Amour interdit

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Me revoilà avec un one-shot de nouveau dramatique (ne m'en voulez pas, je suis très à l'aise avec ce genre d'écriture).

Sur ce, bonne lecture








Son cœur battait d'une lenteur régulière, ce malgré les nombreuses larmes qui dévalaient ses joues, rougies par le froid de cette soirée estivale. Sa voix était entrecoupée par de violents sanglots tandis qu'elle essayait vainement de contacter la personne à l'origine de tous ses malheurs... Après être tombée sur le répondeur pour la troisième fois, elle laissa tomber son téléphone dans le vide, le faisant s'écraser sur le trottoir de l'immeuble où elle se trouvait. Plus précisément, elle se trouvait sur le toit du dit immeuble, ruminant sa tristesse. Une peine viscérale qui lui rongeait les os et lui bouffait les chairs, la tuant lentement, la faisant agoniser un maximum.


Tout avait pourtant bien commencé.


Elle était née dans une famille modeste, vivant avec ses deux parents et son frère, plus jeune de trois années. Elle avait une vie tellement banale, tellement normale, mais elle s'en contentait, se créant un monde imaginaire lors de ses nombreuses lectures. Elle avait des amis, pas énormément mais juste assez pour se sentir aimée et entourée, des amis à qui elle pouvait se confier, avec qui elle pouvait rire, parler, s'engueuler, se réconcilier et recommencer indéfiniment. Elle avait des résultats scolaires dans la moyenne, lui assurant un avenir prometteur. Ses professeurs la trouvaient sérieuse et assidue dans son travail, ils lui faisaient même des éloges durant les rencontres parents-profs.


Oui tout semblait être d'une banalité parfaite. Jusqu'à son entrée au lycée.


Elle se souvenait encore parfaitement de ce jour, de la tenue qu'elle portait, de la coiffure qu'elle s'était faite, du maquillage qu'elle s'était appliquée à rendre discret. Le tout pour se rendre aussi parfaite que son petit monde doré.

Lorsqu'elle avait ouvert les grandes portes de l'établissement, pénétrant dans le hall bondé de monde, son cœur s'était accéléré, elle avait retenu sa respiration durant un court instant, savourant la sensation d'être dorénavant une lycéenne. Certes ça ne changeait pas grand-chose, mais elle s'en sentait satisfaite. Elle avait rapidement trouvé ses amis, fait la connaissance de ses camarades de classe, mémorisé le nom de ses professeurs, découvert tous les recoins du lycée et tous ses secrets. Tout était encore une fois parfait.


Mais tout bascula en Novembre.


Une nouvelle personne avait fait son apparition dans l'établissement, intégrant sa classe. Elle en avait tout de suite été intriguée, que ce soit par son physique, son attitude ou encore par son look pour le moins spécial. Les cheveux magenta lui donnaient un certain charme. Mais ce fut son sourire qui la fit craquer, il était à la fois taquin, joueur, gentil et empreint d'une immense douceur. On dit souvent que la personnalité se reflète dans les yeux, mais sur le coup elle trouva ça totalement faux et stupide. Lorsque son regard croisa le sien, son cœur s'était arrêté brutalement pour repartir de plus belle, faisant rougir ses joues au passage. Elle ne comprit pas sa réaction et s'en tortura l'esprit pendant plusieurs jours, s'indignant d'elle-même lorsqu'elle lui adressait la parole en bafouillant légèrement, son visage rosissant à ses moindres sourires malicieux. Ce petit manège continua jusqu'en Février où la vérité lui éclata au visage.


Elle était tout bonnement tombée amoureuse.


Elle aurait dû s'en réjouir. C'était pourtant bien de son âge ce genre de chose... Seulement elle ne l'assuma pas. Le cacha. S'en horrifia. Allant jusqu'à dégrader sa santé sans s'en rendre compte. Ses amis s'en inquiétèrent, l'interrogèrent, cherchèrent à l'aider. Mais elle les envoya balader, se renfermant encore plus sur elle-même.

Pourtant malgré tous ses efforts pour oublier ce stupide sentiment, dès qu'elle croisait son regard furtivement, son corps et son cœur ne manquèrent pas ces occasions pour lui rappeler ce qu'elle ressentait. Pour lui rappeler qu'elle ne pouvait pas y échapper.


