Portrait chinois à partir d'un arbre

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Si j'étais un arbre, je serais le Ginkgo biloba, l'arbre aux quarante écus.

On l'appelle aussi << l'arbre aux mille écus >> pour l'aspect de ses feuilles qui deviennent jaune doré à l'automne et forment un tapis d'or à ses pieds.

Voilà pourquoi ce magnifique arbre me ravirait.

Si j'étais un arbre, je serais l'arbre d'or.

Il me ferait rêver par la jolie légende dont il est à l'origine dans la forêt de Brocéliande.

Mais si j'étais un arbre, je serais avant tout l'arbre à poèmes, un arbre qui n'existe que dans mon imagination et qui m'inspirerait au quotidien des inventaires un peu fous et à l'infini.

Je vous en livre un.

Assécher mon stylo avec mes mots

Entendre le silence de la souffrance

Et taire à cœur ouvert mes maux.

Parfaire mon ignorance et retomber en enfance

Pour laisser place à l'imagination et à l'insouciance

Arracher mes joies aux buissons touffus de mes lassitudes

Les offrir en bouquets pour rompre les solitudes.

Vomir la haine et le mépris

Me poser un instant dans ce monde

Que je traverse comme une ombre

Sans connaître ma destination.

Effacer les cicatrices du corps et de l'âme

Ecrire encore et toujours, jusqu'à l'overdose.

Prendre le thé avec Virginia Woolf

Et l'écouter me parler des Heures

Qui passent en laissant leurs traces.

Ne jamais conjuguer papy et mamie au passé

Ne rien perdre de l'enfant que j'ai été

Garder en moi la petite fille au fond des poches.

Jouer au rami avec Dali

Lui reprocher la mollesse de ses montres

Qui se répandent en une couche flasque sur le poignet.

Avoir envie de sirop pour la toux

En respirant la fumée du cigare de Dutronc

Vociférer à la pleine lune

Une chanson d'Hubert-Félix Thiéfaine

Lui dire que la cancoillotte est indigeste

Et donne mauvaise haleine.

Sourire aux gens quand il pleut dans la rue

Se promener pieds nus en petite tenue.

S'accrocher le soir à un rayon du soleil qui bascule à l'horizon

Oublier la chute d'Icare et recommencer à voler toujours plus haut.

Cesser d'hésiter et mordre la vie à pleines dents

Dire à Freud que tout va bien, enfin...

Dédicaces supplémentaires à @Punxsutawneyphil, @SabriyaM, @CleliaMaria2, @WafaBabin,
@MiladyCoulter

Un peu de fantaisie Où les histoires vivent. Découvrez maintenant