6 // Draco

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Mais qu'est-ce-qui lui avait pris ? 

Et qu'est-ce-qui m'avait pris ? 

J'observais sa silhouette quitter ma tente, titubant maladroitement à cause de son état d'ébriété. 

Lorsque je fus certain qu'il avait bel et bien quitté les lieux, je laissais échapper l'air que j'avais retenu dans mes poumons. Je sentais mon cœur battre dans ma poitrine à m'en rompre les côtes, comme si je venais de courir un marathon. Mes mains se mirent à trembler le long de mon corps alors que je réalisais ce qui venait de se passer.

Il m'avait vu...

Il avait vu ces cicatrices. 

Il avait vu mes pires imperfections et ma plus grande honte.

Je ne m'étais jamais senti aussi vulnérable que lorsque ses doigts avaient glissé sur mon dos. J'avais l'impression que ma peau s'effritait douloureusement sous son touché, j'avais sentis sa chaleur envahir la mienne, embrasant toutes ces pensées négatives que je gardais dans un coin de mon esprit. 

Je m'étais rapidement soustrait à son touché, mais pas assez vite. Je pouvais encore sentir ses doigts sur ma peau nue, comme s'il m'avait marqué au fer blanc. 

Puis .... je ne savais même plus. Il m'avait regardé si intensément, comme fasciné, comme s'il observait quelque chose d'interdit, comme un enfant qui regarde par la vitrine du magasin de bonbons une sucette particulièrement appétissante. Ses yeux verts brillaient dans la pénombre et cette étincelle en lui m'avait tellement charmée, que je n'avais eu l'envie de protester lorsque ses lèvres s'étaient écrasées contre les miennes. 

J'inspirais profondément, son odeur de café froid et de sève toujours bien présente dans la pièce. 

Je goutais encore l'alcool de sa langue sur la mienne. 

Je me laissais tomber sur mon lit en me touchant les tempes. 

Avec un peu de chance, il oubliera cet incident d'ici demain matin. 

Je ne pouvais pas me laisser distraire par un homme qui m'inspirait autant d'agacement. Je ne pouvais pas me laisser avoir par cette attraction indéniable que j'avais pour le sorcier. Je ne pouvais simplement pas me laisser avoir  par un homme aussi chaotique et aussi différent de moi. ... mon cœur n'y survivrait pas.

J'inspirais profondément, ignorant la difficulté avec laquelle ma poitrine se soulevait. 

Je me redressais et attrapais ma baguette d'un geste rapidement pour enfiler ma chemise. 

Je ne dormirais pas cette nuit. J'allais trop réfléchir, ressasser encore et encore cette scène étrange. Autant passer mon temps à quelque chose d'utile dans ce cas. 

Je me laissais tomber sur ma chaise de bureau en agitant à nouveau la baguette pour allumer quelques lampes à huile et éclairer mon travail. J'étalais certains parchemins devant moi et tentais de me rappeler ma conversation avec Quinn. Elle m'avait parlé des traces qu'ils avaient trouvées, tout comme les dragons qu'ils avaient brièvement aperçus, je tentais de dresser un profil des créatures, pour déjà avoir une idée des différentes races que nous pourrions rencontrer dans cette nichée. 

Je laissais mes pensées sombres se noyer dans les formulaires, les ouvrages d'identifications et les caractéristiques des dragons. Je me laissais emporter par la sensation rassurante des protocoles d'identifications, des traités sur les dragons et des normes de marquage. Je me laissais submerger, repoussant, refoulant, le souvenir de la sensation de vulnérabilité que j'avais ressentis sous les doigts de Harry. 

Le nid du dragonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant