Chapitre 2.

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POINT DE VUE DE DRAGO.

Drago soupira face à son incroyable agilité. En dix minutes, il avait dû refaire quatre ou cinq fois son nœud de cravate : sans succès. Il était à peine sept heures trente et le jeune homme était déjà agacé, la journée allait être longue, sans aucun doute.
Depuis son réveil, Drago n'avait pas réussi à calmer ses esprits. Une fois de plus, il avait rêvé toute la nuit et une fois de plus, il s'était réveillé plus perturbé que jamais. Cette fois encore, il avait vu dans son rêve une vie calme et paisible, pleine de rire d'enfant, de balade en forêt et de bonheur insouciant. Une vie qu'il ne voulait pas. Une vie qu'il ne méritait pas. Une vie qu'il ne pourrait jamais avoir.

Si au fil des années le jeune homme avait appris à faire taire un maximum sa conscience -particulièrement coriace- et ses incessantes flagellations il ne s'était pas attendu à ce que petit à petit son subconscient prenne le dessus sur sa volonté. Pourtant, depuis quelques mois, toutes les nuits, l'espoir prenait possession de ses rêves et le torturait avec un bonheur doux amer, à porté de main mais pourtant inaccessible. C'était une de ses nouvelles habitudes. Ridicule et épuisante.

Agacé, les nerfs à vif et encore légèrement perturbé, Drago reposa sa cravate abandonnant l'idée d'arriver enfin à la nouer correctement. Les rires d'enfants résonnaient encore en lui et dans la douce odeur automnale de la campagne du Whiltshire à demi perceptible, il se sentait mourir. C'était douloureux, comme si on lui insufflait des envies nouvelles tout en lui interdisant de les mettre en pratique. C'était l'espoir qui s'immisçait dans la dure réalité de sa vie.

Le blond descendit prendre un thé à la cuisine dans l'espoir de faire taire les souvenirs encore frais de sa nuit. Les yeux perdus dans les feuilles de thé de sa tasse, il comprit enfin quel avait été l'élément déclencheur de cette vague d'espoir et ces changements de rythmes nocturnes : Astoria. Sa femme. Ex-femme, pensa t-il, même si rien n'était encore vraiment fait. Tout avait commencé le jour de la rentrée de Scorpius, leur fils, le jour où elle lui avait demandé le divorce. Enfin.
Elle avait eu le tact d'attendre le départ en internat de leur fils pour mettre fin à ce mariage ridicule, sans amour et sans saveur. Il lui en était sincèrement reconnaissant. Après douze années de cohabitation qui n'avait eu pour conséquence positive que la naissance du nouvel héritier Malefoy, Astoria avait finalement éprouvé le besoin de quitter le manoir, et de quitter Drago.

Ça avait sans aucun doute était l'un des plus grands soulagements qu'il ai vécu dans sa vie -Voldemort mis à part-. Depuis ce jour alors, l'espoir avait peu à peu envahi son âme, ne l'avait plus quitté une seconde, même si Drago luttait de toutes ses forces pour ne pas y succomber. De toute façon, il n'en avait pas le droit.

Après avoir récupéré ses affaires, Drago transplana à proximité du ministère. Il avait hâte de commencer la journée de travail interminable et ennuyeuse qui l'attendait. Tout était le bienvenu pour lui occuper l'esprit, l'empêcher de cogiter, de trop penser. De plus, le vendredi était sans aucun doute la journée la plus chargée dans le secteur du ministère dont Drago dépendait : le secteur du courrier et des archives. Les courriers affluaient déjà de partout chaque jour mais en fin de semaine, on recevait aussi les requêtes pénales des prisonniers d'Azkaban par dizaine. À cette pensée, le blond frissonna. Si le bonheur de s'occuper avec les montagnes de courriers du jour réjouissait le jeune homme, il priait intérieurement chaque vendredi pour ne pas voir le nom Lucius Malefoy apparaître sur l'une des enveloppes qu'il aurait à traiter.

Drago se surprit à sourire sincèrement en arrivant dans le grand hall du ministère. Cette pièce avait quelques choses d'étrangement familier qui faisait écho en lui. C'était de très loin l'endroit qu'il préférait dans le bâtiment. À huit heures tapantes, visiteurs et employés s'y bousculaient déjà joyeusement tel une fourmilière. Cette vision avait le don de le mettre de bon humeur. Se déplacer dans cette nuée de sorcier pressés, zigzaguer, suivre le mouvement, se mouvoir avec eux, devenir un instant une fourmi comme une autre à son tour, être invisible invisible pour les autres, c'était apaisant pour lui.
Pendant longtemps, après le procès de sa famille, le blond avait détesté la communauté magique, ses propres parents, le mage noir et surtout, lui-même. Il en avait voulu au monde entier mais au fil des années qui passaient, la haine et la rage avait laissé place à l'indifférence, au néant et finalement à l'acceptation. Si aujourd'hui il éprouvait encore un immense dégoût face au jeune homme de dix-sept ans qui s'était enrôlé auprès des mangemorts, il ne se détestait plus vraiment, ni lui, ni les autres d'ailleurs. Il avait appris à vivre en regardant le monde bouger autour de lui et la seule conviction profonde qu'il avait désormais, c'était le sentiment qu'il n'avait droit que d'observer le monde vivre, sans avoir droit d'y prendre réellement part. Drago n'avait pas le droit au bonheur.

Redemption (dramione) TERMINÉE.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant