Des chatouilles sur mon front me réveillent. Sans ouvrir un œil, je devine que Leeloo en est la cause. Elle me fait comprendre en me poussant avec son museau que c'est l'heure de son repas.
— J'arrive, j'arrive.
Elle interprète mon borborygme comme un oui car elle saute du lit et s'éloigne en miaulant gaiement. Je reste en boule pour grappiller quelques minutes de détente sur ce dimanche sans contrainte et surtout tenter de me remémorer mon rêve. Rah... je suis persuadée qu'il était sympa car je me sens heureuse. Bon, tant pis, comme je ne me souviens de rien, autant aller nourrir le fauve!
Je traverse l'appartement en évitant mes fringues éparpillées au sol [penser à faire une lessive], fouille au fond du frigo désertique [faire des courses devient vital] et trouve un fond de pâtée que je vide dans la gamelle rose. Voilà, ma BA est faite, je vais pouvoir profiter d'un café bien mérité.
Assise devant l'îlot de la cuisine, je plane en écoutant mon caoua couler. Hors de question de réviser, j'ai juste envie de sortir et profiter du temps superbe. C'est le problème avec Montpellier, le soleil brille toute l'année et les étudiants préfèrent souvent profiter de la plage que de s'enfermer à l'intérieur d'amphis bondés. Et aujourd'hui, j'aspire à être ce genre de jeune femme insouciante. Jonathan me l'a assez répété hier : Vis le moment présent! Je reprendrai ma vie austère demain, en attendant, Viva la vida!
J'attrape ma veste et claque la porte derrière moi. Une fois dans la rue, je fais un tour complet sur moi-même avant de me décider à prendre à gauche. Il fait un temps superbe pour la fin Novembre, un vrai été indien. Comme il n'y a pas de voiture, je passe sous l'Arc de Triomphe en laissant courir mes doigts sur la pierre claire du monument. Face à moi, la grille aux pointes dorées des jardins du Peyrou brille à la lumière matinale. Cela fait longtemps que je ne suis pas venue marcher le long de la promenade surplombant la ville. Ce jardin est toujours envahi de jeunes amoureux ou de familles avec poussettes durant la journée et le soir, l'ambiance change, plus borderline et périlleux.
En me rapprochant, je vois des stands et des barnums éparpillés sous les arbres. J'avais oublié que, chaque weekend, l'esplanade accueille une brocante. Je vais pouvoir flâner et chiner un cadeau pour l'anniversaire de Jo. Je passe de table en table, tripote des bibelots, admire de la vaisselle ancienne. Oh j'adore, il y a des vieux bouquins partout. Si seulement j'avais le temps de lire autre chose que des manuels d'anatomie ou des fiches d'hématologie.
Au détour d'une table recouverte de verres à vin dépareillés, je croise une paire d'yeux qui me cloue sur place.
— Bonjour, Rhôxane.
Toujours cette façon si mélodieuse de prononcer mon prénom, lui offrant une autre teinte et laissant imaginer une vie différente. Je reste bouche bée, scrutant les yeux de mon inconnu, qui ne sont pas noirs mais d'un bleu très foncé ourlés de long cils sombres, puis réussis à articuler :
— Bonjour.
Une fois la surprise passée, certaine que ce n'est pas une coïncidence, je ne peux m'empêcher de demander un peu vertement :
— Que faites-vous ici ?
S'il prétend que c'est le hasard, je prends mes jambes à mon cou.
— Je voulais savoir comment vous alliez après la soirée mouvementée d'hier.
— Mais, comment...
Il gratte les poils de barbe de sa mâchoire en me souriant d'un air de gamin pris en flagrant délit.
— Vos amis ont parlé de vous raccompagner rue Foch. Comme le quartier n'est pas si grand et qu'il fait beau aujourd'hui, je me suis dit que j'aurais peut-être la chance de vous croiser en me baladant.
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Roxanne
Romance(Comme je n'ai pas écrit depuis des mois, j'avais envie de retrouver le travail en communauté sur Wattpad comme pour mes premiers romans. Cette histoire est en construction et j'espère réussir à stopper ce satané syndrome de la page blanche grâce à...