Et le manège infernal recommençait.


Bafouillements, rougissements, regards discrets, sourire en coin et j'en passe. Puis un jour elle cessa de s'en vouloir. Elle cessa de cacher ce qu'elle ressentait, elle prit son courage à deux mains et avoua son amour à la personne qui faisait battre son cœur depuis le premier regard. Contrairement à ce qu'elle pensait, elle ne reçut pas de réponse méprisante, pleine de dégoût ou de colère. Juste un « merci d'être tombée amoureuse d'une personne comme moi. ». Ce qui la choqua encore plus c'est le baiser qu'elle reçut juste après cela. C'était doux, taquin et rempli d'amour. De quoi redonner un coup de booste au cœur de la jeune fille.


Elle n'imaginait seulement pas tous les ennuis qu'elle allait avoir après ça.


Ils n'arrivèrent pas immédiatement, lui laissant le temps de vivre son petit amour caché un ou deux mois tranquillement. Elle se sentait tellement heureuse, tellement elle-même qu'elle en oublia les préjugés un peu trop vite et la réalité se chargea de lui foutre un bon coup de poing pour lui remettre les idées en place. Quelqu'un avait fini par les surprendre, il avait fait tourner les rumeurs et le petit couple s'était attiré la haine de beaucoup de personnes, heureusement certaines personnes y restaient totalement indifférentes, les ignorant la plupart du temps. Et c'est piégé entre les insultes, les brimades et l'ignorance que le joli couple connu sa première dispute. La jeune adolescente se sentait de nouveau monstrueuse et n'assuma plus du tout son amour, s'éloignant de sa moitié, faisant la sourde oreille aux supplications de l'autre. Mais l'amour en avait décidé autrement et la rappela à l'ordre. La projetant une nouvelle fois dans les bras si chaleureux de la personne qu'elle aimait, elle s'excusa mille et une fois pour son comportement égoïste et immature. Ses excuses furent acceptées sans le moindre problème, la trop grande dépendance qu'avaient ces deux personnes entre-elles brouillant leurs jugements.


Le couple avait décidé de s'accrocher, ne prêtant guère attention aux abrutis et aux tyrans.


Mais ça aurait été trop simple, n'est-ce pas ? Il fallait encore que le sort s'acharne, pas vrai ? Les poussant dans leurs derniers retranchements. Les poussant à rendre les armes, les larmes baignant leurs joues bien trop rougies pour leur jeune âge. A quinze ans on est censé s'amuser, faire ses premières conneries, les réparer et non refouler et endurer un amour insensé aux yeux du monde mais tellement pur et beaux aux leurs.

Alors quand les parents de l'adolescente apprirent pour sa relation et qu'ils la renièrent à moitié, son âme sœur prit la décision la plus difficile de sa vie : l'abandonner pour que tout puisse redevenir comme avant.


Sauf que tout empira avec son départ.


Et maintenant notre fillette abandonnée se retrouvait sur le toit de cet immeuble, son portable écrabouillé sur le trottoir, à une vingtaine de mètres sous ses pieds. Ses jambes fléchirent et elle s'écroula au sol, les yeux encore baignés de ces perles salées si détestables. Elle n'avait cessé de l'appeler et ce depuis son départ, une semaine plus tôt. Elle se sentait mal, morte de l'intérieur. Puis une douce colère monta en elle, une lueur de rage s'alluma dans ses yeux et elle commença à hurler contre le monde entier, contre son lycée et ces abrutis qui y allaient pour étudier, contre ses pseudos amis qui l'avaient laissée au moment où elle avait le plus besoin d'eux, contre sa famille qui ne l'acceptait pas, contre sa moitié qui l'avait abandonnée pour son « bien », contre elle-même.


Elle se haïssait pour être tombée amoureuse d'une autre fille et pour ne pas pouvoir renoncer à son amour pour elle, pour cette idiote aux cheveux magenta qui l'avait aimée en retour.


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Coucou, alors vous avez aimé ?

N'hésitez pas à laisser un commentaire, positif comme négatif, y'a pas de problème du moment qu'il est constructif.

Et surtout si vous voulez un one-shot dans un genre particulier, dite le moi !

~Nessyaa

Recueil d'histoiresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant