Partie 3 - Son regard débordant de romance

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Cette nuit là était particulièrement claire, la lune brillait au dessus de leur tête, en dépit de tous les tourments que traversaient les deux adolescents, cette nuit avait tout pour être sereine.

Les rires et les cris de leurs camarades s'éloignant, on entendait plus que le son des crickets, Gilbert avait guidé Anne à quelques mètres derrière les ruines à l'abri des regards, ils s'étaient arrêtés devant les arbres qui entouraient les lieux.

La jeune rousse avait tout simplement du mal à savoir si ce qui se passait en ce moment était réel. Il avait juste pris sa main ? Comment était-ce arrivé ? Pourquoi ne la lâchait-il pas maintenant ? Tant de questions se bousculaient dans sa tête, seulement elle n'était pas capable de réagir. Elle resta figée quand le jeune brun décida qu'ils devaient s'arrêter sous un vieux chêne.

Gilbert se tenait maintenant devant la rouquine, il la regarda dans les yeux pour essayer de percevoir ce que la jeune fille ressentait en cet instant, son expression paraissait tellement songeuse, son esprit semblait ailleurs, alors il ne parvint pas à deviner.

Puis il baissa les yeux vers sa propre main, se rendant compte qu'il était toujours en contact avec sa peau, il tenait toujours sa main. Pourquoi avait-il fait cela ? Allait-elle le frapper sur la tête pour avoir eu cette audace ? Cela lui semblait tellement naturel, comme si c'était instinctif, qu'il ne s'était même pas posé de question avant d'agir.

Même si cela lui paraissait spontané, sentir sa main de cette façon, se sentir si proche d'elle, c'était une réelle première.

Bien entendu, il y avait eu la danse à l'école, il avait pu sentir sa main plus d'une fois, sa peau lui avait semblé si douce et délicate, il n'avait pas pu décrocher ses yeux d'elle durant toute la danse, mais comment aurait-il pu ? Elle était si souriante, si joyeuse, si gracieuse, si Anne.

En réalité, ce fut seulement à la dernière note de musique, qu'il se rendit compte qu'il n'y avait eu qu'elle en cet instant. Mais à ce moment-là, le jeune homme n'avait pas encore réalisé qu'il n'y avait eu qu'elle à tous les instants et que cela serait toujours elle.

Ce soir là, éclairé par la lumière du clair de lune, Gilbert contempla la jeune rousse, ses yeux étaient tellement tendres, et puisqu'il était incapable de l'exprimer avec des mots, il pensa que c'était le seul moyen de lui faire comprendre. Il tenait ainsi toujours la main de la jeune fille, la caressant presque du bout des doigts dans son esprit, mais en réalité il n'osait pas faire le moindre mouvement de peur de la brusquer.

Soudain Anne se réveilla de son état presque végétatif, elle baissa le regard, pour voir la main du jeune brun toujours dans la sienne, était-ce réel ? Cette question raisonnait sans cesse dans sa tête. Gilbert se souciait vraiment d'elle, mais était-ce par simple amitié ? C'était sûrement ça. Gilbert ne pouvait pas... non, elle ne pouvait même pas y penser, c'était ridicule et insensé. Mais il tenait toujours sa main avec une telle douceur, comment pouvait-elle seulement ne pas le remarquer ? Cela ne ressemblait pas à un comportement amical, c'était... ça ressemblait à... Non, elle ne pouvait pas y croire.

La jeune fille releva ensuite les yeux pour rencontrer les siens, elle se perdit à nouveau dans ses yeux noisettes. C'était comme l'autre soir chez Miss Stacy, lorsque Gilbert la fixait dans les yeux comme s'il essayait de lire quelque chose dans son regard, comme pour comprendre ses pensées, comme de véritables esprits analogues. Ce soir là Anne avait perdu le contrôle de ses yeux, ils avaient dévié tout à coup sur les lèvres du jeune brun, inconsciemment.

Et maintenant, cette scène se rejouait encore, que pouvait-elle faire cette fois pour échapper à ça, se gifler elle-même peut-être ? Ca serait sans doute une réaction trop violente, mais elle ne voulait pas être ce genre de fille, ce garçon qui se tenait devant elle, n'avait jamais été pour elle après tout. Et même le discours de Jerry de la veille, n'avait pas suffit à la convaincre, de toute façon Gilbert s'était rendu à Charlottetown malgré ce qu'elle avait pu lui dire hier, alors cela signifiait bien quelque chose.

Un Regard Signifie Plus Qu'un MotOù les histoires vivent. Découvrez maintenant