Chapitre 10

918 64 8
                                    

Moi : la vérité c'est que j'en peux plus. Je peux pas paraître faible devant eux mais en réalité je n'arrive plus à supporter la vie. Chaque jour, j'ai l'impression de tomber encore plus bas

Il s'allonge pour la première fois sur le lit, à côté de moi, comme s'il me faisait signe de continuer, qu'il était là et qu'il m'écoutait
Je ne sais pas pourquoi je raconte ça à un inconnu mais je me sens trop mal pour y penser

Moi : j'ai jamais voulu faire ça. Je déteste qu'on touche mon corps et encore plus de savoir que je le prête contre quelques billets. Je ne supporte plus aucun aspect de ma vie : ma famille, mes études ou bien mon travail. J'ai juste...

Je supporte pas l'idée que ma mère soit devenue si faible. Lorsque mon père était encore en vie, c'était pour moi l'exemple parfait de la femme forte que je voulais devenir.

Mais l'amour l'a détruit et maintenant elle se retrouve prisonnière de médicaments et d'alcool. Je sais même pas comment je vais faire pour trouver toute la somme qu'on me demande pour l'interner.

Et d'un côté je ne veux pas qu'elle part. C'est égoïste mais c'est ma seule famille, si elle part je serais alors vraiment seule et je ne veux pas parce que je ne suis toujours pas assez forte pour ça.

Mais la réalité est que peu importe de qui je suis entourée, au fond je me sens toujours affreusement seule

Je suis un paradoxe à moi même : je veux me sentir aimé mais je repousse l'amour

Moi : ... juste envie de crever

J'en ai sûrement trop dit mais je m'en fiche
A cet instant précis je craque et mes larmes dévalent sur mes joues avant que je ne sente une chaleur m'entourer et sa voix me murmurer que j'avais le droit de pleurer

Client : pleure autant que tu en as besoin, je suis là

Et c'est là toute ma rage
Parce que malgré moi, mon coeur se réchauffe quand il est là

Quand il est là, je ne me sens plus seule

Je reste là, dans ses bras, à pleurer je ne sais combien de temps
Pleurer mon père
Pleurer mon viol
Pleurer les coups
Pleurer mon travail
Pleurer ma mère
Pleurer ma vie

Puis je me calme mais il ne me lâche pas pour autant
Je reste là, et sans le remarquer, je m'endors dans ses bras, bercé par sa respiration

_________

Client : un dîner

Moi : pardon ?

Client : j'y réfléchi depuis tout à l'heure et je veux t'inviter à dîner

Moi : euh, vous êtes surs ?

Client : de devoir dîner en ta compagnie ?

Moi : oui...

Il me tape le front à l'aide de son index et me répond rapidement

Client : ne me repose plus jamais ce genre de questions idiotes

Apprendre à se relever - AryaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant