A toi qui vis encore 100 ans plus tard

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Le procès de Théon Zarathoustra durait depuis déjà une heure. C'était le deuxième procès à être filmé en France selon la demande insistante de l'avocat de l'accusé. "Pour l'histoire" avait-il dit. Chacun savait qu'il allait se passer quelque chose de mémorable, que ce soient les personnes présentes ou celles regardant la diffusion en direct à la télévision. Mais pendant une heure rien, l'accusé ne disait rien. Quand soudain, son avocat demanda que la parole soit donné à son client. Le juge accepta la requête. Théon se leva, regarda la caméra et proclama:
"A toi qui vis encore 100 ans plus tard, sache que c'est grâce à moi. Je sais que j'ai commis quelque chose d'effroyable mais je ne regrette rien. Alors j'avoue. J'avoue avoir commis un crime contre l'humanité. J'avoue avoir empoisonné les réserves mondiales d'eau potable. J'avoue avoir créé un poison rendant les hommes et les femmes de ce monde stériles. J'avoue avoir rendu la moitié de la population mondiale stérile de façons définitive. J'avoue avoir empêché 3,5 milliards d'êtres humains de donner la vie. J'avoue avoir réduit de moitié la population de la génération future. Mais c'était pour que toi et les prochaines générations puissiez vivre dans un monde nouveau. Alors j'avoue mon crime. Mais sache que j'ai sauvé tellement plus de monde que je n'ai rendu de gens stériles. Donc je ne regrette rien, absolument rien. Je l'ai fait pour toi, pour que tu puisses vivre dans un monde ne connaissant pas nos problématiques futiles actuelles. Pour que tu vives en paix." Le juge ne savait pas quoi répondre à ces aveux. Mais après de longues secondes, il retorqua:
"Ayant distribué un antidote fonctionnel à tous les gouvernements pour retirer le poison des réserves d'eau, la moitié de l'humanité restera tout de même stérile. Votre crime s'arrête donc à la stérilisation de 3,5 milliards de personnes. Cependant, malgré votre geste en donnant un antidote et vos aveux; vous, monsieur Zarathoustra Théon êtes condamné à la peine capitale. Y a-t-il un objection ?"
D'un bond, Théon se leva et protesta:
"J'ai sauvé les générations à venir ! Vous ne pouvez me condamner pour ça !"
Son avocat le prit par le bras et le força à s'asseoir. "Mon client accepte la sentence" déclara-t-il malgré le regard assassin de Théon.
Alors, du haut de son piédestal, le juge proclama:
"Bien, monsieur Zarathoustra Théon, vous êtes coupable de crime contre l'humanité, et êtes donc condamné à mort. La sentence est irrévocable."
Dans un souffle, Théon fixa la caméra et lança:
"A toi qui vis encore 100 ans plus tard, c'est parce qu'un grand homme est tombé aujourd'hui. J'ai sauvé, pour un temps seulement, ce monde de la décadence à laquelle il est destiné. J'ai fait ce qui devait être fait. A toi qui vis encore 100 ans plus tard, sache que c'est grâce à moi."

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