit parapluie en papier.

Je tourne désespérément la tête dans sa direction, gardant ma joue collée contre le morceau de bois verni :

— Merci du soutien, je râle face à sa dérision.

Elle hausse faussement les épaules avant de poser ses lèvres sur sa paille pour boire une gorgée de sa Margarita.

Les mots de ma patronne tournent en rond dans ma tête, je me rappelle encore la façon dont elle a jeté ma rubrique sur son bureau, me lançant un regard rempli de mépris.

Ces derniers mois se sont résumés à des : « Je ne publierais pas cette horreur dans mon journal ».

De quoi me démoraliser encore plus.

Pendant un instant, mes yeux fixent un coin du bar où un jukebox balance de la musique depuis que nous sommes arrivés. J'aurais aimé écouter du Queen ou de l'AC/DC, seulement le gars qui occupe la machine depuis plus d'une heure sort uniquement des styles que je n'apprécie pas.

En matière de goût, il est vraiment à chier.

— Tu devrais demander à Adam de te remonter le moral, balance Lyse en affichant un sourire amusé.

Je sais ce qu'elle sous-entend par « remonter le moral ». Seulement, monsieur traîne plus avec ses potes qu'avec moi.

— Il faudrait déjà que je sache où il est, avoué-je avant de souffler.

Je sors mon téléphone de ma poche lorsque ses vibrations contre ma peau attirent mon attention, puis le regarde un instant avant de souffler de nouveau.

— Qu'y a-t-il ? m'interroge ma collègue.

— Comme si mon échec d'aujourd'hui ne suffisait pas, Adam vient de me larguer.

— Merde, je suis désolée pour toi.

— Ma vie est nulle, je m'apitoie sur mon sort en posant mon téléphone sur le bar.

Lyse lève la main pour attirer l'attention du barman et lui demande de nous remettre une tournée avant de reporter son intérêt sur moi. Ses yeux Hazel ne me jugent pas, au contraire, ils sont débordants de compassion. Elle me sourit tendrement et pose finalement son parapluie en papier :

— Je ne l'aimais pas de toute façon, confesse-t-elle en mélangeant le contenu de son verre avec sa paille.

Sa remarque me fait sourire. J'essuie rapidement les larmes qui ont commencé à se former sous mes yeux. Cette fille a une manière bien particulière d'exprimer son opinion sans y mettre de tact. C'est pour cela que je l'adore.

— Tu sais Lyse, si j'avais été lesbienne, j'aurais tout fait pour sortir avec toi.

Elle manque de s'étouffer avec la fin de sa boisson avant de se tourner vers moi :

— Ne balance pas ce genre de chose pendant que je bois, sérieux, meuf, j'ai failli m'étouffer.

Un rire franc sort de ma bouche avant que je pose ma tête sur ma main en maintenant mon regard sur elle.