Chapitre 1 - Ça démarre bien...

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Astrid stressait un peu. Mais juste un tout petit peu, hein. Après tout, elle savait exactement où elle devait aller, ce qu'elle devait faire, et elle n'était pas perdue. Non. Pas du tout perdue.

Très bien.

Peut-être qu'Astrid était un peu perdue. Elle regarda autour d'elle, cherchant sans succès la personne qui était censée venir la récupérer à l'aéroport. Elle savait ce qu'elle cherchait : une vieille femme à la peau mate et aux cheveux bruns tirant sur le gris, tout le temps habillée en jogging. Mais en parcourant la foule de gens devant elle, Astrid n'arriva pas à la reconnaître et ne repéra par non plus son nom dans l'océan de pancartes qui s'agitaient sous ses yeux.

Elle réfléchit un instant et sortit son téléphone. Peut-être qu'elle pouvait l'appeler ?

Mais l'objet ne s'alluma pas.


– Merde, grogna la jeune fille en le fourrant rageusement dans son sac à dos.


Elle renifla, se pinça l'arête du nez, et tenta de se calmer. Pleurer ne servait à rien, mais elle ne pouvait pas s'empêcher de se sentir un peu dépitée. La fatigue sans doute.

Après tout, elle avait passé neuf heures dans un avion, avait dû courir d'un bout à l'autre de l'aéroport d'Amsterdam pour ne pas manquer sa correspondance, et n'avait même pas réussi à se reposer convenablement pendant le trajet. Elle avait bien somnolé, mais ça n'avait clairement pas été suffisant pour qu'elle se sente en pleine forme en arrivant.

Petit à petit, la pièce se vida, ne laissant plus que quelques personnes à ses côtés, mais toujours pas de vieille dame en vue. S'était-elle trompée de hall d'arrivée ?


" Astrid Renard est appelée à l'accueil du Hall B. Je répète, Astrid Renard est appelée à l'accueil du Hall B. "


La-dite Astrid releva la tête brusquement, un sourire sur le visage. Tout n'était pas perdu ! La veille femme l'attendait, bras croisés et sourire gigantesque sur le visage, et se précipita presque vers elle en repérant ses longs cheveux roux dans la foule.


– Madame Anderson, bonsoir...

– Ah, ma petite ! Viens là, gamine ! Avec Mona, on a bien cru qu'on ne te récupèrerait jamais, grimaça-t-elle en la serrant dans ses bras puissant. Et appelle-moi Séléna, d'accord ? En dehors de cours, je ne suis qu'une grand-mère comme une autre !

– Mo... Mona ? Marmonna Astrid en tentant – sans grand succès – de se défaire de la prise de la vieille femme.

– Mona, ma petite fille. Elle est venue m'accompagner. Vous êtes dans la même classe cette année, donc je me suis dit que ce serait une bonne idée que vous fassiez connaissance !


Une adolescente à la peau mate et aux cheveux châtains noués en deux longues tresses fit soudainement son apparition, comme sortie de nulle part. Elle hocha la tête sans un mot et une pointe de jalousie transperça le coeur d'Astrid. Cette fille était vraiment très jolie, mais en plus de cela émanait d'elle une aura de gentillesse et de douceur telle qu'Astrid avait rarement eu l'occasion de voir.

Immédiatement, l'adolescente s'en voulut. Cette fille avait fait le déplacement pour venir l'accueillir et voilà qu'elle ne se présentait même pas convenablement.

Elle lui tendit une main pâle, dont se saisit Mona avec hésitation.


– Astrid, enchantée. J'espère que l'on deviendra amies !


Mona lui adressa un petit sourire timide, et Astrid se prit instantanément d'affection pour elle.


– Bon les filles, c'est l'heure de rentrer ! Astrid, je vais te déposer chez toi. Tu as été affectée à un studio sur le campus, comme ça tu seras juste à côté du lycée. Pas question d'être en retard, d'accord ? Continua la vieille femme avec un clin d'oeil.

– Oui, oui...


Si Astrid avait espéré pouvoir se reposer dans la voiture, c'était sans compter sur Séléna, qui avait passé la demi-heure à lui poser des questions sur elle, sur sa vie, sur le trajet, sur sa famille, et sur à peu près tous les sujets auxquels elle avait pu penser. À côté d'elle, Mona était restée silencieuse, hochant seulement la tête de façon régulière.

Ces deux-là étaient-elles vraiment de la même famille ? Impossible !

Mais déjà, le trajet se terminait, et se retrouvant toute seule avec sa grosse valise dans son nouveau logement, elle se prit à regretter le débit de parole de Séléna et la présence apaisante de Mona.

La jeune fille se jeta sur le matelas et jeta un oeil aux draps pliés proprement sur le bureau. Ah, quelle mauvaise idée de s'être allongée avant d'avoir fait son lit... Allait-elle réussir à se lever ? Oui ? Non ? Peut-être...

Raaaah.

Dans un élan de motivation, elle se remit assise, puis se leva et commença à défaire ses affaires. Sa valise était énorme, et à juste titre. Après tout, elle venait de déménager dans un pays à huit mille kilomètres de sa France natale, et était partie pour y rester jusqu'à la fin de son lycée, soit quatre ans. Cette valise et son sac à dos contenaient toute sa vie – ou du moins toutes les parties de sa vie qu'elle avait réussi à y fourrer. Manteaux, pantalons, robes et autres objets divers et variés s'y entassaient d'une manière plus ou moins organisée.

Elle balança tout sur le sol puis jeta un oeil à sa montre.

Dix-neuf heures. Elle était fatiguée, mais savait également qu'elle ferait mieux de ne pas se coucher avant vingt-deux heures afin de ne pas souffrir du décalage horaire. Alors elle se mit au travail, et commença à ranger et à organiser son appartement. C'était un petit studio, pas gigantesque mais bien aménagé. Elle qui avait toujours vécu chez ses parents dans sa petite chambre apprécia la solitude. Il y avait une salle de bain avec une douche, si petite que quand elle s'asseyait sur les toilettes ses genoux touchaient presque le mur en face. Une petite cuisine était séparée du coin chambre par un bar, et un large bureau était collé au mur. Le lit était contre une fenêtre gigantesque qui donnait sur d'autres bâtiments du campus. Astrid se fit une note mentale d'aller acheter des rideaux dès que possible afin de cacher la vue sur son studio tout en conservant un maximum de luminosité.

Quand elle releva la tête après avoir terminé de ranger son bazar, elle fut surprise de voir qu'il était déjà vingt-deux heures trente. Elle n'avait même pas faim, mais se força à grignoter un snickers trouvé dans son sac à dos, et alla prendre une rapide douche avant de se jeter sous ses couvertures.

Elle s'endormit quasi-immédiatement d'un sommeil sans rêves...

TennisGirl {roman illustré}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant