8. Au revoir

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Et là, le temps s'accélère. Mon téléphone déborde de notifications Messenger de gens essayant d'apporter leur soutien. Je reçois près de 100 messages ce jour-là. On m'appelle en continu. Il y a des gens qui viennent à la maison, j'essaie de garder la face, je ne pleure pas.

Les heures, puis finalement les jours passent à une vitesse folle. Le temps d'organiser l'enterrement le 2 mars, d'envoyer des mails à la fac pour leur dire que je décidais de prendre plusieurs mois de pause et reprendre ma 3e année en septembre, voire peut-être plus tard, contacter toute la famille éloignée, on se retrouve déjà en mars sans avoir aucun souvenir de la semaine passée.

*

Je me souviens très bien de l'enterrement, le 2 mars.

J'avais mis ma jolie robe noire, parce que mon papa adorait quand je mettais des robes. Et un manteau Esprit noir ceintré à la taille qu'il m'avait offert il y a près de 10 ans.

J'avais demandé à un ami des musiques « énervées et tristes en même temps ». J'écoutais donc Bring Me to Life de Evanescence, Suicide Social d'Orelsan et The Sound of Silence de Disturbed dans mes écouteurs, à l'arrière de la voiture nous menant à la salle du crématorium.

Il y avait déjà du monde. Mon père était très connu dans le quartier. Des anciens élèves, des collègues de son école, des amis. Pleins de gens que je ne connaissais pas aussi. J'étais au premier rang, évidemment.

Mais ce n'était pas l'endroit pour pleurer, il y avait trop de monde, je ne pouvais, pas devant tous ces gens. Je luttais contre les larmes. Mais il y avait vraiment trop de monde. Comme retenue par une sorte de pudeur ou de timidité, je n'ai pas pleuré.

Et, sur le Requiem de Mozart, on dit tous au revoir à mon papa.

Vingt-et-un [TERMINEE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant