Le confinement (2)

61 13 28
                                        

Apprendre une nouvelle façon de vivre.

Ma vie est suspendue à cette inconnue.

Je n'ai pas oublié que je ne savais pas voler.

Par prudence, j'ai tissé un fil pour traverser le vide.

Matins blêmes, nausée au jour naissant, comme l'araignée du matin, chagrin, je me suis mise à l'ouvrage avec l'espoir de rencontrer l'araignée du soir.

Je me balade en équilibre sur cette fragile tapisserie.

Mon imagination virevolte, explore tous les recoins de mon appartement.

Tiens, des moutons ! Non, ni aspirateur ni balai aujourd'hui. Je leur fabrique des muselières pour qu'ils ne mangent pas les roses qui poussent au bout du canon de tous les fusils du monde.

Je chasse les nénuphars. Ils ont la mauvaise habitude de s'infiltrer dans les poumons. Ça entraîne des toux inquiétantes par les temps qui courent. D'ailleurs, c'est une erreur de dire que le temps court. Il est sur pause. Il n'y a pas que le Chapelier fou qui est fâché avec lui. Oui, c'est toujours l'heure du thé, n'en déplaise au lièvre de Mars.

Le vent se lève et dans l'allée des cerisiers, les fleurs tourbillonnent. Il est temps de sortir mon parapluie et d'aller faire un tour sur les cheminées.

Toutes mes lectures remontent à la surface et m'entraînent dans une danse folle et étourdissante.

Mes propres mots ont disparu, envolés, cachés ! Un jeu perpétuel de Colin-Maillard !

Je m'invente des colocataires et ensemble nous avons de longues conversations. Nous reconstruisons le monde de demain, un monde où la solidarité ne sera pas un vain mot.

<<Monsieur le Président, je vous fais une lettre que vous lirez peut-être si vous avez le temps..>>
(Boris Vian, le déserteur).

Non, je ne veux pas la faire,
votre guerre.

Un peu de fantaisie Où les histoires vivent. Découvrez maintenant