Deux ans auparavant

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Les nuages traversent lentement son regard comme ce couple de personnes âgées qui tiennent les roseraies. Ils avancent, main dans la main mais sans que leurs épaules ne se touchent, doucement, veillant à ne pas tomber, le dos courbé par les pluies et les tempêtes. Les derniers visiteurs sont partis et, plus tout à fait blancs, ils traînent derrière eux un long drap sombre qui recouvre de la nuit les rouges fleurs du crépuscule.

Dans les prunelles de Silvio, le reflet des nuages s'égare aux coins de ses paupières. Il détourne le regard du ciel, fixe la rue de nouveau. Les voitures défilent, les gens passent sans le voir. Silvio n'est pas de ces personnes qui se remarquent de loin. Il faudrait clignoter pour cela, comme des feux de détresse, comme des panneaux de signalisation. Toujours aucun signe d'Alejandro. Combien de temps l'attendra-t-il ? Dans son dos, les battements de la boîte de nuit cognent contre l'arrière de son crâne. Il ne se retourne pas. Combien de temps l'attendra-t-il ? Peut-on compter en minute le temps qui sépare l'ami du traître ? Existe-t-il un temps minimum à respecter ? Possède-t-il ce temps ?

« Hé Silvio ! »

Le garçon se tourne vers la voix grave et suave, ses mains dans ses poches. Alejandro vient à lui fier et conquérant, avec, crocheté contre sa hanche, un petit moineau. Silvio salut son ami. Puis se tourne vers la fille.

Silvio sait qu'il ne clignote pas.Et pourtant.

« Je te présente ma copine, annonce Alejandro en avançant le bras sur lequel est accroché le petit oiseau. »

Elle n'était même pas belle.Mais dieu, il n'avait jamais rien vu d'aussi magnifique.

« Je m'appelle Eva. »

Les Moineaux [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant