Secours

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Hannah regardait Stefan, agenouillé, un petit écrin en velours dans les mains, surmonté d'une petite bague toute simple, sur laquelle était posée un diamant, ni trop grand ni trop petit.
Toute la salle attendait silencieusement la réponse de la jeune fille, qui elle restait figée sur sa chaise, sans savoir quoi dire. Stefan la regardait comme on regarde l'objet de son amour, et elle se disait - au fond d'elle - que c'était un très bon acteur.

« Oui, je veux être ta femme, finit elle par dire, à demi mot. »

La salle se mit à applaudir, chambrant Stefan, qui se releva, entraînant Hannah, pour l'embrasser longuement. Il passa la bague à son doigt, délicatement, avant de lui prendre la main et de se tourner vers la salle, comme sur une scène, souriant pendant que tout le monde les applaudissait. Elle ne pouvait quitter des yeux Stefan, elle n'en revenait pas de ce qu'il venait de faire. Elle était certaine qu'il l'avait prévu depuis qu'il avait organisé ce dîner. Il avait sûrement laissé entendre qu'il allait la demander en mariage, et c'est pour cela que les grosses têtes de l'armée étaient toutes venues manger ici ce soir là. Seul manquait à l'appel ; Erwin, qui pourtant aurait du être là aussi.

Hannah et Stefan quittèrent le restaurant sous les félicitations de tous, se tenant par la main comme si c'était naturel. Une fois dehors, Hannah lâcha sa main.

« Je te raccompagne, dit Stefan en s'allumant une cigarette.
- Non merci. Je sais rentrer toute seule.
- Allons allons, on doit parler de la suite des événements de toute façon.
- Je vois. »

Ils se mirent à marcher, à la lueur des lampadaires, dans la brise du soir.

« Je m'occupe des préparatifs du mariage. Et il faut qu'on emménage ensemble, le plus vite possible. Dans mon appartement si possible, il est plus grand et tu auras ta chambre personnelle, avec une salle de bain attenante. Je peux t'installer un bureau dans la chambre aussi, comme tu veux.
- Non ça ira merci. J'emménagerais dans la semaine, le temps que je mettes un peu d'ordre dans mes affaires.
- Si tu as besoin d'aide, je suis disponible.
- Je m'en sortirais. »

Le regard d'Hannah était vide. Elle marchait en regardant le sol, pendant que Stefan, lui, la dévisageait.

« Hannah, je sais que tu aurais préféré te marier avec quelqu'un qui te correspond mieux. Mais je te promets de faire en sorte que ce mariage soit le plus agréable possible pour toi.
- Merci.
- Tu as l'air mal. Tout va bien ?
- Oui. Je te laisse ici, je suis fatiguée je rentre. Merci pour la soirée, dit elle en tournant au coin de la rue. »

Stefan la regarda s'éloigner dans une ruelle sombre, comme avalée par la pénombre. Il jeta sa clope, agacé. Il était content, mais le visage d'Hannah reflétait tant de désespoir, qu'il était touché lui même.


Hannah arrivait devant sa porte, qui était entrouverte. Elle se dit que c'était peut être un cambrioleur, et entra, sans même prendre la peine d'être silencieuse. Elle entra dans son salon, persuadée qu'elle allait tomber sur un grand monsieur prêt à en découdre.

Mais le salon était vide. Sur la table brillait un petit objet, illuminé par la lumière de la lune. Elle s'approcha, et quand elle vit le petit loup argenté elle sourit. Elle le mit autour de son cou, et alla s'asseoir sur le bord de sa fenêtre. Elle avait beau avoir le cœur brisé, ce collier autour de son cou ravivait le peu de lumière qui restait en elle. Elle souriait à la nuit, s'imaginant que quelque part sous cette pleine lune, lui aussi pensait à elle.

