Chapitre 11: Résister

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Jade est rentrée telle une furie, balançant son manteau, ses chaussures et son sac à main, le tout sans me saluer. 

- Je la hais! Je la déteste! Qu'elle brûle en enfer avec ses idées vieux jeu!

- Jade? Qu'est-ce qu'il s'est passé?

Elle me lance une série de papiers dessus. Sur le premier il y a écrit en titre: contrat de divorce de Monsieur Emmerich Schwartz et de madame Jade Schwartz-Jones. Raison: mésentente au sein du foyer. 

- Elle est déterminée, dit elle sombrement. Elle m'a présenté le fils d'une amie à elle, il travaille en tant que cadre dans une grosse boîte et il avait un de ces regards malsain sur mon corps! Il m'a dit qu'il me fera oublier ce sale allemand, comme il t'appelle, que j'aurai un nom de famille qui sonne beaucoup mieux, une vie meilleure, que nous partirons en vacance à l'autre bout du monde à chaque congé... Mais aucun d'eux n'a parlé de nos filles! Même les points et les pieds liés, je ne le suivrai pas! Je suis partie en lui disant que mon corps n'est pas un film pornographique et que de toutes façons, il est terriblement ennuyeux et moche comme un pou!

- Ravi de l'apprendre! 

- Tu en as de la chance tu sais! Ta mère ne m'a jamais mal regarder. 

- Si tes parents avaient été nazis, ça aurait été différent. 

- Elle a été d'autant plus dégoûtée de toi quand elle a appris pour la religion de ta mère. Je n'aurais pas dû...

- Au contraire! Maintenant je sais qu'en plus elle est antisémite! Je n'ai même plus trop envie de lui confier nos filles... Et si on les faisait visiter une synagogue et qu'elles envoient une lettre racontant leur visite à leur grand-mère? Elle serait folle de rage! 

- Ca pourrait être plutôt drôle, dit elle en riant. 

- On fait ça la semaine prochaine? 

- Oh oui! 

Je l'ai pris dans mes bras pour ensuite l'embrasser passionnément. Monsieur Roberts, le père de la meilleure de Maya a sonné, je suis parti ouvrir:

- Bonjour tout le monde! 

- Papa c'était tellement chouette que je ne voulais pas revenir ici!

- Ah oui? Tu sais, ça ne m'étonne même pas de toi. Avec ta mère, on a décidé que la semaine prochaine, on ira à la synagogue!

- C'est quoi ce truc encore? demanda Maya d'un air inquiet

- Vous êtes juifs? demande l'homme qui se tient devant moi.

- Oui, enfin ma mère, mais elle m'a baptisé quand j'étais tout petit. Mais bon, j'ai lu que la judéité se transmet par la mère.

- Ah d'accord, je pense que je vais devoir y aller, dit il en consultant sa montre.

Nous rentrons au salon et elle se met à parler de ce qu'il s'est passé chez son amie:

- Sinon c'est quoi une synagogue?

- C'est comme une église, mais pour les juifs, dis-je en prenant le livre que j'avais refermé une demi-heure plus tôt. Ma maman est juive tu sais.

- Grand-mère Jeanne est juive? Mais elle n'est pas banquière! 

- Euh non... Qui t'as dit ça?

- C'est grand-mère Paige. Elle dit toujours que les juifs ne sont pas des bonnes personnes, comme les catholiques, les orthodoxes, les allemands, les arabes, les indiens et les noirs. Les seuls étrangers qu'elle aime bien, c'est les chinois. Elle dit aussi que bientôt, il n'y aura plus de vrais anglais. Mais maman et toi vous me dites toujours qu'il faut s'ouvrir aux autres. Tu sais, mademoiselle McCormack est catholique et elle très gentille! Mais peut-être que vous faites juste semblant d'être gentil...

On ne peut que sombrer Tome 1: Le journalOù les histoires vivent. Découvrez maintenant