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Attention : automutilation


On est allongés sur le lit de Jisung, regardant un film : le château ambulant de Miyazaki, le film favoris de Jisung, en piochant quelques fois dans le paquet de chips disposé entre Jisung et moi. Entre mes jambes s'est installé Minho, se blottissant contre moi comme un chat. Je souris à cette pensée, caressant ses cheveux bruns avec douceur. Je remarque aisément les petits coups d'œil que Jisung nous lance, et je vois aussi sa petite moue. Il fait la même lorsqu'il voit des chatons. On est bien, tous les trois. Je me sens bien, ici. Je me sens moi. Je n'arrête d'ailleurs pas de passer ma main dans mes cheveux, appréciant sentir le côté rasé sous la pulpe de mes doigts.

Vient le moment d'aller se coucher, et les deux garçons préfèrent dormir tous deux dans la chambre de Jisung, me laissant dormir dans ce qui se trouve être ma nouvelle chambre, du moins provisoirement. Je sors mon paquet de cigarettes et en allume une, me mettant à la fenêtre pour ne pas intoxiquer la maison. Je sens la fumée imprégner mes poumons et je la souffle, observant le ciel sombre sans étoile. Des larmes commencent à perler aux coins de mes yeux, une force bien plus puissante que moi me rappelant toutes mes mésaventures. La peur me reprend aux tripes et je n'ai qu'une crainte, c'est d'être délaissé. Qui serais-je, si je me retrouvais seul ? Je ne suis moi que parce que les autres me considèrent, mais s'ils n'étaient plus là, alors que deviendrais-je ? Sur ces pensées sottes, j'écrase ma cigarette contre ma peau déjà meurtrie et les larmes s'accumulent sur mes joues creuses.


- C'est donc de là que viennent tes cicatrices ?

Je me retourne vivement, éteignant ma cigarette lorsque je croise le regard de Minho, appuyé contre le mur de la chambre.

- Je me demandais d'où est-ce qu'elles provenaient, et j'espérais surtout ne pas en voir d'autres.

Il ricane, comme s'il s'en voulait de sa propre naïveté. Depuis quand est-il là ? Il se redresse, ne brisant pas notre échange visuel, et s'approche de moi.

- Je ne peux pas te forcer à arrêter, je ne peux pas te faire du chantage affectif pour que tu cesses. Je suis pieds et poings liés puisqu'il s'agit de ton corps et que je n'ai pas mon mot à dire.

Sa main se pose sur mon bras nu et son regard s'y dépose.

- Je n'espère qu'une chose...

Ses lèvres rencontrent ma brûlure récente et je frissonne à ce contact.

- Que j'arriverai à te rendre assez heureux pour que tu prennes toi-même la décision d'arrêter.

À la fin de sa phrase, ses yeux rencontrent de nouveau les miens et je suis paralysé.


Mes larmes ne coulent plus mais mes membres tremblent. Il me lâche alors et va fermer la fenêtre, pensant que le froid est la raison de ces tremblements alors que la véritable raison est ces mots, son visage. La véritable raison des battements de mon cœur, à l'heure actuelle, c'est lui.

Je m'approche de lui et encadre son visage de mes mains. Ses yeux passent de mes lèvres aux miens. Il sourit doucement et je n'arrive pas à m'empêcher de faire rencontrer nos deux bouches, comme si elles étaient en manque l'une de l'autre. Comme si une seule minute sans qu'elles ne s'enlacent était une minute perdue. Ses bras entourent ma taille fine et ses mains se promènent dans mon dos. Je descends mes mains dans son cou, approfondissant notre baiser. Nos deux corps se rencontrent, me faisant sourire dans l'échange. Il me pousse légèrement, me faisant m'asseoir sur le lit puis il monte à califourchon au-dessus de moi. Nos lèvres se retrouvent ensuite, et je lui mordis la lèvre inférieure, le faisant soupirer. Mes mains jouent avec le bas de son tee-shirt blanc et j'en glisse une en-dessous, caressant ses abdos sous ses soupirs incessants. Il nous fait glisser sur le lit, s'allongeant sur le dos alors que je me glisse entre ses jambes. Mes baisers rencontrent sa mâchoire si bien dessinée, puis ma langue se met à lécher les quelques légères marques que je lui fais dans le cou. Je sens mon ventre se tordre sous la vue de Minho soufflant de plaisir. Ses doux gémissements lorsque je mordis son lobe parvenant à mes oreilles comme la plus belle des mélodies.

On se sépare ensuite, à bout de souffle, et je m'allonge à ses côtés, posant ma tête sur son torse.


- Je suis désolé de ne pas pouvoir te faire du bien comme tu le mériterais...


Ses doigts s'emmêlent dans mes cheveux et un petit rire adorable franchit la barrière de ses lèvres.

- Ce n'est pas ce que j'attends en étant avec toi, le sexe n'est qu'un plus. Et tu sais... Il y a bien d'autres manières pour s'amuser... Je t'en apprendrai plus quand on en sera là.


Je lève la tête et croise son regard, un sourire en coin sur mon visage.

- Et pourquoi pas ce soir ?


Il glousse avant de déposer un bref baiser sur mes lèvres.

- Je ne couche pas dès le premier soir !


- ça tombe bien, puisque c'est le second !


Il ne peut s'empêcher de se mordre la lèvre, grognant de frustration.

- Ayons au moins notre premier rencard !



J'acquiesce et me laisse aller dans ses bras, tombant assez rapidement de sommeil.

Not A Girl •|• minbinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant