Just A Dream #1 [ TERMINÉE ]

CHAPITRE 2 ( LIV ) ★★

Liv

| Juin 2018

J'ai l'impression d'être tombé dans un traquenard. Jonathan ferme la porte derrière nous et nous demande de nous asseoir. Je m'exécute en sentant une vive chaleur me parcourir le dos et son regard sur nous ne m'aide pas vraiment.

Qu'est-ce qu'elle fait là ?

Et, pourquoi sommes-nous convoqués ?

Cette femme a beau être ma patronne, l'air hautain qui se lit souvent sur sa figure me donne envie de l'étriper. D'après Lyse, depuis que son mari est parti en Australie pour les affaires, sa femme nous mène la vie dure. Elle n'est jamais satisfaite du travail rendu, elle a clairement ses têtes. Je remarque seulement aujourd'hui qu'elle porte un magnifique tailleur noir qui a sûrement dû lui coûter une fortune, mais de ce côté-là, elle n'a pas de quoi s'inquiéter. Son mari est là pour subvenir à tous ses petits besoins et caprices. Je constate à sa coupe de cheveux qu'elle est récemment allée chez le coiffeur. Son carré est parfait. Quant à sa couleur brune, elle embellit ses yeux bleus.

Cache-t-elle ses cheveux blancs ?

Il est vrai qu'avec son apparence, il est difficile de définir son âge.

Peut-être la fin de la trentaine ?

Elle croise les bras sous sa poitrine imposante et ouvre la bouche :

— Mesdemoiselles ! Je suis très déçue de votre travail, avise-t-elle.

Bah ! voyons, je m'en doutais un peu.

— Je sais que certains de nos articles sont simples, mais, de là à être déçue, objecte mon amie.

— Vraiment ? Entre mademoiselle Harris, qui est incapable d'arriver à l'heure devant le tribunal pour avoir des informations sur l'affaire du député Robertson et, vous, mademoiselle Dixon qui passez votre temps à me sortir des faits divers.

— Je ne sors pas que des faits divers ! se défend Lyse.

Quand je vois Lyse insister, j'aimerais me transformer en petite souris et me cacher sous le premier meuble que je vois.

— Je vous ai servi sur un plateau d'argent un entretien avec le basketteur de grande renommée Bryan Martin, qui a toutes ses chances d'entrer cette année en NBA. Mais, vous avez réussi à transformer cette interview en fait divers. Je commence sérieusement à m'inquiéter de votre avenir au sein de l'entreprise à toutes les deux.

J'envoie à mon amie un regard inquiet et la supplie intérieurement de se taire pour ne pas aggraver la situation. Mais elle préfère continuer.

— Je suis capable de sortir de bons articles, tout autant que Liv ! se défend davantage Lyse qui ne compte pas lâcher le morceau.

— Elle a raison, madame, certains de nos articles n'étaient certes pas en première page, mais ils étaient dans le journal.

— À chaque réunion avec les cadres, vos noms ressortent régulièrement. Ce qui commence à inquiéter le conseil. Nous avons besoin d'éléments sérieux, pas d'employés susceptibles de finir aux archives, voire pires. Jonathan s'avance un peu avant de prendre à son tour la parole :

— Liv, si ta mission est trop compliquée pour toi, tu n'as qu'à me le dire et je la donnerais à quelqu'un d'autre. Seulement, je devrais être obligé de t'attribuer des événements moins intéressants et ce n'est pas mon but. Tu as du potentiel, mais ces derniers temps, tu as perdu tout ton sérieux et ta volonté.

Ses mots me font mal. Je me mords l'intérieur de la lèvre pour m'empêcher de pleurer.

— Nous sommes sérieuses, madame !