Un Regard Signifie Plus Qu'un Mot

Partie 2 - Son regard Effrayé

Anne arriva à Green Gables à la fois énervée contre elle-même et contre un certain jeune homme, elle lui avait simplement dit qu'elle avait eu le cœur brisé. Mais ça ne signifiait rien de plus ? Ce n'était pas un aveu ou une déclaration n'est-ce pas ?

En vérité, elle ne savait pas quoi en penser, les idées que la diseuse de bonne aventure lui avait mis en tête, c'étaient révélées complètement fausses. Et puis cette histoire de poisson, Gilbert n'était pas le bon poisson ? Non, cette métaphore ne voulait rien dire pour elle.

Et surtout, quelle importance pouvait avoir tout ceci, si ce dernier en aimait une autre ? Aimer ? Quel sens pouvait avoir ce mot, et si l'amour était une chose tout à fait aléatoire ? Cette fille, ou bien cette femme, était sortie de nulle part, et à supposer que Gilbert la courtisait depuis des semaines voire des mois. Mais comment le savoir, puisqu'il n'avait même pas daigné en parler à qui que ce soit, même pas à elle.

Pourtant, elle pensait que depuis toutes ces années ils étaient devenus amis. Mais apparemment, il ne la considérait même pas de cette façon, sinon elle n'aurait pas découvert l'existence de cette charmante jeune femme en même temps que tous les habitants d'Avonlea. N'était-ce pas ça le plus blessant au fond ?

Toujours perdue dans ses pensées et bouleversée par ce qui venait de se produire, elle continua sa marche jusqu'au porche de la maison, quand elle fut alertée par des bruits de reniflements et de sanglots. Elle tourna alors la tête, pour voir d'où venait ce bruit, et ce n'était autre que Jerry qui était assis à même le sol dans la grange, la tête baissée, et le visage entre ses mains. Anne oublia alors momentanément ses problèmes, et alla à la rencontre de ce dernier.

« Je-Jerry ?! Qu'il y a-t-il ?! », Demanda-t-elle inquiète.

Ce dernier ne répondit pas, il leva simplement la tête, et regarda Anne, les yeux remplis de larmes. La jeune rousse comprit alors quelle était la cause du chagrin du jeune fermier, Diana.

Elle était en froid avec son amie depuis la veille, et apparemment pour Jerry sa relation avec la jeune brune avait aussi pris fin.

Elle s'assit alors à côté du jeune garçon et posa la main sur la sienne, « Je suis vraiment désolée Jerry, c'est à croire qu'à Green Gables, nous sommes tous maudits avec les histoires de cœur. D'abord Marilla, Matthew, et puis toi... et moi. Mais je suis sûre que tu parviendras à briser cette malédiction. »

Jerry leva la tête vers la jeune fille, « J'aimais Diana, je l'aimais vraiment beaucoup. », déclara-t-il la voix encore encombrée par ses sanglots.

Elle le regarda dans les yeux, « Je sais. », répondit-elle avec un sourire de façade.

« Si ça peut te rassurer, une diseuse de bonne aventure m'a raconté une histoire à propos de poissons, et apparemment, je ne serais pas tombée sur le bon poisson, toi aussi tu trouves cette métaphore ridicule n'est-ce pas?», elle rit à sa propre anecdote, comme pour essayer de redonner le sourire au jeune brun.

Jerry réussit tout de même à esquisser un léger sourire narquois et désapprouva de la tête, « Pas autant que d'aller voir une diseuse de bonne aventure. »

« Ne te moque pas ! J'étais en proie à de gros dilemmes, et j'étais surtout... stupide. Mais aujourd'hui, je me rends compte que ce jour-là je n'étais pas la seule à avoir des dilemmes. Je suis désolée pour toi Jerry.»

« Alors toi et... un garçon ? », l'interrogea-t-il en la taquinant, alors qu'il avait encore les yeux rouges d'avoir pleuré.

« Je me sens stupide de parler de mes problèmes alors que toi... mais... je-je viens en quelque sorte d'avouer quelque chose à ce garçon, alors qu'il fait la cour à une jeune débutante, je me sens tellement misérable. Je sais mon problème est ridicule en comparaison du tiens. »