Chapitre 5 : Mya

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Vu la tournure des événements, nous décidons de regagner nos chambres, histoire d'être tranquilles un moment. Je sais que Sam ne va pas bien, mais je ne peux pas faire grand-chose de plus pour lui maintenant. Je vais finir de recopier mon devoir de maths (eh, oui, déjà ! ) puis je vais dessiner jusqu'à ce qu'il soit l'heure d'aller prendre ma douche et me coucher. Je suis obligée de repousser tout le bazar que Jade a accumulé sur notre grand bureau commun. Ses affaires occupent les trois quarts de l'espace : en plus de deux cahiers, on peut y trouver quatre palettes (géantes) de fards à paupières, une dizaine de rouges à lèvres et de vernis à ongles, des extensions de cils et de la colle (!?), des tubes de fond de teint, du blush, des eyes liners, des mascaras, de la poudre libre ou pas, des parfums, des trucs et des machins dont j'ignore tout et toutes sortes de pinceaux, larges, fins, ronds ou plats qui me font diablement envie, même si j'imagine qu'ils ne verront jamais la moindre goutte de peinture (quel gâchi !). Si j'avais autant d'argent à dépenser, je n'ose même pas imaginer toutes les fournitures de dessin et de peinture que j'aurais sous la main !

Epuisée par cette première journée pleine de contrastes, je me couche avant le retour des autres filles et je me tourne du côté du mur lorsqu'elles reviennent. Elles allument le plafonnier et je remonte les draps sur ma tête pour échapper à la lumière éblouissante et à la discussion animée entre les jumelles.

- « Doucement, les filles , intervient Rose à mi-voix en éteignant le lustre. Vous allez réveiller Mya. »

Seuls des ricanements lui répondent mais elles se taisent tout de même. J'entends un entrechoquement de flacons sur le bureau et j'en déduit que Jade remet ses affaires à leur place initiale. Un « oups ! » et un gloussement lui échappent, remplacés par des froissements de vêtements. Il faut une bonne demi-heure pour que les filles soient enfin prêtes à se coucher et éteignent leurs lampes de chevets. Moi qui aime me coucher tôt, je suis servie...

Le lendemain matin, j'attends que les autres soient parties se doucher pour me lever et m'habiller vite fait. Je prépare mon sac pour la journée, me rappelant à la dernière seconde que mon devoir de maths est resté sur le bureau. Fatale erreur, de toute évidence : une flacon de vernis violet pailleté a été renversé dessus, le rendant illisible. Ça pourrait passer pour un accident si le vernis n'avait pas coulé uniquement sur ma feuille. Une façon comme une autre pour Jade de marquer son territoire, j'imagine...

Je sens qu'il va falloir me faire à l'idée que ce n'est pas mon bureau mais la table à maquiller de ma voisine ou faire la guerre des nerfs toute l'année.

Lorsqu'elle revient pour finir de se pomponner, je ne peux pas m'empêcher de faire une remarque.

- « Si tu pouvais éviter de renverser des trucs sur mes devoirs, ça m'arrangerait. »

- « Ben évite de les laisser traîner , alors, parce qu'une maladresse est vite arrivée. »

Ma parole ! Elle me menace, ou quoi, cette chipie ?

- « Comme tu dis ! » Je lui réponds sèchement en me dirigeant vers la porte.

- « Dis-donc, j'espère que tu as l'intention de te laver et de te changer de temps à autres, la cassos ! S'exclame Maud alors que je quitte la pièce. Parce que ça commence à sentir le fennec, dans cette chambre ! »

- « Eh bien c'est bizarre, parce que je me suis douchée hier soir et changée ce matin... C'est peut-être les dalmatiens morts, dans ta valise, qui commencent à sentir ? »

Et je file vite fait vers les escaliers pour éviter de prolonger cette conversation.

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