Mon estomac se tord anormalement, je me recule promptement et me libère de sa poigne, dans l'incompréhension la plus totale.
- T'es complètement taré Pasquarelli !
- T'as aimé ?rit-il quelque peu nerveusement en se redressant à son tour.La claque part toute seule.
- Pauvre con !
- Je t'embrasse et tu me fous une gifle ? grimace-t-il en se massant la joue.
- Et c'est toi qui joue les indignés ?
- Bah personne refuse un baiser venant de moi... Je dompte toutes les filles comme ça.
- Elles doivent être aussi dingues que toi.
- Non, elles ont du goût... Qu'est ce qui cloche chez toi ?
- Je te renvoie la question : qu'est ce qui cloche chez TOI ? Tu te montres détestable avec moi depuis mon arrivée, et d'un coup tu m'embrasses ?Je me remets sur mes deux jambes en même temps que lui, qui finit par hausser les épaules, reprenant son air nonchalant.
- On est censé être meilleur ami, non ? Je voulais juste qu'on s'amuse un peu, rajouter du piquant dans notre fausse relation amicale.
Mes bras retombent le long de mon corps. Je suis éffarée. Il est vraiment cinglé.
- Tu te rends compte que ce que tu dis n'a aucun sens ?
- C'est toi qui n'a aucun sens de l'humour surtout.
- Ouai ça doit être ça. On a pas du tout le même sens de l'humour.
- EH VOUS DEUX !Nous sursautons à l'unisson. Maria arrive vers nous à grand pas, son visage défiguré par ces habituels traits sévères.
- Moins de bavardage et plus de travail ! Je ne sais pas comment vous vous êtes débrouillés pour mettre plus de peinture au sol que sur ces murs et sincèrement, je m'en moque, mais je compte sur vous pour tout me nettoyer ensuite.
Elle tape des mains, et à ce signe, nous reprenons nos pinceaux et nous mettons à peindre en silence.
- J'espère voir au moins cet espace fini avant ce soir.gronde-t-elle en tournant les talons.
Une fois qu'elle est assez loin, j'entends Ruggero l'imiter en prenant son air coincé. Je déteste cette bonne femme presque autant que lui, ça nous fait notre premier point en commun finalement.
- Je la supporte de moins en moins... La vieillesse ne lui réussit pas du tout.se plaint-il.
Je pouffe intérieurement et même si je lui donne raison, je reste de marbre face à mon mur pour ne pas qu'il pense que je lui ai déjà pardonné son acte. Nous restons plusieurs minutes plongé dans un mutisme assez lourd pendant lequel je me remet justement à penser à ce baiser. C'est tout bonnement incompréhensible. Comme sa personne en fait. Je me mords discrètement l'intérieur de la joue lorsque l'image de ses lèvres se posant sur les miennes retraversent furtivement mon esprit. Mes orteils se replie dans mes chaussures, je me sens soudain chauffer des joues et suis prise d'une bouffée de chaleur. La vérité est que je suis bien plus en colère contre mon propre corps et mes ressentis, que contre Ruggero lui-même.
- Tu fais ça bien...me complimente l'occupant de mes pensées actuelles.
Je fais ça bien ? Il parle du baiser ou...?
- Ton coup de pinceau.précise-t-il voyant que je ne réagissais pas.
Mon dieu... Je me sens fondre, humiliée par les propres questions qui venaient de fuser en mon fort intérieur. Quel affront à moi-même...
- Merci.répond-je simplement pour éviter de montrer mon mal-être.
- On dirait que tu as l'habitude.
- J'ai déjà fait, oui.Il hoche lentement la tête. Je vois qu'il a un peu perdu de son assurance dans sa façon de parler tout à coup. Je l'observe de biais. Les épaules affaissées, il paraît plus vulnérable que d'habitude. C'est comme si les immenses barrières qu'il s'efforçait sans cesse de maintenir autour de lui, s'effritaient légèrement.
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Âmes-Jumelles ~ Tome 1 : Alchimie
FanfictionSexy, arrogant, égocentrique, insupportable, triste, renfermé, détestable, hautain... Complexe. Autant de mots qui décrivent à la perfection Ruggero Pasquarelli. Et malgré son tempérament exécrable, Karol est irrésistiblement attirée par cet homme...