CHAPITRE 10 ( LIV )

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STRANGERS SIGRID

Liv

Courir à l'aveugle ne me rassure pas, au contraire. Une appréhension s'installe en moi à l'idée de heurter un mur ou de risquer une chute inévitable. Pourtant, la main ferme d'Ethan refuse de me lâcher, déterminée à me guider dans cette course aussi téméraire qu'imprudente. Ces mots tournent en rond dans ma tête : « je n'ai pas envie que les autres médias colportent encore des rumeurs ».

S'il s'attendait à mieux, je pense que c'est tout le contraire qui va se produire. Après quelques enjambées, nous nous arrêtons, mais j'ai perdu la notion de ce qui m'entoure et j'ignore où nous sommes. Je sens soudainement la chaleur de son corps se fondre à la froideur du mur contre lequel je suis adossée. 

Le contraste m'envahit de frissons tandis que je fais face à Ethan, retirant sa veste avec une hésitation palpable. Son souffle, encore saccadé, est mélangé à l'odeur de la cigarette tandis que mes yeux se perdent sur son tatouage. Une phrase écrite en allemand : Bruder eines Tages. Bruder immer.

J'ignore ce qu'elle veut dire, je ne me suis jamais réellement intéressée à cette langue.

Le silence se rompt lorsqu'il plonge son regard dans le mien, une tension électrique vibre entre nous, oscillant entre l'attraction et la méfiance. Les battements de mon cœur résonnent dans cet espace confiné, aucun de nous ne détourne le regard, captivés par l'intensité de ce face-à-face. Seulement, ses yeux verts sont empreints d'une profonde tristesse. Quelque chose semble le tourmenter.

— Je pense que nous les avons semés, murmure-t-il enfin, détournant son regard comme pour échapper à cette connexion émotionnelle pesante.

L'envie de rejeter son emprise me titille. Je tente de bouger, seulement, je suis retenue par sa main qu'il pose à plat contre le mur.

— Ne bouge pas, ordonne-t-il d'une voix ferme, étouffant toute envie de rébellion de ma part.

Pendant un instant, je reste statique, plutôt surprise par le ton qu'il vient d'employer. Cependant, la raison reprend le dessus, me rappelant où nous sommes et ce pourquoi je suis venue à la base.

— C'est bon, tu peux me lâcher, grogné-je, tentant de me libérer de son emprise étouffante.

L'atmosphère se charge d'une certaine tension, nos regards s'entrechoquent dans un duel silencieux, chacun cherchant à dominer l'autre. J'ai l'impression qu'à tout moment mes jambes vont s'écrouler sous le poids de cette attraction qu'il exerce sur moi. Son regard est puissant, mais ma détermination me conduit à ne pas le laisser gagner.

Lorsqu'il saisit mon menton entre son pouce et son index, tous mes sens se mettent en alerte.

— Je n'ai encore jamais embrassé de journaliste, avoue-t-il avec une pointe d'amusement.

Mon cœur s'affole dans ma poitrine, il est vraiment très proche de moi. D'un simple petit mouvement, cette proximité entre nos deux corps risquerait de se rompre. Pourtant, ses paroles, teintées d'une arrogance mal dissimulée, me heurtent de plein fouet, ravivant ma détermination à garder mes distances.

— Arrête, mais tu te prends pour qui ? ralé-je tandis que je le repousse dans un geste brusque.

Je le fixe droit dans les yeux, si je comptais l'impressionner, je pense que c'est raté. Je suis certaine que je ressemble à un Yorkshire face à un Doberman.

— Quoi ? Ça ne te tente pas d'embrasser une star du rock ? C'est un privilège, des fans tueraient pour être à ta place, balance-t-il en lâchant un sourire narquois.

Just A Dream #1 [ TERMINÉE ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant