Il fera de ses draps le linceul de ses pleurs.
Doucement, tout doucement, déposer l'oiseau. Laisser ses ailes déployées attraper ses épaules, lui apprendre comment voler, comment effleurer le ciel comme il effleure sa peau. Embrasser chaque partie d'elle, vénérer tout ce qu'elle a à offrir sans jamais en demander plus.
Ne jamais la quitter.
Ne jamais lâcher sa main, au creux de la nuit.
« Tu n'es pas seule dans le noir, Eva. »
Il porte son corps comme une danseuse.
La laisse flotter.
Ferme ses paupières de baisers papillons.
Recouvre chacune des blessures de ses lèvres.
Le moineau chantonne, doucement, sa voix s'insinuant dans la poitrine de Silvio.
Son pauvre cœur, il lui offre, pour un sourire sur son visage, pour une lumière dans ses yeux.
Eva est en ruines.
Tout est à reconstruire.
Silvio ramasse chacune de ses plumes tombées.
Une à une.
Doucement.
Il console chaque morceau.
Lentement.
Guéri chaque souvenir.
Amoureusement.
Eva, allongée dans le lit, ses longs cheveux noirs en auréole, fixe la fenêtre.
Contre elle, son visage posé sur son sein nu, Silvio l'admire.
Une aile du moineau dessine des arabesques entre ses omoplates, lentement, le long de sa colonne vertébrale.
Jamais la nuit n'a paru si claire.
« Il n'est pas ton soleil, tu sais. »
Le souffle de Silvio lui chatouille la peau. Eva ne répond pas. Ce n'est pas à elle qu'il s'adresse, car tous deux savent qu'elle l'a déjà compris. C'est son cœur, son pauvre cœur aveugle, qui refuse de briser ses chaînes.
« C'est toi, le soleil. Il n'est que nuit sans étoile. Il t'éteint, Eva. Ta lumière se meurt.
— Je sais, pleure-t-elle silencieusement. »
Silvio se redresse sur un coude. Même son corps nu contre le sien ne suffit pas à la réchauffer. Il faut qu'elle s'envole. Un moineau n'est pas fait pour résister à ce froid. Personne ne le peut.
« J'ai peur, lui avoue-t-il comme une prière. »
Seul le silence accueille ses larmes.
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Les Moineaux [TERMINÉ]
Roman d'amour« Je dédis cette histoire à tous ceux qui, une fois dans le métro Se sont demandés ce qui les retenaient sur les quais. » Mary F.