J'ai mis plusieurs semaines avant de retourner la voir. Non pas que ça m'ai déplu, au contraire. Comme je le craignais, elle avait été habile, talentueuse même. Et depuis ce jour-là, chaque fois que je voyais Laura, non seulement j'avais de plus en plus envie de l'embrasser, mais je commençais à lorgner sur son corps, sur ses seins, sur son ventre. «Tu peux caresser le haut de mon corps si tu veux ». Je n'avais pas osé. Mais cette phrase me hantait. Elle se superposait à l'image de Laura dès que je pensais à elle. Maintenant, j'avais besoin de la toucher. Maintenant je voulais sentir sa peau sous mes doigts, je voulais entendre son cœur battre sous mon oreille. Je voulais sentir sa sueur ou dessiner des arabesques sur son ventre et la faire frissonner.
Plus les jours passaient et plus j'essayais de résister à cette envie car je craignais qu'elle ne soit que le début d'une addiction irrémédiable. Et je sais bien que tout cela est vain, tu ne seras jamais à moi, Laura.
C'est en tombant sur un album photo que j'ai fini par craquer. Je cherchais des photos à envoyer à ma mère et j'ai retrouvé cet album oublié. Que des photos de Laura, toutes plus adorables les unes que les autres. Je les ai regardées une par une, en sentant mon cœur s'emballer un peu plus à chaque page. Ce n'est pas vraiment que je la trouve belle, mais elle a ce petit charme qui me fait fondre, cette petite flamme dans les yeux. Je me sens tellement bien quand je suis avec elle je voudrais que ça ne s'arrête jamais. J'ai regardé toutes les photos en la caressant du bout des doigts, et je sentais ma poitrine se serrer de plus en plus. J'avais besoin de la voir, de la sentir, et de relâcher toute la pression qui était en train de s'accumuler au creux de mon ventre.
Sans réfléchir, j'ai attrapé la bouteille de parfum. Les clés de la voiture. Une veste. Mon sac. Et j'ai roulé d'une traite vers son petit coin de forêt. Elle était là. Encore une fois. Je me suis garée, le cœur battant. Je ne voulais pas attendre cette fois alors je suis sortie de la voiture et je suis allée vers elle. Elle était assise sur une barrière en train de pianoter sur son téléphone. Elle a levé les yeux en m'entendant approcher. Quand elle m'a reconnue, elle m'a adressé son petit sourire ironique.
- Salut, finalement tu es revenue.
- Oui, tu es libre ?
- On dirait bien. Tu veux le refaire ?
- Oui.Elle m'a détaillée de la tête aux pieds. J'étais partie de chez moi comme une flèche, je n'avais pas vraiment eu le temps de me pomponner et je le regrettais un peu tout à coup. Oh et puis zut, je la paye après tout, je n'ai pas à lui plaire. Mais j'aimerais quand même. Au moins, j'aimerais plaire à Laura.
- Il te va bien ce jean. Ça change de tes tailleurs.
Je ne m'attendais pas à ça.
- Oh euh ... merci ... ça t'embête qu'on aille dans la voiture ?
- T'es pressée maintenant ? Alors que t'as mis un mois avant de revenir ?
- Justement oui.
- Ok laisse moi finir un truc, je te rejoins dans un instant.Je suis retournée l'attendre sagement sur la banquette arrière de la voiture. Ça m'a donné le temps de bien réfléchir à ce que je voulais lui demander. Et de préparer mon billet de 50 €. Oui, j'étais pressée de goûter son corps. Pressée d'embrasser Laura encore une fois. Elle est entrée quelques instants plus tard, s'est assise à côté de moi, et m'a regardée dans les yeux.
Je lui ai tendu le billet sans rien dire.
- T'as de la chance, c'est les soldes en ce moment. Je le fais pour 30€ cette fois.
Je l'ai regardée avec étonnement.
- Écoute, j'ai un peu exagéré sur le tarif la dernière fois. Je pensais pas que tu allais te contenter de m'embrasser, j'ai jamais vu ça. T'as même pas eu les mains baladeuses, même si c'était compris dans le prix. Alors c'est un peu comme un avoir.
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Murmurer ton nom
ContoAnna est une jeune femme active à qui la vie réussit. Mais elle est rongée jour après jour par son irrésistible et incompréhensible attirance pour son amie Laura. Pourtant elle sait que cet amour n'aboutira jamais. Dans une tentative désespérée pou...