Le magasin est désert. J'observe les produits me faisant face, quand, du coin de l'œil, j'aperçois Ruggero.
- Tu t'es perdu dans les rayons ?
- Non, j'essayais de me remettre du fait que je n'aurais peut-être jamais de descendance. grogne-t-il amèrement en venant se placer à mes côtés pour observer l'étalage.Je dois user de toute ma bonne volonté pour ne pas éclater de rire. Ruggero le remarque.
-Tu fais vraiment petit-ange à première vue, mais t'es une vraie garce en fait.
- Seulement avec les gens qui me poussent à l'être. souligné-je docilement.Je désigne un pack de quatre bols vendus à moitié prix mais le fils de mon patron attrape ceux juste au-dessus. Beaucoup plus chères. Et vendus à l'unité.
-Ton père a pas dit qu'il te coupait les vivres ? Tu devrais pas faire plus attention du coup vu que tu payes ça avec tes économies ?
Il fait la moue. Toutefois, il ne repose pas ce qu'il a en main et se dirige vers les caisses sans un mot de plus. Admettre que j'ai raison briserait son égo, et bien entendu, il ne pourrait le permettre. D'autant plus que je l'ai déjà assez blessé dans son estime pour aujourd'hui. Je le suis, souriante.
Je sens que je l'agace à paraître aussi heureuse, mais il ne dit rien jusqu'à ce que nous retournions à la voiture. Il se laisse tomber sur son siège lourdement.-Je m'excuse.
Il l'a lâché si promptement et rapidement que je doute de ce que j'ai pu écouter.
- Pardon ?
- T'as très bien entendu gamine, me fait pas répéter. ronchonne-t-il en s'attachant.Je suis vraiment surprise.
-Il faut donc en arriver à te mettre un coup de genou bien placé pour que tu t'excuses ? Drôle de façon de fonctionner, mais je retiens.
- Tu es hilarante. raille-t-il en allumant le moteur et en quittant la place de parking. Je comptais m'excuser avant que tout ça n'arrive, je m'attendais pas à ce que tu prennes aussi mal le fait que je te traite de...Il a dû sentir que je venais de poser sur lui un regard noir, car il ne termine pas sa phrase. Un silence de quelques minutes s'ensuit, pendant lesquelles je me mets à regarder défiler la route.
-Je suppose que je dois m'excuser aussi pour m'être emporter comme je l'ai fait tout à l'heure. Et les fois précédentes. Et pour ton pull. Et ton cahier.
Ses mains se crispent sur le volant à l'évocation de ce dernier détail, sa mâchoire se contracte. Ma réplique jette un froid dans le petit habitacle alors que je pensais bien faire. Mais il finit par inspirer profondément comme pour chercher à retrouver son calme, ce qui me soulage. Je ne sais pas où je peux trouver la force à chaque fois pour le défier comme je le fais. Le voir en colère me fait peur, surtout depuis qu'il m'a jeté dans une piscine. Et en même temps, l'envie de le recadrer et de ne pas me laisser davantage marcher sur les pieds est plus forte que tout. Je me suis déjà tellement laisser faire auparavant. Avec lui, je me déchaîne, et avec ceux de sa famille, je contiens et contrôle un peu plus mes émotions et ce que je veux dire ou non. Mais quand je me revois à croupir sur le sol, dans un état lamentable, ou à pleurer et rester muette face à des personnes qui me regardaient et me traitaient comme un pauvre animal, je me dis que je ne veux plus jamais revivre ce type d'humiliation. Je préfère prendre les devants maintenant. Depuis que je suis là, et même si ça ne fait pas longtemps, c'est devenu ma nouvelle devise : me montrer plus froide et dure que je ne le suis réellement pour me protéger. En venir aux mains n'était pas dans mes plans, mais ça, c'est dû à l'effet bien trop néfaste que le fils des Pasquarelli a sur moi apparemment... Je sentais que ça allait arriver de toute façon. Je l'énerve autant qu'il m'exaspère. On ressemble vraiment à deux enfants qui, vexés par l'attitude de l'autre, préfèrent se taper dessus plutôt que de s'exprimer car ils ne trouvent plus les mots pour montrer à quel point ils se sentent blessés et offensés par l'autre.
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Âmes-Jumelles ~ Tome 1 : Alchimie
FanfictionSexy, arrogant, égocentrique, insupportable, triste, renfermé, détestable, hautain... Complexe. Autant de mots qui décrivent à la perfection Ruggero Pasquarelli. Et malgré son tempérament exécrable, Karol est irrésistiblement attirée par cet homme...