- Papa? Ça va?
- Euh... Bien-sûr Clémentine ! Qu'est-ce qu'il y a?
- Il y a une lettre de grand mère Jeanne, dit elle en soupirant. Tu est vraiment sûr d'aller bien? Parce que depuis que tu lis le livre étrange, tu as beaucoup changé.
Je me suis abaissé pour arriver à la hauteur de ma fille, lui ai pris doucement la lettre des mains et ai mis une main sur son épaule :
- Clemy... Je sais que tu peux t'inquiéter, mais je vais bien... Seulement, parfois, le passé ressurgit quand on s'y attend le moins.- Mais c'est quoi l'histoire avec grand-mère ? J'ai lu dans sa dernière lettre qu'elle est malade et qu'elle va bientôt mourir, j'entends de petits trémolos dans sa voix.
- Je l'ai eu au téléphone il y a quelques jours et elle m'a dit qu'à force d'être trop seule, son état de santé s'est aggravé. Elle a déjà eu des soucis de santé un peu avant. Mais j'ai une idée : et si on lui rendait visite dans le mois qui vient ? Je pense aussi qu'une lettre ou l'autre accompagnée d'un dessin lui ferait vraiment plaisir... Va en parler à ta sœur !
- Oh oui! Maya! Papa nous a chargé de faire quelque chose !
Mes filles sortent leurs crayons de couleur, du papier et se mettent au travail. Je crois bien que je vais me replonger en 1941 à Lyon :
14 mai 1941
Je n'ai pas d'examens à la fin de l'année ! C'est bien le seul point positif cette année !Chaque soir, nous continuons d'écouter la radio anglaise. D'abord, cela m'aide à entretenir mon niveau d'anglais relativement bon et de me tenir au courant des actualités du front, loin de la propagande pétano-hitlérienne.
Londres a été partiellement rasé, à l'Est, la situation n'est pas meilleure ! Y a-t-il ne fusse qu'une bonne nouvelle dans tout cela? Ce n'est pas compliqué non? Il suffirait que les gouvernements fassent des efforts et, pour une fois, fassent un geste pour les populations opprimées ! Mais est-ce que l'opinion populaire apprécierait ?
Je suis fatiguée.
Jeanne
14 mai 1941 (2 heures plus tard)
Après une petite sieste, je relis mes propos et... Bon Dieu comme j'ai été sotte d'être aussi utopiste ! Comment ai-je réussi à imaginer cela ? Serait-ce un nouvel effet de la fatigue ?Sincèrement, j'ai l'impression d'être constamment dépassée physiquement et mentalement.
Jeanne
20 mai 1941
Aujourd'hui, quand j'ai essayé de parler à Catherine, celle-ci m'a dit ceci:
- Euh... Jeanne... On peut se parler par lettre.
- Mais nous vivons à quelques rues l'une de l'autre. C'est ridicule! On aurait dit que je pue, que j'ai fait quelque chose d'horrible... C'est parce que tu as honte d'être amie avec une juive?
- C'est compliqué... Disons que mes parents n'aiment pas trop quand je reste avec toi... Mais ne le prends pas mal!
- Je vois... Je vois... Et si tu veux savoir, je ne suis pas lesbienne!Je suis partie en rage, je ne comprenais pas. J'ai l'impression d'être le bouc émissaire, celle que l'on cherche à éviter à tous prix et la tête de turc de tout le monde! À part mes amis du groupe, personne ne veut réellement me parler à part pour venir m'insulter.
Ce soir il y a une réunion.
Jeanne
21 mai 1941
Certes, les petites amourettes ne sont pas à l'ordre du jour vu la situation, mais Martin et Thomas n'ont pas l'air d'être de cet avis. Hier encore, en remontant les escaliers, j'ai vu Thomas embrassé une énième fille cette année-ci. Parfois, je suis bien curieuse de savoir où est-ce qu'il les trouve. C'est à croire que parfois, il paye des prostituées... Mais non voyons! Il n'a sûrement pas assez d'argent!
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On ne peut que sombrer Tome 1: Le journal
Ficción históricaJe voudrais te conter à toi, jeune lecteur l'histoire d'une femme exceptionnelle, le type de personne qui est prête à donner sa vie pour protéger quelqu'un de plus vulnérable, capable de regarder quelqu'un droit dans les yeux et la réconforter alors...