Chapitre 19 : Chloé

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Comme je m'y attendais, mes amies n'ont pas arrêté de cracher leur fiel sur Chris et sa bande et je. N'en. Peux. Plus. Elles ont essayé en vain de m'inclure dans leur conversation et j'ai fini par dire que j'avais la migraine pour pouvoir partir sans provoquer de commentaire.

Je me retrouve, comme par hasard, sur les gradins du terrain de hockey –bien loin de l'infirmerie -à observer l'entraînement des garçons. Je repère vite Chris et ne peux plus le quitter des yeux. Je le trouve impressionnant. Non seulement c'est un joueur manifestement exceptionnel, mais c'est aussi un super capitaine qui sait motiver ses troupes et encourager chacun. Je n'ai jamais été une grande fan de sports, mais j'avoue que je pourrais m'y mettre.

A la fin de l'entraînement, Chris, Mat, Théo et les autres se tapent dans le dos en riant et je m'apprête à me lever pour partir. À ma grande surprise, Chris ne se dirige pas vers les vestiaires comme ses coéquipiers, mais dans ma direction. Je jette un coup d'œil derrière moi, certaine d'y voir Lio et Rose, mais je suis la seule spectatrice présente. C'est moi qu'il vient voir ?

– « Salut Chloé ! Alors ? Tu aimes le hockey ? »

– « Oh, euh... Oui... Enfin, j'y connais pas grand-chose, mais j'ai trouvé ça vraiment sympa. Même si je n'ai pas tout compris aux règles, à vrai dire. »

Il secoue la tête en riant et ôte son casque de protection : étrangement, c'est le truc le plus sexy que j'aie vu un garçon faire. Je remonte mes lunettes sur mon nez pour me donner une contenance, mais il se met à m'expliquer les règles principales comme si de rien n'était. Je lui demande des éclaircissements au fur et à mesure, surprise d'être aussi intéressée.

– « Enfin, bon, reviens nous voir jouer, ce sera beaucoup plus clair, et les matches sont plus palpitants que les entraînements ! » Conclut-il avec son sourire éclatant et son regard incisif. Bizarrement, il a réussi à me mettre à l'aise et je peux lui répondre sans rougir ni avoir le front moite, même si mon cœur bat un peu plus vite que d'habitude.

– « OK, avec plaisir ! Je viendrai vous encourager mercredi après-midi pour votre match. De toute façon j'ai décidé d'arrêter la danse pour me consacrer uniquement au violoncelle, donc j'aurai plus de temps pour moi. »

En fait, je viens de prendre cette décision à l'instant et il va falloir que je l'annonce à la prof et surtout aux filles. Pourtant, je me sens soulagée et sereine. Il y a déjà longtemps que ça me saoule de jouer les faire-valoir pour les jumelles et que j'ai cessé de trouver tout intérêt à cette activité.

Chris hoche la tête d'un air grave, comme s'il devinait l'importance de cette prise d'indépendance, puis me sourit à nouveau, encourageant.

– « Alors je compte sur toi : nous aurons besoin de tous nos supporters, mercredi ! Montreuillon est un adversaire de taille... Je viendrai t'écouter jouer du violoncelle, en échange. »

– « D'accord ! Super ! J'espère que tu ne seras pas trop déçu, je suis loin d'être une virtuose, si j'en crois Maud... »

– « Franchement, Chloé, je crois que tu devrais arrêter d'écouter l'avis de quelqu'un d'aussi malveillant qu'elle. Si elle te dit que tu n'es pas douée, c'est qu'elle n'est pas ton amie... Et j'ai du mal à croire qu'une fille impliquée comme toi ne soit pas bonne dans tout ce qu'elle entreprend. Bon, je te laisse, il faut que j'aille me doucher et me changer : les autres m'attendent pour l'exposé de géo. À plus tard ! »

– « À plus tard ! » Je répète bêtement, des papillons dans le ventre et des paillettes plein les yeux.

Incroyable ! Non seulement ce type est canon, mais en plus il est tellement sympa ! Je rentre à l'internat pour l'heure d'étude, le cœur et le pas léger, les yeux levés vers le ciel lumineux de ce début de printemps.

Il s'est enfin passé quelque chose de cool dans ma petite vie étriquée de collégienne... Waouh !

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