𝙲𝚑𝚊𝚙𝚒𝚝𝚛𝚎 𝟻𝟻 - 𝘠𝘰𝘶 𝘢𝘳𝘦 𝘢 𝘮𝘦𝘮𝘰𝘳𝘺.

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Mon permis a été saisi, et mon fric a été relégué à mon père

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Mon permis a été saisi, et mon fric a été relégué à mon père. C'est Franck qui me conduit au tribunal, il est 9 heures du matin. Le silence règne sur l'atmosphère de la voiture qui roule lentement dans les rues paisibles de le Los Angeles, suivie par celle de mon père, et celle de ma mère, accompagnée de Valentýna. Je souffle et passe mes mains sur mon visage mal rasé.

J'ai tué mon frère.

A chaque fois que j'essaye d'oublier son regard, ça ne marche pas. Ses yeux effrayés, terrorisés, tout ce sang et ce visage déformé... ses yeux globuleux et écarquillés, la terreur se lisant sur son visage abîmé, ça me hante. 

Mais, il lui a bousillé la vie. Je ne sentirais plus jamais le corps chaud de Lindsay contre moi, plus jamais. Je ne sècherai plus jamais ses larmes, je ne remettrai plus une mèche blonde de ses cheveux derrière son oreille. Je n'ai plus personne à qui raconter mes misères. 

Et j'ai détruit la seule personne qui comptait vraiment. Je pense que je l'ai tuée avant même qu'elle ne meurt, et c'est la chose la plus triste qui m'était donnée de voir, voir une personne vivante mais morte en même temps, car quand le chagrin laisse place à l'indifférence, les sentiments crèvent en même temps que nous. Son cœur se transforme en une espèce de robot, une machine à pomper le sang. C'est là que le cerveau gagne la fameuse guerre qu'il y'a entre lui et le cœur. Ce dernier reste piétiné et plein de cicatrices, le cerveau sauve tout ce qu'il peut. 

C'est ce qui s'est passé avec Lindsay, et avec moi. Sauf que moi c'est allé en contresens, après sa mort, ça a fait un déclic dans mon cœur et j'ai connu autre chose que le vide, c'était bien pire. 

C'était le chagrin qui éventre, la douleur lancinante qui tord l'estomac, la haine et le mépris. 

Nous arrivons dans la cour du tribunal et nous stationnons, personne ne parle, tout le monde soupire, et tout le monde a le visage rongé par la fatigue et la tristesse, moi y compris. 

Le vent souffle une dernière fois et la brise légère du matin me chatouille le visage. Je respire un bon coup et ferme les yeux avant de m'engouffrer dans le bâtiment en bois, j'essuie quelques larmes au coin de mes yeux. Les témoins entrent en premier, tandis qu'on me passe les menottes pour me foutre dans une salle à côté de celle de l'audience, Franck me sourit une dernière fois et mon père me serre fort. Je le sens trembler et renifler contre mon torse. Je l'aurai aussi serré si je n'étais pas menotté. 

— Faut être fort, mon fils... Cette fois, payer la caution ne servira à rien... 

Il se détache de moi et ébouriffe mes cheveux, je lui offre un sourire triste, avant qu'il ne tourne le dos pour accéder à la salle d'audience. Valentýna me dépose un léger bisou sur la joue, et ma mère me serre, contre mon gré. 

— Je suis désolée...

Elle les suit.  

J'ai envie de disparaître. 

Les yeux rivés sur un point imaginaire, le bruit que font les flics en bougeant me dérange, je me tiens nerveux, la boule au ventre, sur cette chaise inconfortable. 

— Faîtes entrer l'accusé ! cria une voix au fond. 

C'est à cet instant que deux mains costaudes me soulèvent par les bras et me font entrer, les regards son rivés sur moi, la salle est pleine, mais elle est vide en même temps... Car Elle n'est pas là. 

Je m'assois à la place de l'accusé, juste devant l'avocat méticuleusement choisi par ma mère et Franck. Le sinétographe  et le greffier judiciaires rassemblent leurs papiers devant moi, un policier se tient à mes côtés, et le juge me dévisage méchamment.

Lindsay tripote une petite boîte en velours bleu. Je tourne la tête et la contemple, elle est assise par au milieu des tribunes du public. Elle a les jambes croisées et de sa toute petite taille, on dirait un enfant fasciné par l'objet, elle me fait signe de la main, je souris. Elle m'offre son plus beau sourire en retour et soupire en s'installant confortablement dans son siège, l'audience commence, et je n'écoute pas ce qu'ils disent. C'est lorsqu'ils m'interpellent, après la prise de parole de l'avocat, que je tourne brusquement la tête vers le juge, au crâne démuni de cheveux, et à la barbe poivre et sel, il baisse ses lunettes. 

— Avez vous quelque chose à dire pour votre défense ? 

— Non, rien. 

Le public et les jurys sont subjugués et poussent tous un cri de stupeur. 

— Bien, je lève la séance pour les délibérations. 

Un brouhaha se propage dans l'assemblée, j'écarte les jambes et continue de regarder vers Lindsay qui s'amuse à tresser un bracelet, c'est un ange. 

*** 

Mon cœur bat plus vite que jamais, mon pouls accélère lorsque le juge revient, il réajuste les dossiers, prend place et la parole en même temps :

— Après délibération avec la cour, il a été décidé à l'unanimité que l'accusé, en vu de son casier judiciaire comportant plus de 18 arrestations et 6 cautions payées pour sa libération, purgera la peine de la prison ferme à vie, pour avoir sauvagement assassiné son grand frère aîné, Leon Stallone et pour avoir agressé un chauffeur sur la voie publique après l'incident routier qui a coûté la vie à Mlle Lindsay Parker. Il sera incarcéré dans la prison de l'état dès l'heure qui suivra celle-ci. La séance est levée. Emmenez-le. 

Mon estomac se tord et mon cœur explose, alors, c'est ça, j'étais destiné à finir ma vie seul ? Enfermée dans un trou à rat ? Ils me soulèvent violement, et me sortent vite sous les remarques de la salle, Lindsay me suit du regard, elle pleure. Une fois dehors, ils me foutent sauvagement dans leur bagnole, je n'ai pas le droit de dire au revoir à mon père. Tu le lui diras autant de fois que tu veux lorsqu'il viendra te rendre visite, en taule.  Se moque ouvertement ma conscience. 

Je quitte mon ancienne vie, je m'enfuis, je m'efface et je vais disparaître, comme si je n'avais jamais mis les pieds à Los Angeles, dans une taule, comme un fantôme. Avec pour seul bon souvenir de ma vie, cette magnifique blonde aux yeux profonds comme l'océan pour m'accompagner et m'aider à avancer au milieu de la rivière de mes cauchemars.

Il est impossible de mettre fin à sa vie à cause d'un lourd passé, même si ce salaud nous a volé notre raison de vivre. Je n'oublierai jamais Lindsay, elle vit en moi, dans mon cœur. J'en conclus qu'il est impossible de bâtir l'avenir sur un oubli total du passé. Je ne pourrais pas bâtir mon avenir sur un oubli total de mon passé car quoiqu'il arrive, elle sera là, quoique je fasse, elle restera là, à me scruter de ses yeux fantomatiques, elle apparaîtra, avec son teint cadavérique, et son gros sweat rose. 

Ils m'enferment finalement en cellule, le temps de finir la procédure pour m'envoyer en taule. 







𝟓 𝐌𝐈𝐍𝐔𝐓𝐄𝐒 𝐀𝐖𝐀𝐘© [𝚃𝙴𝚁𝙼𝙸𝙽𝙴]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant