Ce soir-là, j'avais décidé de fêter mon anniversaire quelques jours en avance avec mes amis, à la maison. Thème pirate je crois, je sais même plus. Les gens s'amusaient, tout le monde était bien. Pas moi. Je tremblais de stress et d'angoisse, je cherchais à ne pas y penser, mais impossible.
Une de mes meilleures amies me voyait, elle sentait que je n'allais pas bien. Délicatement, elle me regardait avec ce « ça va ? » sincère et inquiet témoignant d'une réelle attention, les yeux plissé et les rides au front. Un « ça va ? » qui n'attend pas comme réponse un simple « oui oui ». Un « ça va ? » qui sait que ça ne va pas.
Les gens buvaient, les gens dansaient. Tard dans la soirée, on décide de faire une photo de groupe. Pose, sourire. C'est à ce moment, on me tend mon téléphone. « Tiens Alba, on t'appelle ». Par respect, on arrête la musique, et j'écoute. C'était ma sœur.
« Il faut que tu viennes à l'hôpital voir Papa. »
Je ne réponds pas immédiatement.
En effet, je refusais depuis un moment d'aller à l'hôpital. Je ne voulais pas le voir dans cet état. Je ne voulais pas le voir maigre et à moitié shooté par la morphine. Je voulais garder comme dernière image, l'image de mon père à la maison, debout dans la cuisine à nous appeler pour aller manger.
« S'il te plait, viens. »
Mais c'était ma petite sœur qui me le demandait. Surement pour ne pas se sentir seule, je supposais. Elle voulait que je vienne, alors je viendrais. Pas d'argumentation supplémentaire nécessaire.
Une amie n'ayant rien bu et ayant une voiture me conduisit. Pendant ce temps, mon copain de l'époque demanda à tous les invités d'aider à ranger avant de partir.
Alors, à minuit, on prit la voiture, et on arriva dans l'hôpital. Mon amie attendit dans la voiture et me laissa y aller. C'était un tout petit hôpital. Ils avaient laissé les portes principales ouvertes spécialement pour moi. J'étais dans un état second. Comme enveloppée d'une carapace invisible, bouillonnant d'un flot tumultueux d'émotions brûlantes, émotions susceptibles de me submerger et de m'ébouillanter si je venais à les laisser s'exprimer. Alors je les bloquais en moi, je ne disais rien, ou alors des choses insignifiantes, je me forçais à rester de marbre.
Tout était sombre. J'entrai, tournai à droite, montai un escalier, et arrivai dans un couloir. Quelques portes, puis à gauche, la chambre.
Ma mère et ma soeur m'y attendais. Et sur le lit, maigre et chauve, presque incapable de parler, mon père.
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Vingt-et-un [TERMINEE]
Non-FictionIl ne s'agit pas d'une histoire d'amour cette fois-ci, mais de mon histoire, véridique et personnelle, vécue en 2017. Désolée par avance, ça ne sera pas joyeux.