𝟓 𝐌𝐈𝐍𝐔𝐓𝐄𝐒 𝐀𝐖𝐀𝐘© [𝚃𝙴𝚁𝙼𝙸𝙽𝙴]

𝙲𝚑𝚊𝚙𝚒𝚝𝚛𝚎 𝟺𝟽

Assise sur mon lit, un bout de papier à lettres à la main et un stylo plume dans l'autre, je griffonne des signes des formes et des trucs du genre...  

La brillante idée d'écrire à Lukas ce que je ressens, ce que je ne peux pas dire, ce qu'il a besoin de savoir sous forme de lettre m'est venue il y a quelques jours, alors que je prenais une douche

En noircissant le papier propre, je repense aux évènements qui se sont passé ces derniers temps, la force avec laquelle Lukas est entré dans ma vie, la façon dont il l'a chamboulée, la façon dont il me regarde et me détruit. La manière avec laquelle il prend soin de moi, et celle avec laquelle il me fait croire qu'il m'aime. 
Ses sentiments, pour moi, sont irréels. Il cache en lui en rage qui lui fait peur, qui me fait peur... Je ne sais pas pourquoi, parmi toutes les filles de LA, il m'a choisie moi, la plus déprimée d'entre elles, la plus brisée et la plus détruite... Pourquoi ? 

Personne ne peut dire que les filles tristes sont jolies, sauf s'ils peuvent les tenir quand elles sont hystériques à 3 heures du matin. Personne n'est autorisé à dire que les filles tristes sont parfaites, s'ils n'ont jamais vu les blessures qui jonchent leur corps et qui représentent un combat qu'elles ont perdu avec elles-mêmes. 

Ne dites pas aux filles tristes que vous êtes amoureux d'elles, sauf si vous l'êtes vraiment et entièrement. 

Je ne sais pas si Bradyn comprendra, si Kendra comprendra, si Lukas lui-même comprendra... C'est soûlant, je suis soûlante, je sais. Je sais que ce n'est pas facile d'aimer une fille comme moi, de surveiller ses moindres faits et gestes quand on est avec moi, de faire attention de ne pas me briser à chaque fois car je suis fragile, car je ne supporte plus rien. 

Je suis fatiguée, je suis crevée car moi aussi je mérite d'être heureuse, moi aussi je mérite quelqu'un qui fera attention. Enfin... Je sais aussi pertinemment qu'un couple parfait n'existe pas. Que le garçon brisera au moins une fois la fille qu'il aime. Même s'il est fou amoureux, même s'il ne peut pas vivre sans elle. Il la détruira. 

Un garçon reste un garçon. C'est ce que Lukas et Bradyn m'ont appris. Bradyn, lui, a fait preuve de lâcheté. Lukas, au contraire, n'a pas été lâche. Il a juste laissé sa rage le consumer, et il a craché toute sa haine sur moi. 

J'appréhende le retour de Leon, il a été enfermé ici, dans une prison de Los Angeles, d'après ce que m'a dit Lukas. Nous irons le dans 4 jours. Il lui a donné rendez-vous quelque part dans un café ou je ne sais où... 

Peut-être que Lukas va exploser une nouvelle fois. Peut-être qu'il va le frapper, que ça va tourner en carnage... 

De toute façon, quoiqu'il arrive, je serais là pour le tirer de là. Et au moins j'aurais tenu ma promesse. Il verra son frère. 

Ou alors, peut-être qu'ils vont se serrer dans les bras et que ça sera un moment tout bonnement mignon entre frères. Oui, tout est possible. Lukas est imprévisible, on peut s'attendre à tout. 

Moi aussi, j'ai hâte de voir à quoi ressemble Leon. J'ai hâte de voir s'il est vraiment comme on le décrit. Et j'ai envie de voir s'il colle avec le portrait robot que je me suis fait de lui dans ma tête. 

Je me gratte la tête et termine ma lettre en la signant. Je regarde mon écriture en italique, je n'ai fait aucun effort là... Je ne l'ai même pas soignée, ma lettre.

C'est la première lettre que j'écris, lettre que je ne lui donnerai sûrement pas, je n'aurais pas le courage de le faire... 

Je me penche et fouille sous mon lit, accrochée, la tête à l'envers. Surprise de la voir ici, j'aperçois ma petite boîte en velours bleue, dans laquelle je cachais les perles et les babioles que je trouvais, les coquillages, les petits trésors... Je la saisis et me rassois correctement sur mon lit.

Je l'ouvre et ouvre par la même occasion une porte de mon passé. Les larmes coulent de plus belle sur mes joues quand je touche un coquillage que j'avais trouvé avec mon père. C'est lui m'a aidée à enlever le sable... Je fouille un peu en plaçant une mèche rebelle derrière mon oreille. Je tombe sur une photo pliée. Je souris en pleurant quand je constate que c'est une photo de moi et mes parents. Je suis entre eux et je souris. Sur le dos de la photo, je remarque une écriture gracieuse, j'arrive à distinguer « New York City, December 25th 2014 ». 

Un sourire vient étirer mes lèvres, c'était Noël, je m'en souviens si bien de cette photo... J'avais 12 ans environ... Oui, 12 ans. C'était le plus beau Noël de ma vie, la ville était si belle, décorée de lumières et de joie. 

La vie était si belle... 

Je pose la photo et continue de redécouvrir les souvenirs d'une vie qu'on m'a arrachée, les souvenirs d'une enfance volée... Des boucles d'oreilles, une petite figurine en verre... 

Franck a sûrement dû ramener cette boîte ici, je cherchais un simple carton. La voir comme ça, devant moi c'est... Wow. 

Je prends ma lettre et la mets dans une enveloppe avant de numéroter cette dernière. « Lettre numéro 1 ». 

Je reprends le couvercle tout doux et bleu que je dépoussière avant de le remettre sur la boîte. Je me lève la poser sur mon étagère, bien cachée derrière les livres au dessus de mon bureau marbré de rose. 

Le lampadaire éclaire ma chambre. Dehors, il fait noir et quelques néons orangés illuminent la pièce. C'est si joli... 

Je ne prends pas la peine d'allumer les lumières. Je fais juste un tour rapide aux toilettes pour me laver la figure, émue et à la fois heureuse d'avoir redécouvert ce trésor... 

Je rejoins ma chambre une nouvelle fois, mets mes écouteurs et plonge dans l'univers de Yungblud, cette chanson, Mars... C'est si beau...