« J'aurais jamais imaginé voir la mer un jour. Et pourtant je la vois, dans le bleu de tes yeux. »

***

Erwin avait organisé une petite fête pour le bataillon d'exploration. Les pertes et le travail du bataillon faisaient baisser drastiquement le moral. Ils avaient tous besoin de s'amuser, au moins le temps d'une soirée. Ce n'était pas un bal, ou une soirée mondaine, tout le monde était venu décontracté, tout le monde était venu s'amuser. Hannah faisait encore des siennes, s'amusant à embêter Hanji, devenant le spectacle de tout leurs amis. Elles riaient tellement fort qu'on les entendait par dessus la musique. Livaï était assis un peu à l'écart, un demi sourire sur les lèvres. Hannah se retournait à chaque fois pour voir si il s'amusait aussi, autant qu'elle. Elle lui faisait son plus grand sourire, et lui la regardait avec ce regard, ce regard remplis d'amour, qu'elle commençait à peine à reconnaître. Lui qui pensait que l'enfer était sur terre, il avait trouvé un petit coin de paradis, et il s'appelait Hannah.

Alors que la soirée était bien avancée, Hannah alla s'asseoir à côté de Livaï, épuisée de tout ces rires et de toutes ces danses.

« Pfiou, j'en peux plus. Hanji m'épuise.
- C'est plutôt toi qui l'épuise, dit il en désignant Hanji, affalée sur un canapé, à deux doigts de s'endormir.
- Eh ! Elle a commencé aussi. »

Livaï pouffa.

« C'est vrai qu'elle est épuisante, celle là.
- Pas qu'un peu ! »

Un silence s'installa entre les deux. Hannah mourrait d'envie de prendre sa main, mais elle ne savait pas comment se comporter quand ils étaient en public. Ils n'en avait jamais parlés.

Livaï se leva, silencieusement et sorti dehors. Hannah le suivit. Il s'accouda à la rambarde devant le bâtiment. Il semblait ailleurs.

« Tout va bien, Livaï ?
- Oui, tout va bien. »

Elle s'accouda à côté de lui, regardant dans le vide comme lui.

« Mais jusqu'à quand... chuchota t-il.
- Quoi ? »

Il se tourna vers elle, brusquement, attrapant son bras.

« Jusqu'à quand ça va durer ?
- De quoi tu parles ?
- De tout ça, des autres, de nous. La mort nous attend à chaque sortie extra muros, et...
- Et ?
- Et je ne suis pas sûr de supporter qu'on t'enlève à moi.
- Mais je vais bien, tout va bien, je suis là non ?
- Mais justement, quand tu iras mal ? Et si tu te faisais dévorer ? Jusqu'à quand est ce que je pourrais voir le bleu de tes yeux ?
- Je ne me laisserais jamais dévorer, tu le sais.
- Va dire ça a tout nos camarades, ils pensaient la même chose et maintenant ils gisent dans l'estomac des titans. »

Hannah pris la main de Livaï, la caressant doucement.

« Si un jour je meurs, je serais toujours avec toi.
- Arrête, je ne veux pas entendre tes conneries.
- Il ne faut pas avoir peur de ça, Livaï. La vie est tellement plus belle quand on se contente de la vivre. Je suis contente d'être avec mes amis, et je suis contente d'être avec toi. Et ça me suffit. »

Hannah hésita. Elle regardait Livaï, et il la regardait, mais elle voulait lui dire quelque chose.

« Parce que je t'aime, et ça me suffit. »

Livaï senti son cœur battre à nouveau. Il n'avait jamais entendu quelqu'un lui dire « je t'aime ». Et à ce moment là, sous la lumière des milliards d'étoiles qui les éclairaient, il se sentait enfin apaisé de tout, en paix avec le monde. Tout semblait parfaitement à sa place.
Il embrasse Hannah, du bout des lèvres, et cette dernière sentit une larme monter au creux de son œil. Une larme de joie, et elles étaient rares pour cette jeune fille que la vie n'avait pas épargnée.

Il essuya doucement sa joue, un sourire aux lèvres.

« Je n'aurais jamais imaginé voir la mer un jour. Et pourtant je la vois, dans le bleu de tes yeux. Merci Hannah. »

LivaixOc HannahOù les histoires vivent. Découvrez maintenant