Samedi 6 juillet
La journée est bien entamée, le soleil domine la vallée, haut dans le ciel, l'astre du jour déverse sa chape de plomb sur la prairie herbeuse.
Une brise parcourt les hautes herbes et fait ployer les fleurs d'été alors qu'en arrière-plan se fait entendre le grondement permanent de l'océan. Le paysage est déjà en mouvement, mais il ne prend vie que lorsqu'une jeune fille apparaît. Sa silhouette déboule sur le chemin caillouteux qui serpente à travers la vallée, bordée par de petits arbres et végétaux apportant une touche foncée à cette palette verdoyante.
Semblant émerger à la fois des fourrés et du château qui se dessine, s'impose même, en fond, la jeune femme semble pressée. Elle file tel un oiseau sur le sentier, ses longs cheveux bruns battant l'air derrière elle. Comme si le paysage avait senti l'urgence qu'elle met dans ses gestes, le vent s'intensifie et la prairie s'agite.
La jeune femme semble connaître sa destination, puisqu'elle traverse sans hésitation le pâturage et se dirige vers un promontoire situé tout au bout du champ. En réalité, c'est une falaise, une falaise immense qui domine l'océan tumultueux.
Arrivant en trombe sur ce qui semble être une saillie rocheuse, elle s'immobilise soudain, à bout de souffle. Devant elle, face à l'océan, assis sur ce qui se trouve en réalité être un toit de bunker, surmonté d'une rose des vents en grès rouge, fanée par le temps, se trouvent deux adolescents, un garçon à gauche et une fille à droite.
Alertés par l'arrivée de l'intruse, ils se retournent brusquement. Ils la connaissent mais paraissent surpris de la trouver ici. Il est vrai qu'elle ne vient jamais seule à cet endroit, alors que le jeune homme et la jeune femme ont l'air d'habitués, avec leurs cigarettes, leur cendrier et leurs regards mélancoliques tournés vers la mer.
Néanmoins, ils ne prennent pas la parole. Ils attendent que la jeune espagnole parle. Ce qu'elle fait, après avoir repris son souffle :
- Sylvia vient de débouler chez ma mère... - sa voix est encore hachée, peut-être a-t-elle un point de côté - joder, elle est dans tous ses états. Elle ne trouve pas Solal et Thomas. Ils ne répondent pas au... téléphone. Est-ce que vous savez où ils sont ?
Étrangement, les deux adolescents ne répondent pas. Mais la jeune espagnole comprend qu'ils savent ce qui se trame. Le regard éloquent qu'ils échangent ne trompe pas. Frange brune contre barbichette, les deux meilleurs amis sont dans la confidence. Le jeune homme porte sa cigarette à sa bouche et se tourne vers l'océan pour prendre une taffe.
Quant à la jeune femme, elle répond :
- Ils sont partis.
- Partis ?
La lanceuse d'alerte ne comprend pas. Pour toute réponse, la meilleure amie pose ses yeux sur la rose des vents et marmonne :
- Ils tracent leur route. Nous n'avons plus qu'à leur souhaiter bonne chance.
Et, se tournant à nouveau vers l'océan, elle reporte son regard, comme le garçon à ses côtés, sur ces deux rochers jaillissant de l'océan, appelés par les gens d'Hendaye "les deux jumeaux".
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Les enfants de l'océan
Teen Fiction" J'irai n'importe où pour te suivre Solal. J'irai au bout du monde avec toi. - Fais pas de promesses que tu pourras pas tenir. - C'est pas des paroles en l'air. - Alors pars avec moi. On se casse d'ici. Juste toi et moi."