C'est dans un sac de course généreusement offert par Madame Coste, que je suis en train de ranger mes affaires. Les filles étudient dans la salle commune, mais Pearl est fidèle à son poste, juste derrière moi. Étant une des plus petites du groupe, elle a rapidement fini ce qu'on lui avait donné à faire pour revenir à mes côtés. Je ne sais pas quand on se rendra vraiment compte de sa disparition, mais je suppose qu'on ne lui en voudra pas. J'avais demandé à Madame Perez de nous laisser du temps à toutes les deux. Elle m'avait promis qu'elle en parlerait à son équipe et qu'ils lâcheraient la bride à Pearl, exceptionnellement.
Je plie le peu d'habits que j'ai et me tourne à demi vers ma petite princesse, bien silencieuse. Mains posées devant elle, entre ses jambes alors écartées, elle me fixe tristement, la mine boudeuse.- Pourquoi tu peux pas m'amener avec toi?
Je lâche un soupire et fourre le dernier t-shirt que je possède dans le sac pour ensuite lui faire face.
- Je n'ai pas le droit de te prendre... Parce que je pourrais pas m'occuper bien de toi. Je n'aurais rien en sortant d'ici. Mais si je le pouvais, crois-moi que je le ferais.
Mon coeur se serre en la voyant se frotter les yeux, signe qu'elle est au bord des larmes.
- Je veux partir avec toi.insiste-t-elle, la voix chevrotante.
Pearl, c'est un peu celle qui a remplacé le seul membre de ma famille qui comptait vraiment et que j'avais perdu. Je déglutis difficilement. Mes yeux me piquent. Mais je n'ai pas le droit de pleurer. Pas devant elle. Je dois lui montrer que tout se passera bien, pour elle, comme pour moi, qu'il n'y a aucune raison de s'en faire ou de verser des larmes.
- Écoute, je te promets que je ferai absolument tout pour revenir te chercher, si personne ne le fait avant ça... Et je viendrai te voir autant que je le pourrai et qu'on me le permettras... Et je te téléphonerai.
Elle a les yeux rouges et j'obtiens pour simple réponse un petit reniflement. Elle ne me regarde même plus. Elle est perdue, mais a compris que rien ne sera plus comme avant. Elle ne veut pas me voir partir, et d'un côté, je ne veux pas la quitter non plus. Mais je ne peux plus rester enfermer ici. Ce qui est certain c'est que, pour elle, je reviendrai. Dès que ma situation sera plus stable, je la prendrai avec moi. Je souhaite de tout coeur qu'une bonne famille l'accueille, et en même temps, égoïstement, j'espère que ça n'arrivera pas avant que moi-même je puisse le faire.
Je me penche sous mon lit pour attraper mon calendrier et un carnet de note, dans lequel je prenais mes cours mais qui s'est vite transformé en carnet de dessin. Je les observe un petit moment puis les tends vers Pearl.
Ses yeux s'illuminent lorsqu'elle les posent sur les deux objets, pourtant dans un bien piètre état.- Comme ça tu auras toujours un peu de moi avec toi ! dis-je d'un ton enjoué.
Elle les prend si délicatement, concentrée, comme si je lui donnais une pierre précieuse. Elle me surprendra toujours. Elle est déjà si appliquée pour son âge. Et cela se perçoit dans la majorité de ses faits et gestes. Elle pose le bout de carton à moitié plié derrière elle puis ouvre le carnet et sourit à la vue des dessins. Elle se souvient sûrement des histoires que je lui racontais, tout en lui dessinant ces petits personnages.
Elle referme le petit bouquin pour le poser à côté du calendrier puis s'approche à quatre pattes de moi, avant de venir s'accrocher à mon cou. Je lui rends très fort son étreinte, serrant son petit corps frêle contre le mien et lui frottant doucement le dos.
Ça ira...*
Une heure plus tard, je me retrouve devant mon employeur. Celui-ci me regarde du coin de l'oeil de temps à autre, en même temps que Madame Perez nous fait signer deux ou trois documents. Je me sens petite. Toute petite et ridicule. Mon t-shirt blanc, pourtant un de mes préférés, paraît avoir une couleur complètement délavée et terne quand je le compare à la chemise de l'homme imposant se trouvant en face de moi. Et mon jean baggy quant à lui a été tâché durant la pause déjeuner. J'aurais aimé être plus... Présentable. Mais mes autres vêtements ne sont pas mieux que ceux que je porte actuellement.
Ça faisait longtemps que je ne m'étais pas sentie aussi gênée et écrasée par la présence de quelqu'un. Je me sens mal. Complètement intimidée.
Je lui donnerais la cinquantaine, tout au plus. Il porte un costard-cravate digne de ces hommes d'affaires chics, que j'aurais pensé ne pouvoir voir qu'à travers un écran de télévision. Il impose beaucoup de respect bien que je me sente fortement jugée depuis tout à l'heure. Et bon sang, ça a le don de m'agacer, et de me déstabiliser, en plus de me rendre vraiment nerveuse.
Trop occupée à être perdue dans mes pensées, je l'entends vaguement m'interpeller, jusqu'à ce que la voix tonitruante de Madame Perez me tire de mon état statique.
Je balbutie des excuses à l'égard de Monsieur Pasquarelli.
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Âmes-Jumelles ~ Tome 1 : Alchimie
FanfictionSexy, arrogant, égocentrique, insupportable, triste, renfermé, détestable, hautain... Complexe. Autant de mots qui décrivent à la perfection Ruggero Pasquarelli. Et malgré son tempérament exécrable, Karol est irrésistiblement attirée par cet homme...