Recueil d'histoires

Juste quelques pensées

Ce one-shot est dans le genre dramatique, il y a plusieurs mentions au suicide et à la mutilation. Bonne lecture !

Ecrasant sa cigarette au fond du cendrier, il laissa la fumée s'échapper de ses poumons meurtris. Un sourire se dessina sur ses lèvres. La nuit déjà bien avancée, il observait la vie nocturne depuis le toit de son immeuble. Les rues du centre-ville étaient encore bien agitées malgré l'heure tardive et les ivrognes s'entassaient sur les trottoirs. Il alluma une nouvelle cigarette, coinçant cette dernière entre ses lèvres abimées. Un rire lui échappa alors qu'il admirait la bêtise de l'alcool. Il avala son poison et le laissa faire son chemin avant de le recracher avec dégoût. Il détestait la saveur de ces bâtonnets de nicotine.

Il se perdit un instant dans ses pensées. Réfléchit à sa courte existence. Il n'avait rien accomplit, rien fait de bien, rien fait de mal. Il était aussi creux qu'une coquille vide. Seuls quelques souvenirs heureux le faisaient tenir debout. Il n'avait plus que ça, des souvenirs. Son incapacité à ressentir la moindre joie, le moindre bonheur le laissait sans espoirs quant à son futur. Si futur il y avait. Dans son cas, il ne se voyait pas se réveiller chaque matin, sentir cette brûlure ardente le consumer à petit feu. Dieu, il ne s'était même pas imaginer vivre aussi longtemps. Du haut de ses vingt et un ans, il se félicita, s'accordant une tape amicale sur l'épaule. Rien ne lui faisait envie. Il ne savait pas s'il trouverait de nouveau goût à quoi que ce soit. Sa tête ne le laisserait, de toute manière, jamais vivre en paix. Trop de pensées. Trop de souvenirs. Trop d'anxiété. Trop. Trop, trop, trop. C'était à peine s'il se sentait respirer. Des fois, ses propres poumons l'en empêchaient. Comme pour lui rappeler de ne pas baisser sa garde. Pas un seul moment de répit ne lui était accordé. Il n'en était pas digne sûrement. Sinon pourquoi le sort s'acharnait-il autant sur sa pauvre petite personne ? Il n'avait fait que grandir. Devenir adulte. C'était là son seul péché. Il avait tenté de demander pardon, mais personne ne l'avait écouté. Personne ne l'avait pardonné. Il se serait bien puni lui-même, mais il n'était qu'un Homme. Faible et lâche. De plus, sa mère aurait-été triste. Ou pas ? Partir ne serait qu'une forme de délivrance pour lui. Une forme inespérée de bonheur. Alors pourquoi ses proches en seraient-ils tristes ? Déçus, peut-être. Il ne pouvait pas leur en vouloir, à leurs places peut-être aurait-il été déçu aussi. Ou bien juste jaloux. Jaloux d'un courage qu'il ne possédait pas. Cette pensée le rendit particulièrement triste. Il aurait aimé être courageux mais là encore, Dieu ne lui avait pas accordé cette chance. Alors il était là. A admirer de haut le bonheur des autres. Juste pour tenter d'en avoir le goût. Sentir la saveur de la joie danser sur sa langue. Elle avait des arômes de mélancolie, cette joie. Il soupira. Recommençant à se morfondre intérieurement. C'était devenu son quotidien. Se réveiller, aller en cours tel un automate afin d'emmagasiner des savoirs dont il ne se servirait probablement jamais, rentrer dans son appartement minable, monter sur le toit, observer. Il n'avait pas de vie sociable. S'éloignant le plus possible des autres êtres humains. Il se confortait dans l'idée qu'il les haïssait mais au fond il savait qu'il en était juste effrayé. Effrayé de s'accrocher, d'être abandonné, de briser. Mais par-dessus tout, il avait peur d'être heureux. Il ne connaissait que trop bien l'effet éphémère du bonheur. La dépendance qui s'en suivait. La rechute ignoble qu'il engendrerait. Il s'était juré plus jamais, alors il ne reviendrait pas sur sa parole. Malgré tout, il souhaitait tout de même se protéger. Cela variait de moment en moment. L'envie de protection et l'envie de destruction. Parfois cette dernière était si puissante, si envoutante, qu'il ne pouvait que lui succomber comme une marionnette au fils un peu usés.

Son mégot fumant lui brûla les doigts. Sans trop de réaction, il l'écrasa dans son petit cendrier et chassa la cendre de son index. Il observa la rougeur de ce dernier. Il savait que cela laisserait une cicatrice, mais cela lui importait peu. Il ne soignait jamais ses blessures. N'en sentant pas le besoin. Il ne s'en sentait pas digne. Il pourrait même dire qu'il avait besoin de ça, de ressentir la douleur de petites blessures du quotidien. Peut-être pour lui rappeler qu'il était bien vivant. Ou peut-être qu'il s'infligeait ça comme une punition. Il n'en savait trop rien et ne souhaitait pas creuser la question. Tout ce qu'il savait c'était qu'il en avait besoin. S'en était vital.

Il grinça des dents. Sa tête le tourmentait. Parfois elle décidait de le faire souffrir sans raison. Il n'en savait pas la cause malgré ses allers-retours chez son médecin. Ce dernier était sympathique mais on ne pouvait pas dire qu'il était du genre performant. Il sortit une boite de cachets de son sac. Rapidement, il en avala un. Ses yeux se fermèrent un instant. Il chercha la bonne position pour calmer son crâne mécontent et attendit patiemment l'effet du médicament. Il ne survint qu'une bonne demi-heure plus tard. La rue en contre-bas s'était enfin faite silencieuse. Le vent frais venait s'insinuer sous ses vêtements. Un large sourire étira ses lèvres. C'était pile lors de ces instants qu'il se sentait le plus en paix.

Le cœur serré, il pensa uninstant qu'il allait pleurer, mais comme d'habitude ses yeux restèrent secs. Il ne pleurait pas souvent. Parfois il en aurait bien besoin, mais malheureusement ce n'était pas lui qui semblait être en charge à ce niveau-là. Il réouvrit les yeux, fixa le ciel couvert. L'amas de nuages ne lui permettait pas d'admirer les étoiles, il s'en sentit attristé. Au loin, un grondement se fit entendre. Il sursauta, grimaçant. Il détestait les orages. La première goutte de pluie lui tomba dessus, glissant le long de sa joue. Attrapant son sac et son cendrier, il plia bagage pour la soirée. Cette dernière ne lui avait été d'aucune productivité, comme celle d'avant, et celle avant elle. Peut-être que demain, ce serait différent. Et avec cet espoir ancré au fond du cœur, il rentra chez lui.

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Bonjour à tous ! Ça fait une ETERNITE !

Je ne suis plus réellement présente sur Wattpad... J'en suis désolée.

Ça faisait très longtemps que je n'avais pas réussi à écrire d'OS, j'en suis plutôt contente et je voulais vous le faire partager !

N'hésitez pas à me faire savoir si vous avez apprécié ou non !

~Nessyaa