À cette période de l'année, les flocons commençaient à tomber sur terre, enveloppant les seules fleurs ayant survécu aux températures les plus basses pour les conduire à une douce mort. Un sommeil éternel. Les jours ne se comptaient plus et les cheminées se mettaient même en marche pour assurer à leurs propriétaires un climat chaleureux.
Parmi les bienheureux partant à la recherche de cadeaux pour la fête chrétienne symbolisant la naissance de Jésus se trouvait une jeune fille à la peau pâle et étrangement mutilée, assise sur son lit, le regard dans le vide. Écoutant de la musique pour calmer ses pensées suicidaires, la brune n'avait qu'une hâte, les vacances d'hiver. Certes elle risquait de s'ennuyer à en crever mais cela était déjà plus acceptable que retourner à l'école, là où il l'attendait.
Malheureusement pour elle, aujourd'hui était un dimanche. Ce qui voulait dire que le lendemain ne serait à nouveau qu'enfer et douleur. Seulement, enfin, d'un certain côté, elle avait hâte. Cette pensée était sûrement digne des plus grands masochistes mais elle était véridique. Même si elle se faisait frapper à en saigner, cela lui apportait du baume au cœur de savoir que quelqu'un sur cette terre s'intéressait à elle. Étant fille unique avec des parents très peu présents, la brune n'eut jamais l'ombre d'une attention à son égard alors, même si l'attention qu'elle recevait était destructrice, elle avait la chance de goûter au plaisir d'être considérée par quelqu'un. Ce bonheur était sans égal.
Le jour s'étant couché pour laisser paraître la noirceur éphémère de la nuit, la jeune fille décida de renoncer à ses tendres musiques pour partir rejoindre les bras de morphé, en espérant que ceux-ci acceptent de la porter jusqu'au lendemain sans encombre. C'était déjà peine perdue. Après tout, cela devait faire plus de trois ans que la brunette n'eut passée une nuit tranquille sans cauchemars, l'espoir fait vivre comme on dit.
Contrairement à ses attentes, le jour pointa bien vite le bout de son nez, écrasant d'une douce lourdeur la rosée du matin ainsi que les petites plaques de verglas se trouvant ici et là. Se levant sans grande envie, la lycéenne partit dans sa salle de bain en ayant préalablement prit des affaires propres. Une fois arrivée dans la salle d'eau, elle fit tourner le pommeau à une température entre le chaud et le froid afin de ne pas se brûler les veines, enlevant son pyjama, elle daigna porter un regard à son corps enveloppé de bandages dans le miroir. Elle était affreuse. Il n'y avait pas l'ombre d'une parcelle de peau non recouverte de pansements. On aurait dit une momie.
— Tu m'étonnes qu'on me trouve bizarre...
Murmura-t-elle en soupirant un bon coup, sentant que l'eau avait commencé à chauffer, elle ne mit pas longtemps à entrer à l'intérieur de sa cabine de douche en veillant à refermer le rideau derrière elle pour ne pas verser accidentellement de l'eau sur le sol luisant de produits chimiques. À peine deux minutes plus tard elle était déjà dehors, ses blessures brûlant sa peau déjà souillée. Foutaise.
Soupirant une nouvelle fois, expiant par la même occasion ses pleurs dissimulés, elle fit barrage de ses cicatrices à l'aide d'une serviette sortant de la machine à laver, s'enroulant à l'intérieur comme si même l'air pouvait agresser son faible être. Finissant enfin par sortir de la salle de bain après plus de quinze minutes d'habillage et de léger maquillage, elle était prête. N'éprouvant néanmoins pas le besoin de se nourrir ce matin, la brune partit directement en direction de son école, écouteurs aux oreilles.
Tant elle marchait, tant la peur résonnant en elle grandissait. Chaque matin était identique, elle priait au plus profond d'elle qu'il ne soit pas là. Malheureusement, il était toujours présent, entrain de l'attendre devant l'immense bâtiment lui servant d'objet d'étude ou bien parfois se cachait-il pour la surprendre et ainsi avoir la joie de rigoler de son malheur. Il était infâme.
