Chapitre 9 ~ Parce

20 3 0
                                    

Assis sur le canapé, nous attendons patiemment que daigne se manifester Ruggero. David fait quelques remarques sur les articles de presses qu'il voit sur internet. Anastasia est à ses côtés et feuillette un magazine de mode français, affirmant tout ce qu'il raconte sans même vraiment l'écouter. Pendant ce temps, tout ce à quoi je pense est que je veux retourner dans mon lit. J'ai passé une nuit mouvementée et mon coussin me manque. J'aurais aimé que cet échange soit rapide mais un des principaux concernés se fait désirer. Et je ne sais pas pourquoi, mais je suis persuadée que c'est dans sa nature. Nous entendons la porte d'entrée s'ouvrir puis se refermer. J'en sursaute presque. Ruggero débarque dans le salon, encore décoiffé, il balance nonchalamment sa veste sur un des accoudoirs du canapé puis va s'installer à l'opposé de l'endroit où je me trouve, évidemment. Il ne jette même pas un regard aux personnes qui l'entourent et paraît avoir aussi bien dormi que moi.

- J'espère que tu as bien profité de ta soirée ! s'exclame durement David en posant ses lunettes et son journal sur la table basse.
- Ouai. marmonne-t-il d'une voix enrouée en se frottant les yeux.

Ça sent le lendemain de cuite...
L'alcool. Quel merveilleux moyen d'effacer ses soucis, ne serait-ce que pour un court instant. Mon père adorait ça. Pour ma part, je ne comprendrais jamais le réel intérêt de terminer bourrer : même si pendant un moment on se sent plus léger, la réalité finit toujours par nous rattraper, et brutalement en plus. Tu dois encore moins assumer ta situation le lendemain. Puis en plus, le goût me répugne.
Mais chacun son délire après tout.

- Super ! Parce que ce sera la dernière jusqu'à notre retour du Japon avec ta mère. déclare le père de famille.

Ça n'a pas l'air de faire réagir le jeune adulte. Il affiche même un sourire en coin puis finit par pouffer de rire, nous laissant tous perplexe.

- Et pourquoi je t'obéirais ? J'ai dépassé l'âge pour...
- Tant que tu vivras sous mon toit, tu m'obéiras. le coupe-t-il sèchement. Si tu veux être complètement libre de tes actes, fais de vraies études, trouves toi un vrai job et arrête de compter sur mon argent pour te nourrir et combler tous tes caprices.
- Tu pourras me forcer à rien.
- J'ai déjà coupé tes vivres, ce qui s'est passé hier, c'était de trop Ruggero. On est tous excédé par ton comportement et tes excès de colère qui ont failli couté la vie à quelqu'un. Tu te rends compte de ça au moins ? T'as pas l'air d'en avoir conscience.
- OUI, et je t'ai dit que j'étais désolé ! commence-t-il à s'irriter.
- Ce n'est pas à moi que tu dois t'excuser, comme je te l'ai aussi expliqué.

J'étais tellement bien en tant que spectatrice. Malheureusement je compte dans cette histoire. Ruggero me lance un rapide coup d'œil. Tellement noir et provocateur que j'ai cru me liquéfier sur place tant je ne m'y attendais pas.

- Mais elle m'a poussé à bout et puis qui ne sait pas nager de nos jours !
- Je t'annonce que tu auras tout le temps de lui apprendre si tu le souhaites.
- Quoi ?!

Ma voix s'est cette fois unie à celle de Ruggero. J'ai loupé un épisode. OH David, on avait convenu que j'allais apprendre à le connaître, pas faire mumuse avec lui dans l'eau. Je ne lui fais absolument pas confiance pour ça.
De toute façon, d'après ce que j'ai pu voir de Ruggero, il va l'envoyer bouler violemment. Question d'argent ou pas. Ce gars peut pas me voir en peinture. Et j'ai du mal à me le farcir aussi. Alors autant arrêter les frais maintenant. J'ai failli mourir une fois, j'en ai pas fermé l'oeil de la nuit, cela m'a donné des idées vraiment sombre qui restent encore dans un coin de mon esprit actuellement, j'aimerai autant éviter de réitérer l'expérience.

-Durant les prochaines semaines, vous allez travailler ensemble.

J'aurais juré hier que ça m'était égal de passer plus de temps avec Ruggero et pourtant à ces mots, je me sens tendue et en colère. Sans vraiment comprendre pourquoi, ni d'où me viennent ces sentiments. J'observe les réactions de Ruggero. Il s'est un peu plus enfoncé dans le canapé, comme si on venait de lui affecter la pire des sentences.

Âmes-Jumelles ~ Tome 1 : AlchimieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant